Après la mise en place du Bureau de Mamoutou Touré dit Bavieux, le lundi dernier, en présence de la commission électorale, Salaha Baby a lui aussi été élu par son camp hier à l’ACI 2000 comme Président de la FEMAFOOT. Ce qui porte à deux le nombre de Présidents de la seule fédération de football du Mali. Le début d’une autre crise.
Le dimanche dernier, 8 octobre, était un jour très attendu dans le monde sportif malien. Il devait consacrer l’élection d’un nouveau Président en lieu et place du Général Boubacar Baba Diarra. En face, deux candidats : Mamoutou Touré dit Bavieux et Salaha Baby. Mais, dès les premières heures de la journée, les dissensions qui ont opposées les deux camps, depuis quelques années, ont vite refait surface. En présence des émissaires de la FIFA et de la CAF, les Délégués des deux camps se sont livrés à une querelle d’épiciers. Les propos ont volé très bas. Les secrets les plus intimes ont été dévoilés. Les injures les plus grossières ont été dites par des pères de familles qui aspirent diriger le football malien. Même les émissaires n’ont pas été épargnés par ces insanités. C’est dans ce désordre le plus total que s’est tenue la cérémonie d’ouverture, si on peut l’appeler ainsi. Tous les discours, de celui de Boubacar Baba Diarra à ceux des émissaires des instances sous-régionales et internationales du football, ont été hués notamment par le camp de Salaha Baby. Au moment d’observer la pause pour ensuite procéder à la vérification des mandats, le camp de Salaha a refusé de sortir de la salle. Il a fallu de longs moments de conciliabules pour qu’ils daignent, enfin, se retirer. Cantonnés à l’extérieur de la salle au Gouvernorat du District, les bribes d’informations qui parvenaient à la presse faisaient état de blocage dans la vérification des mandats. Jusqu’à 21 heures de ce dimanche au moment de suspendre les travaux, ils étaient encore au stade de la vérification des mandats de la seule Région de Kayes. Cette suspension est intervenue quelques minutes après l’arrivée du Procureur de la Commune IV, Dramane Diarra. Déjà, dans la journée, les policiers avaient dû, à coups de gaz lacrymogènes, chasser des supporters venus pour envahir la cour du Gouvernorat. A sa sortie, le Président sortant, Boubacar Baba Diarra, mettait toute cette tension sous le coup de la passion qui anime les acteurs du football. «Un monde déraisonné », semblerait-il dire.
Le boycott
Le lendemain, comme convenu, les travaux devaient reprendre. Mais, cette fois-ci, à l’Hôtel Olympe et non au Gouvernorat. Surprise, au moment de se retrouver pour procéder à la mise en place du Bureau, le camp de Salaha Baby était absent. Selon un Délégué favorable à Salaha, «la lettre de convocation indiquait la date du 8 octobre et non le 8 octobre et jours suivants. Dès lors, nous ne sommes pas obligés d’assister à ces travaux ». Des images postées sur les réseaux sociaux par un sympathisant de Salaha le montraient en compagnie d’Européens qui seraient des Allemands en audience chez le Ministre de l’Emploi, Maouloud Ben Kattra, au moment où se déroulaient les travaux à l’Hôtel Olympe. Mais cette absence n’a pas empêché la Commission électorale, présidée par Dioncounda Samabaly, de procéder à la mise en place du nouveau Bureau. Au moment de proclamer les résultats, il dira que les 39 Délégués présents sur les 57 ont tous voté en faveur de Mamoutou Touré dit Bavieux ; ce qui fait de lui le Président de la Fédération Malienne de Football. Dans son nouveau costume de Président de la FEMAFOOT, Mamoutou Touré dit Bavieux a tenu un discours rassembleur. Il a invité le camp de Salaha Baby à l’union sacrée pour le bonheur du football malien. Mais, nul n’était dupe. Comme l’on s’y attendait, seulement 24 heures, après l’élection de Bavieux, le camp de Salaha s’est réuni à son tour pour l’élire comme Président de la Fédération Malienne de Football. Selon ses partisans, il y a 34 Délégués qui ont voté pour lui. S’il y a en tout 57 Délégués et que déjà 39, selon Dioncounda Samabaly, ont voté pour Mamoutou Touré dit Bavieux, sachant qu’un Délégué n’a qu’une seule voix, il faut dire que nous ne sommes pas à une confusion près dans cette histoire.
Le nombrilisme a eu raison des promesses de respect du résultat des élections. Encore, c’est parti pour une longue et très longue crise.
Mohamed Dagnoko : LE COMBAT