Le 25 mai 1963, l’empereur éthiopien Hailé Sélassié s’adresse aux représentants des pays africains, venus à Addis-Abeba, pour s’entendre sur les modalités de la création d’une organisation commune, qui deviendra l’Organisation de l’unité africaine.
Point n’est utile de revenir longuement sur les évènements de ces 150 dernières années. La période coloniale culmina par la mise en chaîne et l’asservissement de notre continent. Nos peuples, autrefois fiers et libres, furent réduits en en esclavage et humiliés. L’Afrique a été tailladée et on lui a imposé des frontières artificielles et arbitraires. Nombre d’entre nous, au cours de ces années d’amertume, ont été vaincus dans des batailles, et ceux qui ont échappé à la conquête l’ont fait au prix d’une résistance désespérée et sanglante. D’autres ont été vendus au prix imposé par les colonialistes pour leur « protection » et celle des territoires dont ils jouissaient. L’Afrique était une ressource qui devait être exploitée et les Africains des biens physiques à acheter, ou au mieux des populations à réduire à l’état de vassaux et de laquais. L’Afrique était le marché pour les produits d’autres nations et la source des matières premières qui nourrit leurs usines.
Aujourd’hui, l’Afrique est sortie de cette sombre période. L’Armageddon fait partie du passé. L’Afrique vient de renaître comme un continent libre, et les Africains comme des hommes libres. Le sang qui a été versé et les souffrances éprouvées sont les meilleurs gages de notre liberté et de notre unité. Quel que soit le lieu de notre rencontre, c’est avec respect que nous nous souviendrons de tous ces Africains qui refusèrent d’accepter le jugement passé contre eux par les colonialistes et les impérialistes, de tous ceux qui eurent espoir, sans faiblir, dans les moments les plus sombres, en une Afrique libérée de toute servitude politique, économique et spirituelle.
Beaucoup d’entre eux n’ont jamais mis les pieds sur ce continent. D’autres, au contraire, y sont nés et y sont morts. Ce que nous pouvons dire aujourd’hui n’ajoutera pas beaucoup à l’héroïque combat de ceux qui, par leur exemple, nous ont montré combien la liberté et la dignité humaine sont précieuses, et combien la vie a peu de valeur sans ces notions. Leurs faits et actions sont inscrits dans l’histoire.
La victoire de l’Afrique, bien qu’évidente, n’est pas encore complète, et des zones de résistance perdurent. Aujourd’hui, notre plus grande tâche est la libération finale de ces Africains encore dominés par l’exploitation et sous le contrôle de puissances étrangères. Avec cet objectif et ce triomphe sans condition à notre portée, ne faillissons pas, ne traînons pas, ne nous reposons pas. Nous devons faire cet ultime effort. Ne soyons pas las de nos combats quand tant de choses ont déjà été accomplies que l’excitation du travail accompli nous amène près de la satiété. Notre liberté n’a pas de sens tant que tous les Africains ne sont pas libérés. Nos frères dans les Rhodésies, au Mozambique, en Angola, en Afrique du Sud, implorent dans l’angoisse notre soutien et notre aide. Nous devons faire pression en leur nom pour qu’ils puissent accéder à une indépendance pacifique. Nous devons nous rallier leurs rangs et nous identifier avec toutes les formes de leur combat. Ce serait une trahison si nous nous contentions de faire semblant de les soutenir et que nous ne traduisions pas nos paroles par des actes.
À ceux-là, nous disons, vos appels ne seront pas vains. Les ressources de l’Afrique et de toutes les nations qui sont éprises de liberté se mobilisent pour vous. Soyez courageux, votre délivrance est proche. (…)
Choisi par Modibo Diallo INFO SEPT
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