L’Assemblée nationale réaffirme son soutien au chef de l’Etat et engage le gouvernement à honorer les engagements qu’il a pris vis-à-vis des acteurs sociaux dans le but d’assurer l’ordre public et la quiétude.
Appeler souvent session budgétaire, la session ordinaire du mois d’octobre, 2e de l’année, est une tradition qui respecte sa date à l’hémicycle du Mali. Comme d’habitude, les députés élus à l’Assemblée nationale se sont réunis ce lundi 7 octobre 2019 pour l’ouverture de la session ordinaire qui vise à faire l’examen budgétaire 2020.
En cette même occasion, le président de l’Assemblée nationale, l’honorable Issiaka Sidibé, a appelé le gouvernement du Mali à respecter ses engagements sur les réclamations d’infrastructures routières qui ont occasionné de nombreuses contestations ces derniers temps à travers tout le pays.
L’ouverture de cette session ordinaire a enregistré la présence du Premier ministre Dr. Boubou Cissé et de certains membres du gouvernement. Un invité spécial était au rendez-vous à savoir le président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso, l’honorable Alassane Bala Sakandé.
Cette session est principalement axée sur l’examen du budget 2020. La session budgétaire intervient seulement après la clôture de la session extraordinaire débutée le 26 septembre dernier. Une session extraordinaire convoquée par la nécessité d’examiner certaines modifications affectant l’équilibre budgétaire et financier de la loi de finances initiale de 2019.
Le président de l’hémicycle, Issiaka Sidibé a interpellé le gouvernement Boubou Cissé sur ses récents engagements pris liés aux contestations des infrastructures routières dans plusieurs localités du pays. « Les dernières semaines ont été assez mouvementées dans beaucoup de localités maliennes suite à des vagues de contestations populaires relatives à l’amélioration d’infrastructures routières et des conditions de vie de nos concitoyens vivant dans ces zones. Les altercations qui s’en sont suivies, et ayant conduit à un blocus plus ou moins long des villes concernées, sont évocatrices de griefs réels auxquels l’Etat doit vite remédier. En effet, de Kati à Kayes, de Gao à Tombouctou en passant par Ménaka, l’érection de barricades sur les axes routiers pour des pouvoirs publics nous interpelle sérieusement. L’alerte avait pourtant été donnée par l’Assemblée nationale au cours de certaines séances de questions orales sur les travaux de la route reliant Kati à Kayes, ceux relatifs à la route Sévaré-Gao ainsi que la route de Nara. Je salue cependant les efforts fournis par le gouvernement pour calmer lesdites tensions sociales mais je voudrais demander au gouvernement, à tout mettre en oeuvre pour honorer les différents engagements pris dans ce cadre et cela dans les délais prévus, et surtout à être davantage proactif sur ces genres de questions« , a insisté le patron de l’hémicycle.
Cependant, le chef des parlementaires a réaffirmé le soutien de l’Assemblée nationale aux « multiples efforts » du chef de l’Etat dans la construction d’une paix durable et un développement allant dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des populations.
Aux compatriotes contestataires, le président de l’Assemblée nationale leur demande de revoir les formes de revendication. « Je veux parler de ce phénomène de mode contagieuse consistant à bloquer les voies d’accès à des localités en guise de protestation. Quels que soient la légitimité et le bien-fondé des doléances sociales, j’estime qu’il n’est pas bienséant de porter atteinte à l’ordre public et de priver d’autres citoyens de leur liberté constitutionnelle d’aller et de venir. Au-delà du moyen d’expression, voire de pression que ces blocus représentent pour les contestataires, n’oublions jamais que notre liberté s’arrête là où commence celle des autres. Je voudrais souligner, en outre, qu’indépendamment des conséquences de ces actions sur la vie socioéconomique, nous ne devons jamais perdre de vue que le pays vit dans d’insécurité, situation qui doit interpeller chacun et chacune de nous pour faciliter, à tout moment, la mobilité et les interventions de nos forces », soulignera-t-il.
Le Dialogue national inclusif, ultime solution pour le retour de la paix
L’ouverture de cette session intervient aussi et surtout à un moment où notre pays cherche à consolider davantage sa cohésion et ses fondements à travers l’organisation d’un Dialogue national inclusif. Les termes de référence du dialogue ayant déjà été validés, le président de l’Assemblée nationale a invité l’ensemble des compatriotes à participer activement aux autres étapes de cet événement d’importance capitale pour l’avenir du pays.
« Ce dialogue auquel sont conviées toutes les forces vives de la nation, sans exclusion aucune, sera le cadre idéal d’échanges entre Maliens pour faire, en toute responsabilité, un diagnostic sans complaisance de la crise multiforme que vit notre pays afin d’y proposer des pistes de solutions durables. Il sera également la preuve que malgré nos divergences, nous demeurons un peuple bien soudé dans sa diversité, engagé dans la voie du consensus, du vivre ensemble et du progrès« , a ajouté l’honorable Sidibé.
Contrôler le cercle politique !
Dans cette quête d’un lendemain meilleur pour le Mali, le chef de l’hémicycle s’est joint au constat récemment fait par la Cour constitutionnelle au sujet de la tendance de plus en plus marquée à la création de partis et de mouvements politiques au Mali ; ce, dira-t-il, en violation des dispositions constitutionnelles et légales. Il en appelle ainsi solennellement au civisme de l’ensemble des acteurs pour le respect scrupuleux des lois et règlements en république du Mali.
« J’invite toutes les Maliennes et tous les Maliens à se départir de tout acte susceptible d’écorcher notre démocratie et notre cohésion. Au fort moment où nous cherchons à recoudre notre tissu social, vous comprendrez aisément qu’aucun virage dangereux ne saurait être encouragé. Il est clair que toute création de formations politiques doit obligatoirement observer les principes fondateurs de notre République, c’est-à-dire le respect de la souveraineté nationale, de la démocratie, de l’intégrité du territoire, de l’unité nationale et de la laïcité de l’Etat. Aucun regroupement politique ne pourrait donc se constituer sur une base ethnique, religieuse, linguistique, régionaliste, sexiste ou professionnelle en violation de ces limites légales », a clarifié l’honorable Sidibé.
Outre la loi des finances 2020, environ une quarantaine de projets de textes figurent dans le tableau de saisines de l’Assemblée nationale auxquels s’ajouteront certainement d’autres en cours de session.
Amadou Kodio LA LETTRE DU MALI