Les commerçants-détaillants et grossistes se donnent la main pour faire front contre l’augmentation des frais de dédouanement, des impôts, de la vente des bâtiments administratifs à des particuliers et à la détention illégale d’agréments de transit par des Douaniers. Si l’État ne fait pas face à leurs préoccupations, ils projettent de faire grève dès le mois prochain.
«Depuis plus d’un mois, de nombreux commerçants ont leurs marchandises bloquées dans des containers parce que l’État malien a décidé, de façon unilatérale, d’augmenter les frais de dédouanement de certains produits », dit tout énervé ce Responsable d’association de commerçants. Ils étaient quelques trois cents personnes à se réunir à la place du Souvenir, au Grand Marché de Bamako, pour porter leur message à l’attention des plus hautes autorités.
Le premier point à l’ordre du jour était la protestation contre les frais de dédouanement qui ont pris l’ascenseur ces derniers mois sans consultation préalable. S’ils n’ont reçu aucune explication justifiant cette décision de procéder à l’augmentation des frais de dédouanement et des impôts, ils estiment que c’est pour permettre à l’État de boucler « l’objectif de 680 milliards de FCFA que doivent mobiliser les services des Douanes cette année ».
Outre l’augmentation des frais de dédouanement et d’impôt, les commerçants s’insurgent contre ce qu’ils appellent le «bradage» des bâtiments administratifs à des particuliers. S’il est vrai que l’Etat a le plein droit de céder « ses » bâtiments à qui il veut, les commerçants trouvent scandaleux qu’il se retire de la gestion de ces bâtiments pour les céder à des particuliers qui les louent plus chers. Compte tenu du contexte financier actuel, le Gouvernement doit comme il le fait pour de nombreux secteurs protéger les commerçants en conservant la gestion de ses bâtiments avec des coûts de locations abordables.
Un autre fait et non des moindres qui hérisse les commerçants, ce sont les difficultés liées à l’obtention du visa chinois. Ces difficultés imposées par la Chine pour délivrer son visa n’ont, selon eux, qu’un seul objectif, celui de permettre à ses Ressortissants de détenir le monopole de la distribution des produits en provenance de ce pays. Ce qui est pour les commerçants maliens, inacceptable. Ils appellent le Gouvernement à vite agir en s’inspirant de l’exemple sénégalais où les Chinois, bien que propriétaires, sont obligés de collaborer avec des Nationaux.
Pour protester contre la mesure prise par le Gouvernement en ce qui concerne les frais de dédouanement, les commerçants refusent de sortir leurs marchandises des ports. Si cela peut leur causer des pertes, de l’autre côté les Douaniers aussi se tournent le pouce et s’inquiètent quant à l’atteinte des objectifs fixés. Mais, selon les commerçants, ce mouvement est saboté par des Douaniers qui seraient détenteurs d’agréments de transit. «Aujourd’hui, on dénombre 80 Douaniers qui détiennent illégalement des agréments de transit. Ces sociétés de transit, gérées par prête-nom, n’ont pas les mêmes conditions de dédouanement que celles des particuliers ».
Si le collectif promet de rendre publics les noms des Douaniers détenteurs d’agréments dans les jours à venir, en attendant, ils projettent une grève dans le mois d’avril.
Mohamed Sangoulé DAGNOKO : LE COMBAT