Les médias d’informations générales, la plupart du temps, ne parlent pas de l’agriculture. Ou s’ils couvrent le secteur, c’est pour évoquer des évènements dont l’occurrence est au mieux annuelle, au pire accidentelle. Le sujet, pensent-ils, est très spécifique, pas du tout sexy et surtout ne fait pas « vendre le papier » face à l’actualité politique qui, elle, accapare toute leur attention. Ils ont tort et peuvent s’en mordre les doigts notamment face aux profondes dynamiques qui traversent le monde de l’agriculture, et surtout les défis incompressibles auxquels elle doit faire face. L’un de ces défis, selon le CTA[1], c’est d’assurer une augmentation d’au moins 60 % de la production alimentaire mondiale d’ici 2050 pour couvrir les besoins d’une population qui croît fortement.
Malheureusement, ces nouvelles exigences s’opèrent dans un contexte de changement climatique qui fait peser un grave risque de dégradation irrémédiable sur le stock de ressources naturelles dont dépend l’agriculture. Pour prendre en charge cette nouvelle problématique, la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation etl’agriculture) a inventé l’expression « agriculture intelligente face au climat » en 2010 dont l’acronyme est AIC (https://bit.ly/2NDmoxF). Selon l’organisation onusienne, l’AIC est « une approche qui permet de définir les mesures nécessaires pour transformer et réorienter les systèmes agricoles dans le but de soutenir efficacement le développement de l’agriculture et d’assurer la sécurité alimentaire face au changement climatique».
Pour la FAO, l’AIC est un moyen d’identifier les systèmes de production, les institutions et politiques favorables, les mieux adaptés pour répondre aux défis du changement climatique dans des conditions précises, tout en visant à accroître la productivité et/ou les revenus.
A travers l’AIC, c’est l’avenir de l’agriculture mondiale qui est en question, y compris celui du petit producteur totalement anonyme des confins de Siby, de Bambala ou de Bandiala. S’il n’est allé ni à l’IPR (Institut Polytechnique Rural) de Katibougou ni dans un autre institut spécialisé dédié à l’agriculture, il sait, par expérience, que son activité est fortement menacée par les aléas du climat et, dans le même temps, sa production – donc ses revenus – est en chute libre.
C’est pour prendre en charge ces problématiques nouvelles qui vont déterminer l’avenir de l’agriculture dans sa sphère de compétence que le CTA a organisé un atelier de capitalisation, du 22 au 25 janvier dernier à Wageningen (Pays-Bas), dont le thème était « Catalyser les connaissances pratiques pour mettre en œuvre l’agriculture intelligente face au climat dans les pays ACP ».
Pour le CTA, il s’agissait, ni plus ni moins, de chercher à identifier les meilleures pratiques en vue de façonner les futures interventions et d’accroître leur effet.
Tout un programme dans un contexte de raréfaction des ressources dédiées à l’agriculture et de paupérisation accélérée d’une frange importante des actifs du secteur qui abandonnent les exploitations pour s’entasser dans les villes, accélérant du coup le phénomène de macrocéphalie urbaine.
Si dans les Etats des Caraïbes et du Pacifique, les éléments de la nature se déchainent pour menacer la survie même de l’homme, dans les pays africains, par contre, les écosystèmes subissent une agression sans précédent de l’homme, rendant d’immenses étendues de terres impropres à l’agriculture. Spectacle désolant auquel nos parents agriculteurs assistent, impuissants, qui ruine irrémédiablement leurs liens fonctionnels et affectifs avec la terre, la forêt et l’eau.
Que faire ? Sans cesse en parler ; se mobiliser ; rompre la chaine égoïste de l’indifférence et, à la manière des jeunes européens, manifester de plus en plus bruyamment toutes les semaines, tous les jours de l’année au besoin, pour provoquer l’électrochoc au sein des opinions et des classes dirigeantes Parce que, notre avenir à tous est l’AIC, et en être conscient le plus tôt serait le mieux.
Serge de MERIDIO info sept
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