Publié en mars dernier, le nouveau rapport du Secrétaire général de l’ONU sur le Mali décrit les principaux faits nouveaux survenus au Mali depuis le précédent rapport (S/2019/983) en date du 30 décembre 2019. Il met en évidence les progrès réalisés dans l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali et les efforts déployés par le gouvernement pour remédier à la situation dans le centre du pays. Il fait également le point sur la coopération entre les éléments des forces de sécurité présentes au Mali et la mise en œuvre du plan d’adaptation de la Mission.
Au Mali, 247 civils ont été tués et 119 blessés ainsi que 72 personnes ont été enlevées durant les 3 derniers mois, a déploré le nouveau rapport du secrétaire général de l’ONU sur ce pays qui traverse une crise sécuritaire depuis 2012. Dans ce document, M. Antonio Guterres a mis l’accent sur la situation sécuritaire, humanitaire, politique et juridique qui prévaut au Mali. «Au cours de la période examinée, 266 incidents ont été signalés, au cours desquels 247 civils ont été tués, 119 blessés et 72 enlevés», a indiqué le rapport.
«Plus de 60 % des attaques meurtrières contre les civils ont eu lieu dans la région de Mopti. Au total, 218 personnes ont été tuées dans le centre du Mali entre le 1er janvier et le 4 mars», a précisé M. Guterres dans son rapport. Ce nombre représente une augmentation par rapport à la précédente période de référence au cours de laquelle 200 civils ont été tués dans 269 incidents.
Cette hausse n’est pas surprenant d’autant plus que l’ONU a rappelé que la période prise en compte dans ce rapport a été marquée par une augmentation des activités des groupes terroristes dans le nord et le centre du Mali ainsi que par des affrontements entre ces groupes. Elle a aussi été marquée par la consolidation de l’influence de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) dans le nord du Mali et la persistance de la violence entre les communautés du centre et au nord du pays
«Les attaques terroristes sont restées la principale menace dans le nord et le centre du Mali. Des attaques ont été enregistrées dans les régions de Gao, Kidal et Tombouctou dans le nord, ainsi que dans les régions de Mopti et Ségou dans le centre», a souligné le rapport.
Ces faits politiques remarquables qui redonnent espoir
La plupart de ces attaques ont été attribuées au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans ou à l’État islamique du Grand Sahara ou revendiquées par l’un ou l’autre des deux groupes. La MINUSMA, les forces de défense et de sécurité nationales et les forces internationales n’ont pas été épargnées par ces attaques.
Comme faits politiques importants, le Secrétaire général de l’ONU a mis l’accent sur le Dialogue national inclusif (DNI qui a pris fin à Bamako le 22 décembre 2019 par l’adoption de quatre résolutions et d’une série de recommandations. Il a aussi salué la programmation des élections législatives dont le premier tour a eu lieu le 29 mars et le second tour attendu pour le 19 avril 2020. Le rapport a également mis l’accent sur les récentes visites du Premier ministre, Dr Boubou Cissé, au nord du pays, notamment à Kidal. La reprise des réunions du Comité de suivi de l’Accord (CSA) a été aussi saluée comme un fait politique important.
«Depuis mon rapport précédent, le nombre de personnes déplacées au Mali a augmenté, atteignant un total de 218 000, contre 199 385 en novembre 2019. Les femmes représentaient 54 % de la population de personnes déplacées au pays», précisé Antonio Guterres à propos de la situation humanitaire. Plus de 30 % de ces personnes ont été déplacées plus d’une fois depuis qu’elles ont fui leur domicile… Dans le nouveau plan d’intervention humanitaire pour la période 2020-2022, les Nations unies ont estimé que les besoins de financement humanitaire se situent à 390 millions dollars.
Par rapport au mandat de la MINUSMA, le rapport a indiqué que «la Mission a réalisé des progrès considérables pour mieux se positionner et s’équiper afin de mettre en œuvre son mandat élargi d’une manière plus centrée sur les populations, plus intégrée et plus dynamique…». La MINUSMA a ainsi encore affiné son plan d’adaptation qui prévoit la «reconfiguration de la composante militaire» pour créer un groupement tactique mobile permettant à la Mission de «mieux projeter sa force dans tout le pays».
«La réussite de la mise en œuvre du plan d’adaptation dépend du soutien des partenaires», a défendu Antonio Guterres en souhaitant que les pays membres fournissent les «capacités requises» et qu’ils assortissent «le mandat de la Mission de ressources adéquates», conformément aux engagements qu’ils ont pris dans le cadre de l’action en faveur du maintien de la paix.
Pour le Secrétaire général de l’ONU, «cette étape est des plus importantes pour permettre à la MINUSMA d’accroître sa présence civile et en uniforme dans le centre et de mieux aider les autorités maliennes dans leurs efforts visant à stabiliser la zone et à mieux protéger les civils».
Moussa Bolly