vendredi 22 novembre 2024
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Destruction des mausolées de Tombouctou : Al Faq Al Mahdi plaide coupable ce lundi devant la CPI

L’ancien « shérif » islamique de Tombouctou doit plaider coupable pour la destruction des mausolées de la cité des 333 Saints, dans un procès inédit qui s’ouvre ce lundi devant la Cour pénale internationale (CPI). Le présumé djihadiste malien avait prévu lors de sa première comparution à La Haye de demander pardon aux Habitants de Tombouctou et au Peuple malien pour la destruction des mausolées classés au Patrimoine mondial de l’humanité.

Accusé d’avoir « dirigé intentionnellement des attaques » contre neuf des mausolées de Tombouctou et contre la porte de la mosquée Sidi Yahia, entre le 30 juin et le 11 juillet 2012, le Touareg Ahmad Al Faqi Al Mahdi qui se trouve être le premier accusé à répondre de crimes de guerre pour destruction de patrimoine culturel, devrait être la première personne à reconnaître sa culpabilité dans l’Histoire de la Cour Pénale Internationale.

Qui est Ahmad Al Faqi Al Mahdi ?

Né il y a une quarantaine d’années dans la tribu maraboutique des Kel Ansari, à Agoune, à 100 km à l’Ouest de la ville sainte de Tombouctou, cet homme barbu, à l’abondante chevelure bouclée, décrit comme réservé, voire introverti, a été le maître d’œuvre de la démolition de ces monuments classés au Patrimoine mondial de l’humanité.

Il lui est reproché d’avoir participé à toutes les étapes de la destruction: de la planification à l’exécution, en passant par le sermon du vendredi précédant l’attaque.

Des actes pour lesquels Ahmad Al Faqi Al Mahdi doit plaider coupable et, à son propre gré, va «demander pardon aux Habitants de Tombouctou et au Peuple malien», avait annoncé en mai dernier un de ses Avocats devant la CPI.

Diplômé de l’Institut de formation des maîtres (IFM) de Tombouctou, ancien fonctionnaire de l’Education malienne qui a vécu en Libye et en Arabie Saoudite, il a fréquenté très tôt l’école coranique.

Un moment Directeur d’école à Douentza, Ahmad Al Faqi Al Mahdi a été de retour à Tombouctou peu avant l’entrée des djihadistes en avril 2012.

A cette époque, «chargé des affaires religieuses» au sein de la représentation locale de l’Association des jeunes musulmans du Mali (AJMM), il fait figure de «gardien du temple», intransigeant sur les principes et prônant ouvertement l’application de la charia.

Il côtoie alors Sanda Ould Boumama, qui deviendra porte-parole d’Ansar Dine, le groupe djihadiste majoritairement touareg. Père de trois garçons, il est marié à la nièce de Houka Ag Alfousseyni, Juge islamique de la ville, un appui qui favorisera son ascension après l’avènement des djihadistes.

Il se rapproche des nouveaux maîtres de Tombouctou dont il devient l’idéologue et le Chef de la hisbah (la brigade islamique des mœurs) qu’il met en place en avril 2012. Il rejoint alors les rangs d’Ansar Dine.

«M. Al Mahdi a d’abord attiré l’attention des groupes armés en raison de sa réputation d’érudit religieux», a souligné en mars un des Procureurs de la CPI. «Il était populaire dans sa communauté, ce qui lui permettait d’en convaincre les membres de se rallier à leur cause».

A la tête de sa brigade, «il utilisait la carotte et le bâton. Il pouvait brutalement fermer des boutiques pour obliger les gens à se rendre à la mosquée», notamment le vendredi, témoigne un Religieux de Tombouctou sous couvert d’anonymat.

Moralisateur, Ahmad Al Faqi Al Mahdi n’a pas hésité, selon des témoins, à fouetter lui-même des femmes qu’il jugeait «impures». A contrario, il lui est arrivé de réunir des fumeurs pour les convaincre de renoncer à leur addiction, plutôt que de les flageller séance tenante, selon le même Religieux.

Il avait un côté «shérif de la ville», résume un élu local, selon lequel il se prenait parfois pour «le Chef des Imams» de Tombouctou.

En 2012, l’ancien enseignant expliquait à un journaliste de l’AFP qu’il avait brièvement reçu à Tombouctou que son rôle était de «justifier toutes les décisions appliquées au nom de la Charia, au nom du Coran», jugeant, par exemple, «absolument normal de couper la main d’un voleur ».

«Le Prophète Mohamed (PSL) a dit de casser les mausolées parce que tous les gens sont égaux et, donc, dans un cimetière, une tombe ne doit pas être plus élevée qu’une autre», avait-il affirmé, entouré de combattants armés jusqu’aux dents. Devant la CPI, un de ses Avocats, Jean-Louis Gilissen, a décrit : «Un homme intelligent, raisonnable, un intellectuel», qui «cherchait à faire prévaloir sa vision du bien et du mal».

«Il voulait introduire et, si nécessaire, imposer la pureté», a souligné son Conseil. Et d’ajouter : «Et l’Histoire nous a appris combien la recherche de la pureté peut se révéler dangereuse».

Katito WADADA : LE COMBAT

 

COULIBALY

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