Nous voilà encore face à un nouveau type d’escroquerie faisant de terribles ravages au Mali, principalement, à Bamako où le nombre de victimes ne se compte plus. Il ne s’agit d’autre qu’un réseau international d’escroquerie connu sous le nom de « Qnet », réseau au sein duquel tous les subterfuges sont employés pour arnaquer des milliers de Maliens. Et ce, sous le silence révoltant des autorités de la République. Parmi ces subterfuges, figure un discours audio du célèbre guide des Ançar, Ousmane Chérif Madani Haïdara, où l’on peut explicitement entendre ce dernier positiver une pratique pourtant ignoble et malhonnête. Les escrocs vont même jusqu’à le présenter comme un des membres de leur mafia.
Une nouvelle escroquerie, impunément installée à Bamako depuis un certain temps, consiste à tromper la vigilance d’honnêtes gens en leur faisant des propositions d’emploi extrêmement alléchantes avec une garantie de stabilité de plusieurs dizaines de décennies.
Mais au préalable, les adhérents seront habilement persuadés de verser un frais de caution sous forme d’inscription allant de la somme de 400 à 600 000 F CFA non-remboursables et à qui on demandera ensuite de trouver coûte que coûte 4 autres personnes acceptant de payer le même montant avant de prétendre à une quelconque rémunération (le plus souvent mensuelle).
Mais tout sera machinalement planifié dès le début du « contrat » (dont les termes ne sont jamais clairs) pour que l’intéressé ne se rende point compte de l’énorme escroquerie dont on fera de lui une nouvelle victime. Et ce, jusqu’à ce qu’il réalise, lui-même, qu’il a été sauvagement arnaqué par des escrocs de grand chemin.
Et, après le versement des frais d’inscription que nombreux adhérents remuent ciel et terre pour réunir, l’intéressé n’aura droit à aucun centime tant qu’il ne parvient pas à attirer dans les filets du réseau Qnet, quatre autres « victimes ». Ce qui, la plupart du temps, est extrêmement difficile à obtenir. Et l’adhérent, devenu victime, n’aura, pour finir, que ses yeux pour pleurer et sa conscience pour regretter la bêtise commise en s’étant aisément laissé appâter par de méprisables délinquants.
Chérif Ousmane Madani Haïdara : passerelle privilégiée pour une escouade de malfaiteurs
Le hic dans cet environnement illicite et vigoureusement condamnable, est que, les agents dudit réseau, pour mieux « légitimer » leur forfait et parvenir à embobiner le plus de monde, utilisent impudiquement un discours audio du grand guide des Ançar, Chérif Ousmane Madani Haïdara où l’on peut clairement entendre celui-ci en train d’apporter des justificatifs aux activités du Qnet et qui, selon lui, n’ont rien d’immoral ou répréhensible.
Ces propos du guide Chérif Haïdara, enregistrés lors d’une séance de prêche, constituent aujourd’hui l’arme privilégiée que les escrocs du Qnet exploitent à souhait pour faire « plier » les plus sceptiques à leur mafia. Et certains bourreaux de ce système d’arnaque n’hésitent même plus à tromper la vigilance des uns et des autres, en clamant haut et fort à qui veut l’entendre que le chef suprême des Ançar n’aurait amassé l’essentiel de sa fortune qu’à travers les activités du réseau Qnet. Sacrilège !
En conséquence, les questions majeures que nous serions en droit de nous poser, seraient bien les suivantes : comment Chérif Ousmane Madani Haïdara, au regard du caractère combien vénérable de son personnage, a-t-il pu en arriver là ? Les escrocs du Qnet, lors de la présentation de leurs activités au cours dudit prêche organisé par le guide des Ançar, lui auraient-ils sciemment caché toute la vérité sur la nature mafieuse et criminelle de leur réseau pour que celui-ci s’y prononce tout en ignorant les tenants et aboutissants ?
Après tant de désolations créées et de larmes versées par toutes ces personnes victimes de l’escroquerie du Qnet et dont l’enregistrement audio du Chérif Haïdara en faveur du réseau, a largement contribué à motiver l’adhésion, pourquoi le Chérif lui-même ne sortirait-il pas une bonne fois de son silence pour éclairer véritablement l’opinion sur sa position vis-à-vis d’une mafia ayant causé autant de mal à d’honnêtes citoyens ?
En d’autres termes, pourquoi l’influent prêcheur du Banconi laisse d’aussi infâmes malfaiteurs tirer autant de profit de sa noble célébrité au préjudice d’autres Maliens quotidiennement dépossédés de leurs maigres ressources ?
Le député Amadou Thiam soupçonné d’être à la base de l’installation de Qnet au Mali
Depuis l’avènement du Qnet au Mali, de nombreuses langues ne cessent de prononcer le nom du député Amadou Thiam de l’ADP/Maliba comme étant le principal instigateur d’un réseau d’escroquerie de grande envergure qui prend de plus en plus racine en se propageant hors de Bamako où il a d’abord déposé ses valises, il y a plus d’un an, avant de migrer notamment vers Fana où ses ravages sont inédits.
L’on accuse ainsi le député d’être entré en contact avec ces vagabonds massivement présents à Abidjan (Côte d’Ivoire) pour ensuite les faire déplacer vers le Mali où leur seule et unique devise consistera (comme partout où ils s’y rendent d’ailleurs) à ne causer que d’exécrables désolations à d’honnêtes personnes en leur promettant des lendemains meilleurs.
Si, de toute évidence, de tels soupçons portés sur Amadou Thiam s’avèrent fondés, nous nous interrogerons donc de savoir pourquoi la justice malienne a-t-elle jusque-là tardé à diligenter des enquêtes appropriées pour rétablir les faits dans leur véracité, situer ses responsabilités dans l’affaire et se pencher finalement sur la question de son immunité parlementaire afin qu’il puisse être mis à la disposition de loi ?
En revanche, si le député Thiam tient franchement à son intégrité morale et sa crédibilité politique, pourquoi ne sortirait-il pas, lui aussi, de son mutisme pour répondre à d’aussi graves accusations dont son seul nom est au cœur ? Devrait-on, en définitive, cerner son indifférence totale face à ce scandale comme la confirmation implicite de son implication dans une organisation criminelle qui n’a visiblement pas encore fini de décimer des familles entières ? En tout cas, lui seul saurait y apporter la bonne réponse.
Le silence d’un gouvernement complice
Depuis l’installation de Qnet au Mali jusqu’aux innombrables victimes créées aujourd’hui au sein des pauvres populations, nous n’avons été témoins d’aucune réaction du gouvernement malien. Celui-ci est, en d’autres termes, resté mystérieusement silencieux face à la gravité d’une situation actuellement devenue un véritable phénomène social. Comment ce réseau de malfaiteurs a-t-il pu s’approprier un document légal l’autorisant à exercer dans un Etat dit de droit ?
Par contre, ces mafiosi du Qnet auraient-ils réussi à profiter du flou juridique régnant au Mali pour mettre en place leur machine infernale au détriment de pauvres Maliens dont beaucoup y ont été irréparablement ruinés ? Ou, en réalité, le gouvernement aurait-il passé un deal avec ces bandits de grand chemin qu’il semblerait protéger dans l’ombre malgré le cri désespéré des victimes ?
Présentement, au Mali, les activités du réseau Qnet ont commis tellement d’abus de confiance et escroquerie, que les victimes qui, n’ayant désormais que leurs yeux pour pleurer, n’ont plus aucun rempart que le gouvernement de la République du Mali.
Des débrouillards ou autres petits épargnants y ont été effroyablement ruinés ; des relations sociales se sont effilochées et des membres d’une même famille se sont violemment entredéchirés, car, ceux qui se sont faits enregistrer et qui, ayant échoué à trouver d’autres personnes dont ils étaient censés attirer dans l’engrenage du réseau selon les termes initiaux du « contrat », ont été terriblement obligés d’endoctriner leurs propres amis, collègues, voisins et même leurs propres frères ou sœurs au profit des arnaqueurs du Qnet.
Et ce, afin qu’ils puissent être mensuellement récompensés pour « exploits réussis » ou « services rendus » au réseau. Et lorsque ces nouvelles victimes ont, elles aussi, fini par découvrir la vérité dans toute sa laideur, elles se sont ainsi rebellées contre leurs proches. Ce qui engendra de vives déchirures relationnelles, notamment, au sein des familles, d’où, toute l’essence satanique, illicite et immorale du réseau Qnet.
Par conséquent, au vu de tout ce qui précède, la balle est désormais dans le camp des trois principaux concernés : Ousmane Chérif Madani Haïdara, chef spirituel des Ançar, le député Amadou Thiam de l’ADP/Maliba et le gouvernement Idrissa Abdoulaye Maïga qui sont plus que jamais contraints d’œuvrer à mieux clarifier leur position face à un nouveau type de criminalité auquel leurs différents noms sont désormais mêlés.
Affaire à suivre !
Dilika Touré LA SIRENE