Plongée au Mali dans une polémique au sujet de 11 militaires maliens tués à Abeibara, appelée au Sénégal lors du dernier forum de Dakar à revoir sa copie, l’opération française Barkhane va, dans les mois à venir, suivre une directive autre que celle qu’elle a toujours suivi de 2014. Elle va se limiter à des missions de contrôle de zone pour tenter de rassurer les populations. L’information émane du commandement de Barkhane, basé à N’Djamena, au Tchad, où le Général Bruno Guibert, le numéro un de l’opération, a estimé que la force française au Sahel effectue «un mandat charnière».
C’est dire que les organisations de la société civile malienne qui n’ont cessé de crier haro sur les agissements de Barkhane au Mali, sont sur le point d’obtenir gain de cause. Le déclic aura été la tribune de la 4e édition du forum de Dakar où les dirigeants africains ont unanimement souhaité assurer eux-mêmes leur propre sécurité. A peine les rideaux sont tombés sur ce rendez-vous sur la paix et la sécurité du continent africain que les lignes ont commencé par bouger du côté de Paris.
Là-bas, des arbitrages pour réorganiser la force sont attendus, le tout calé sur la présidentielle de 2018 dans notre pays où «Barkhane» possède sa base principale. Ici, tous les indicateurs sécuritaires, politiques, économiques, sont au rouge ; ce qui sert de matière à réflexion pour le département de Florence Parly.
La plus importante opération extérieure française va rester déployée encore longtemps, les Responsables français de la Défense en conviennent. «Mais il ne s’agit pas non plus de rester trente ans au Mali», dit-on dans l’entourage de la Ministre, Florence Parly. Aujourd’hui, «Barkhane» compte 4500 Hommes avec les forces spéciales, 500 blindés, des moyens aéromobiles et de renseignements importants, et une logistique à flux tendus sur un territoire de la taille de l’Europe.
«Nous allons passer à une mission de contrôle de zone dans la durée», précise le Général Guibert. Jusqu’alors « Barkhane » remplissait sa mission de contre-terrorisme à grand renfort de renseignements techniques et d’opérations coups de poing lancées contre les groupes armés depuis plusieurs postes disséminés dans le Nord du Sahel, en Mauritanie, au Mali, au Niger et au Tchad. Ce modèle, outre qu’il nécessite beaucoup de moyens, s’essouffle. Car, « l’ennemi est beaucoup plus dilué, il a adapté ses actions, et nous avons du mal à identifier des katiba, réduites à une dizaine de combattants», souligne le Commandant de la force.
En outre, l’insécurité s’est enkystée au centre du Mali. Une belle manière de se voiler la face quand on finit par abdiquer sous des pressions aussi bien populaires que diplomatiques.
Katito WADADA : LE COMBAT