Le groupe djihadiste Ançardine a affirmé, dans une vidéo adressée à l’Agence de presse mauritanienne Alakhbar, détenir cinq militaires maliens en otage. Sans confirmer, ni infirmer l’authenticité de la teneur de cette vidéo, le Département de la Défense et des Anciens Combattants du Mali précise la mort de 17 militaires, 6 portés-disparus et 37 blessés dans l’attaque de Nampala du 19 juillet dernier. Toutefois, il rassure que des dispositions idoines sont prises.
La guerre de la communication est ouverte entre le groupe djihadiste Ançardine et le Ministère de la Défense et des Anciens Combattants du Mali. Cela, à propos du bilan de la dernière attaque terroriste contre le camp militaire de Nampala. Elle intervient après l’annonce des forces de sécurité du Mali du rapt d’un des lieutenants du groupe Ançardine.
En effet, dans une vidéo envoyée à l’Agence de presse mauritanienne Alakhbar, Ançardine informe avoir en détention cinq militaires maliens en otage. Selon l’organisation terroriste, ces soldats de l’armée malienne ont été capturés le 19 juillet dernier lors de l’attaque perpétrée contre le camp de Nampala.
Par ailleurs, dans la vidéo, le groupe djihadiste déclare avoir tué une vingtaine de soldats, détruit et emporté une quantité importante de matériels militaires à l’issue de l’attaque du camp militaire de Nampala.
De son côté, le Ministère de la Défense et des Anciens Combattants du Mali, à travers son porte-parole, le Colonel Abdoulaye Sidibé, a répliqué par un point de presse tenu hier, jeudi 4 août, dans les locaux dudit département. Il a fait l’état du Rapport d’enquêtes du commandement diligentée sur le terrain par le Chef d’Etat-major Général des Armées. Selon ce Rapport, le bilan de l’attaque contre le camp de Nampala est de 17 morts, 6 portés-disparus et 37 blessés. Cependant, il n’a pas précisé que le groupe Ançardine détient cinq militaires maliens en otage.
Après cette attaque terroriste, l’armée malienne a pris des dispositions adéquates. «Des dispositions ont été prises pour renforcer Nampala aujourd’hui, c’est un GTIA à 100% de ses capacités (plus de 600 hommes) qui est déployé à Nampala avec des équipes de terrassement du Génie pour procéder à des travaux d’aménagement de terrain. Certes, tout n’est pas parfait; mais, sachez que l’armée fait un travail formidable sur le terrain. Elle a eu a repoussé avec succès l’ennemi à Nara, Léré, Ténenkou et dans plusieurs autres localités. La guerre c’est des hauts et des bas; mais, quand la fortune nous fait défaut nous devons garder notre sérénité, c’est ça également la vertu guerrière», a commenté le Colonel Abdoulaye Sidibé.
La stratégie de chantage?
Des observateurs avérés se méfient de cette revendication du groupe Ançardine. Pour eux, elle pourrait s’inscrire dans le cadre des pures stratégies de communication de l’organisation terroriste afin d’exiger la libération de certains présumés terroristes détenus par Bamako.
Le Correspondant permanent de la RFI et de l’AFP à Bamako, Serge Daniel, au micro du studio Tamani livre son avis de spécialiste sur les questions sécuritaires en ces termes: «Il faut attendre de voir. Mais, dans la stratégie de communication d’Ançardine, c’est souvent pour frapper les esprits qu’ils font ces genres d’annonces. Il faut donc attendre, c’est plausible».
Éventuellement, si cette revendication s’avérait vraie, ne serait-elle pas un moyen de pression pour Ançardine de se poser en acteur à prendre en compte dans le processus de paix ?
«Mon avis est le suivant: si ça se confirme, il peut demander des libérations au Mali. On sait que, généralement, si les Islamistes au Nord du Mali détiennent les otages, ils exigent le paiement d’une rançon. Mais, çà, ce sont les otages occidentaux. Je doute que ce soit le cas. Dans le cas présent, s’ils ont réellement les militaires maliens, ce sera probablement pour réclamer la libération d’Islamistes arrêtés par les forces de sécurité du Mali. Si l’information se confirme, cela veut dire qu’ils ne veulent pas tuer les militaires en otage, et qu’ils veulent en faire plutôt une monnaie d’échange. Ils peuvent dire, par exemple, que si vous ne libérez pas tel ou tel Islamiste ou combattant d’Ançardine que vous avez arrêté, nous allons intenter à la vie des militaires arrêtés. Là aussi ça peut être une stratégie», conclura-t-il.
Oumar Diakité LE COMBAT||| lecombat.fr