En général les relations entre policiers et transporteurs n’ont jamais été faciles. Dans notre pays, les mototaxis ne font pas exception à cette règle. Problème de vignette, surcharge par-ci, infraction par-là, notre équipe à fait un tour de la ville de Bamako. Les conducteurs mototaxis dénoncent le harcèlement des policiers et racontent leur calvaire au quotidien. Réactions.
Labass Diarra : « Les policiers ne visent que leurs 500 F CFA »
« Pour moi, les policiers en circulation n’ont d’autre objectif que les 500 francs. Je me demande quel est l’objectif dans ce pays ? On nous dit que la plupart des jeunes n’aiment pas travailler alors que l’Etat même est complice de ceux qui entravent les initiatives privées. Il y a des jours où ça me dégoute de conduire ma moto parce que les policiers nous prennent tous ce que nous gagnons. L’Etat doit trouver une solution et pénaliser si possible les agents qui se comportent mal. Si nous voulons que ce pays avance et qu’il y ait du changement, il faut qu’on laisse les gens travailler. Je pense que les agents sont payés pour mettre de l’ordre et non pas pour aller siffler sur tout ce qui bouge. Il faut que le président ou les ministres donnent des instructions fermes à ces agents afin que les gens puissent travailler correctement. Rien qu’aujourd’hui, on m’a sifflé plus d’une dizaine de fois, pendant que je n’étais ni en surcharge, ni en infraction. Le seul but est de nous arrêter pour prélever illicitement les 500 F CFA ».
Amadou Coulibaly : « Il faut un syndicat pour nous défendre »
« Pour moi en toute honnêteté, je ne vois pas comment trouver une solution à cette situation. Notre pays est fait ainsi : les plus forts font ce qu’ils veulent aux plus faibles. Sinon comment on peut demander à quelqu’un de prendre la vignette assez cher et qu’on lui barre la route dès qu’on entend le bruit de sa moto. Souvent vous pouvez payer 500 F CFA pour arranger à quatre postes pour un seul déplacement. Honnêtement, après tout ça pour quelqu’un qui paye sa recette, qui prend une famille en charge, c’est carrément décourageant. Je pense qu’on peut s’organiser nous les conducteurs et monter un réseau de syndicats pour défendre nos droits. Par exemple donner un ticket aux conducteurs pour toute la journée qui leur permettrait de circuler sans que les policiers les harcèlent et en contrepartie cet argent des tickets pourrait servir à quelque chose d’autre. Je pense qu’il faut faire quelque chose comme ça ».
Souleymane Dramé : « Les policiers sont comme nos pires ennemis »
« Nous avons beaucoup de difficulté, comme vous le constatez vous-même et les policiers représentent une grande part de responsabilité dans nos problèmes. Quand nous prenons la route, ces policiers commencent à vérifier de loin si vous avez quelqu’un sur la moto et même si vous avez un sac de 50 kg vous avez tout un tas de problèmes avec les policiers. Pour eux, c’est la loi de payer les 500 quand vous conduisez un mototaxi. J’ai même vu un policier poursuivre un mototaxi et dégonfler le pneu de sa moto en pleine circulation parce qu’il a refusé de s’arrêter pour payer les 500 F CFA. Vous voyez un peu ces choses-là ? Comment voulez-vous qu’il y ait du respect entre les policiers et les conducteurs ? Ils sont comme nos pires ennemis ».
Amadou Kodio LA LETTRE DU MALI