Un sujet rarement soulevé pour des raisons connues de tous mais la curiosité reste et demeure le «maitre de l’Homme». Ainsi, nous nous sommes approchés, le week-end dernier, auprès de quelques barmans de la capitale, Bamako, afin de faire un état des lieux comparativement aux périodes d’avant et après celle de Ramadan en termes de consommation. Chose stupéfiante ? Le marché ne baisse pas mais ce sont les heures des rendez-vous qui changent.
Si sous le pouvoir du Général Moussa Traoré, tous les bars et autres espaces de loisirs étaient fermés durant le mois béni de Ramadan et toutes les manifestations frisant la dépravation des mœurs étaient formellement interdites sur toute l’étendue du territoire malien, force est d’admettre que les choses ont pris une tournure déplorable depuis l’avènement de l’ère démocratique. Chacun a le libre choix de rompre ou de continuer avec les habitudes relatives aux vertus et principes sacrés de ce mois béni d’Allah (TP) en faveur des mahométans de tous bords. Au Mali, bien qu’on ait un indice de 95% de musulmans ; mais, hélas, de nos jours, c’est pratiquement ce mois est choisi aussi par les prostituées, les vendeurs d’alcool et de drogues ainsi que de nombreux commerçants de la place pour s’enrichir impunément. Mais, ici nous nous sommes intéressés à trois gérants de bars dont nous nommerons G1, G3 et G4. Ils sont issus respectivement des Communes I, III et IV du District de Bamako. Ils nous ont livré leurs témoignages au cours d’une enquête effectuée courant weekend dernier.
Malgré le carême, le marché ne connait pas de baisse
Face à une télé d’écran plat installée contre le mur et gaillardement flanqué derrière son comptoir plein de verres remplis d’alcool de toutes sortes, G2 était en ses habituelles positions de vigile. Un peu avant, autour de quelques tables, ce sont trois jeunes filles dont deux en mini-jupe et il y a des bonnes qui faisaient des va-et-vient avec des assiettes. Mais, à l’entrée principale, un grand portail, reste fermée durant tout le mois. Du moins, selon un voisin qui nous a fait quelques confidences. «Contrairement à ce que beaucoup pensent, le mois de Ramadan ne constitue pas un obstacle à notre chiffre d’affaires. C’est un mois respecté par tous. C’est pourquoi nous avons fermé la grande porte et nous nous abstenions de jouer les radios et autres. Sinon, la consommation se fait normalement ; tous nos clients sont restés fidèles. C’est l’heure du rendez-vous qui change seulement. Ils viennent après la rupture. Nous sommes appelés à nous acquitter de l’impôt à chaque mois ; donc, si nous fermons les lieux on aura deux conséquences: la perte des clients et manque de revenus pour payer l’impôt », a-t-il soutenu avant de rajouter qu’il est régulièrement là derrière son comptoir jusqu’à 4 Heures du matin.
Le double jeu des guerrières du lit
Mêmes réactions données par l’Homme en chemise blanche qui ne constate pas aussi une chute. Mais, seulement, il reconnait, à son niveau, l’absence des professionnelles maliennes du métier le plus vieux du monde. La raison ? G2 témoigne : «Pas de baisse au niveau de la consommation mais c’est le plan d’affaires qui change seulement. C’est ce moment même que plusieurs de mes clients aiment ; car, ils disent que les lieux deviennent calmes et tranquilles. J’ai des clients aussi qui viennent juste consommer et retourner sans prendre de temps après la rupture. Je suis barman ça fait des années. Nous changeons juste de programmes par respect au mois sacré sinon les activités continuent à la normale sauf que beaucoup de mes filles (prostituées) maliennes abandonnent les lieux jusqu’après le Ramadan. Or, ce sont elles qu’aiment la plupart des clients plus que les étrangères. Les chambres de passent deviennent presque inactives mais la consommation bouge toujours », a-t-il témoigné avant de préciser que lesdites guerrières du lit y ont laissé leurs numéros pour tout besoin. «Elles ont toutes leurs numéros ici en cas de demande. Et elles peuvent même aller servir le client chez lui », renchérit-il.
Le client est roi
A la synthèse des dires de ce gérant habillé en liquette bleu-claire à notre arrivée, le client est roi. «Le Ramadan est un moment respecté par tous au Mali. C’est pourquoi nous avions fait un changement de programme. Mais les activités continuent normalement la nuit bien que quelques uns viennent la journée juste pour causer mais ne consomment pratiquement pas jusqu’au soir. Mes clients et moi c’est comme une famille. Certains demandent même à ce que j’aille leur donner leur part chez eux. Et je le fais. Le seul manque à gagner qu’on enregistre c’est au niveau des filles qui se font rares et les Dj (animateurs de la soirée) », a-t-il affirmé avant d’enchainer que la seule nuit de la fête de Ramadan leur rapporte souvent plus que la vente du mois.
La Rédaction