Voisins depuis le jour du procès, le 30 novembre, le ton est monté d’un cran entre les deux «copains», les Généraux Ibrahima Dahirou Dembélé et Amadou Haya Sanogo au dernier jour du procès. Il nous revient que cette friction est née autour de l’Avocat de Ibrahima Dahirou Dembélé qui n’est autre que Me Boubacar Karamoko Coulibaly non moins cadre du parti Union Pour la République et la Démocratie (URD).
A l’ouverture du procès d’Amadou Haya Sanogo et ses co-accusés à Sikasso, le 30 novembre dernier, la sérénité n’était pas au beau fixe entre les «amis» de l’ex CNRDRE. L’ex numéro deux du groupe, Amadou Konaré, est apparu le regard fermé, silencieux et très distant. Beaucoup ont amputé cette attitude à la méfiance qui régnait déjà entre lui et Haya Sanogo bien avant leurs arrestations. En de pareilles circonstances de méfiance, seuls ceux qui sont proches se rapprochent. Et Amadou Haya s’est installé comme «un ancien» Chef d’Etat entre l’ex Ministre de la Défense, le Général Yamoussa Camara et l’ex Chef d’état major des armées, Ibrahima Dahirou Dembélé. Et, pendant tous les quatre jours d’audiences qui ont précédés le renvoi, il régnait une atmosphère joviale entre ces trois hommes, le plus bavard et démonstratif étant bien naturellement Amadou Haya Sanogo. Mais, ce spectacle qu’il offrait dans une salle de spectacles cachait un malaise entre Amadou Haya Sanogo et Ibrahima Dahirou Dembélé. Un malaise qui finira par les rattraper au dernier jour et devant un public médusé.
En effet, ce mercredi 7 décembre, la Cour devait délibérer sur les exceptions soulevées par la Cour. On retenait son souffle et on attendait une Cour en retard pour fixer les uns et les autres sur la tenue ou non du procès. C’est au cours de cette attente, qu’une scène va attirer l’attention de toute la salle vers le banc des accusés. L’on voyait un Ibrahima Dahirou Demblé, très énervé et pointant un doigt menaçant vers Amadou Haya Sanogo, sans que ce dernier ne pipe mot. Yamoussa Camara et d’autres Avocats tentaient tant bien que mal de le ramener au calme. Ils y parviendront ; mais, non sans difficultés. Cette altercation entre ces deux hommes qui paraissaient pourtant très proches est née du choix porté par Ibrahima Dahirou Dembélé sur Me Boubacar Karamoko Coulibaly pour défendre ses intérêts lui qui est accusé de «complicité». Ce choix n’a visiblement pas rassuré Amadou Haya Sanogo qui voyait en Boubacar Karamoko Coulibaly son statut de cadre de l’URD plus que celui de l’Avocat. Pour qui connait les misères qu’Haya a fait subir à Soumaïla Cissé du temps de sa toute puissance, il ne pouvait qu’avoir des appréhensions sur le «franc jeu» d’un des cadres de l’URD et qui plus doit les sortir d’affaires. Pour Amadou Haya, il n’y avait pas de doute, Me Karamoko était en mission pour les «couler». Dans un premier temps, il aurait été mis en l’aise par Dahirou sur l’intégrité de son Conseil. Mais rien n’y fit. Haya n’avait pas confiance et c’était comme ça. Mais cette mise au point avait eu le mérite de retarder le « clash ».
Les quelques rares interventions de Me Boubacar Karamoko Coulibaly, contrairement aux Avocats de Haya Sanogo, indiquaient qu’il était pour la poursuite du procès. C’est pourquoi, le lundi 5 décembre, au moment de soulever les exceptions, il n’avait pas parlé ; car, selon lui, il n’avait rien à dire. Ce qui est compréhensible. D’ailleurs, il n’était pas le seul Avocat de la Défense à n’avoir pas soulevé d’exceptions. Mais c’est son cas qui a retenu l’attention de Sanogo. C’est pourquoi, dès qu’il entre dans la salle, ce mercredi 7 décembre, il se dirige vers Me Boubacar Karamoko Coulibaly pour lui faire des remontrances sur son silence au moment de soulever les exceptions. Ce dernier ayant visiblement eu marre qu’il soit toujours soupçonné a réagit avec véhémence. Cette attitude de Haya n’a pas agacé que Me Boubacar Karamoko Coulibaly ; car, à sa suite, Dahirou, toutes griffes dehors, a bondi au secours de son Avocat. N’étant pas naïf à ce point, voyant la situation tournée en sa défaveur avec un Dahirou menaçant, Haya a eu le bon reflexe de se tenir carreaux. Même se faisant tout petit, Dahirou a continué à lui asséner ses quatre vérités. Les voisins, jadis taquins, sont restés muets s’évitant jusqu’à l’arrivée de la Cour. C’est dans cette atmosphère tendue que la Cour a renvoyé le procès à la première cession des assises de 2017.
En plus d’Amadou Konaré qui lui faisait la tête, Amadou Haya Sanogo en seulement une semaine vient de s’attirer la colère d’Ibrahima Dahirou Dembélé. Sacré Haya !
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