Le traitement des douleurs dentaires a toujours été réservé aux dentistes partout dans le monde, car cela relève de leur spécialité. Cependant certains patients utilisent des produits traditionnels méconnus pour soulager leur douleur dentaire. Ils ignorent le fait que ces produits peuvent avoir des effets néfastes sur leur santé, souvent même provoquer le décès. Pour plus de précision nous avons tendu notre micro au Dr Lamine Traoré, dentiste chirurgien.
Selon le Docteur Lamine Traoré dentiste chirurgien, le mal dentaire généralement méconnu dans le milieu traditionnel, très souvent se confond avec le mauvais sort. Beaucoup de tradi-thérapeutes utilisent la fumigation pour traiter les affections bucco-dentaires qui se présentent à eux. Malheureusement confia-t-il, cette fumigation est une source d’aggravation et responsable de complications infectieuses des maladies de la bouche pouvant entrainer la mort du patient. Elle permet, continua Dr Traoré, la diffusion de l’infection de la bouche jusqu’à la poitrine pouvant entrainer un abcès mediastinal. Aussi le retard de prise en charge d’une simple carie peut se transformer en une ostéite mandibulaire qui est une inflammation chronique de l’os mandibulaire.
Parlant des conséquences de l’utilisation de médicaments traditionnels méconnus, le Dr Traoré dira qu’il est très imprudent d’utiliser un produit méconnu dans le traitement des douleurs dentaires. Ces poudres ont généralement une origine inconnue. Leurs conséquences, souligne-t-il, c’est d’abord sur le plan de santé générale. D’autres même mettent une boulette de coton imbibée d’acide dans la cavité cariée entrainant une déminéralisation beaucoup plus rapide de la dent. Ces produits peuvent avoir des conséquences sur certains organes, tels que le cœur, le foie, l’estomac, le poumon. Le type de lésion dépendra du type de produit utilisé. Par exemple explique-t-il, pour des produits acides on peut même avoir des perforations de l’estomac. Comme proposition de solution, le dentiste chirurgien, dira, en somme, la solution aux maladies de la bouche est de maintenir une bonne hygiène bucco-dentaire. Dans le cas des maux dentaires d’aller voir un dentiste qui est mieux outillé pour prendre en charge la maladie, a-t-il souhaité.
En médecine, il y a l’utilisation des plantes pour traiter les maladies, c’est la phytothérapie, a précisé Dr Traoré. Tout n’est pas mauvais mais il faudrait que ça se fasse par un spécialiste. Mais pour les dents, dit-il, la seule solution au problème dentaire c’est le malade lui-même et le dentiste. Et d’informer que, la dentisterie est une spécialité chirurgicale, les médicaments sont les compléments dans beaucoup de nos traitements.
Selon Dr Traoré, prendre les médicaments ou les produits traditionnels sans l’apport d’un chirurgien-dentiste ne fait que retarder la maladie. Le traitement est très souvent mécanique, fait sur le fauteuil dentaire par le dentiste partout dans le monde. Les médicaments ne sont là que pour améliorer la qualité du traitement. Connaissant tous ces aspects affirme-t-il, aucun produit traditionnel ne peut traiter un problème dentaire mais peut le calmer.
Une politique de sensibilisation peut majoritairement ralentir ce fléau
Au Mali il n’y a pas encore de politique de sensibilisation sur les affections bucco-dentaires, déplore le dentiste chirurgien. Et d’ajouter que ces pratiques relèvent tout d’abord de l’ignorance et de la pauvreté. Pour Dr Traoré, difficilement vous verrez ces pratiques chez des personnes d’un certain niveau intellectuel ou chez des personnes d’un certain niveau social.
Ces pratiques sont à bannir mais cela ne peut se faire qu’avec la sensibilisation, a-t-il laissé entendre.
Pour pallier ce problème, le chirurgien dentiste dira que l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) a recommandé au Mali de mettre en place le plan quinquennal de la promotion de la santé bucco-dentaire en Afrique, mais dit-il, malheureusement le plan peine à voir le jour. Selon lui, ce plan est un excellent programme de promotion de santé bucco-dentaire au Mali puisque ça traite les problèmes bucco-dentaires dans sa globalité, impliquant les enseignants, les infirmiers, les sages-femmes qui sont les agents de première ligne. Avant d’ajouter que, cela permettra d’une part de sensibiliser la population, d’autre part de leur faciliter l’accès aux soins dentaires.
Par Maïmouna Sidibé LE SURSAUT