jeudi 31 octobre 2024
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SNESUP : LA MERE DES BATAILLES

Les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs, pourront trouver certains, non satisfaits des résultats obtenus par le SNESUP (Syndicat National de l’Enseignement Supérieur). Il revendiquait un indice plafond de 3000 points pour ses « adhérents ». Il n’en a obtenu que 1460, même pas la moitié. Cependant, à y regarder de près, le gain n’est pas aussi modeste que cela. Le syndicat présentait des doléances en huit points. Il a obtenu une satisfaction, totale ou partielle, sur toute la ligne. Mais, il lui reste à engager une bataille : celle qui, remportée, doterait le Mali d’un enseignement supérieur digne de ce nom, un enseignement performant qui, conformément à l’un des objectifs de la Réforme de 1962, délivrerait des diplômes pouvant soutenir l’équivalence avec les diplômes étrangers.
Avec l’aboutissement des négociations qui viennent d’avoir lieu, le SNESUP donne la preuve du bien fondé de sa séparation d’avec le SNEC (Syndicat National de l’Education et de la Culture). Le SNEC est une composante de l’UNTM. Or, de 1960 à ce jour, l’UNTM est restée un syndicat vassalisé par le pouvoir politique. Dans les années 1980, il a pratiqué, ouvertement, la politique dite de « la participation responsable. » Elle n’a pas hésité à déclencher, pour la forme, une grève afin de, selon ses dires « conserver ses militants ». C’était l’époque où l’appel au multipartisme se faisait de plus en plus pressant. Pour mettre fin à la grève, elle a mis en avant la nécessité d’une aide de l’Etat afin de se doter d’une Centrale d’achat pour les travailleurs. Soucieux de la contenir, l’Etat a accédé à sa requête : 300 000 000 de francs furent mis à sa disposition. La somme a été débloquée, la Centrale se fait encore attendre.
Donc, les enseignants du supérieur ont compris qu’ils avaient des préoccupations que l’UNTM ne pouvait prendre en charge. Ils décidèrent de s’en séparer pour plus de liberté de manœuvre et ont créé le SNESUP. De sa création en 1991 à ce jour, il n’a cessé de se battre pour l’amélioration des conditions de vie de ses « adhérents ». Sur ce front, il présente un bilan plutôt positif.
Cependant, il lui faut aller plus loin en se battant pour l’amélioration des conditions d’étude. Nul n’ignore les circonstances plus que calamiteuses dans lesquelles fut créée l’Université du Mali (devenue, par la suite Université de Bamako avant d’éclater, tel un mammouth cadavérisé, pour donner naissance à quatre universités) en 1992. Les différents diagnostics posés pour trouver une solution à la crise que connaît l’enseignement supérieur au Mali ont toujours abouti aux mêmes conclusions : manque d’infrastructures, manque d’équipements, manque de documents, manque de matériels pédagogiques et didactiques, manque de professeurs… Mais, quand on manque de tout cela, il ne reste plus que l’alternative entre deux solutions : tout fermer ou tout mettre par terre et repartir sur de nouvelles bases. La deuxième solution est celle qui vaut, l’on ne saurait comprendre la première.
Il revient donc au SNESUP de s’engager sur ce second front pour obliger l’Etat à prendre ses responsabilités ; s’engager pour que la réflexion soit menée afin de : préciser la configuration de l’Université adaptée à nos réalités, déterminer les besoins, financer les projets et réussir la formation des formateurs. Une telle réflexion a déjà été menée, avec le concours des cadres nationaux, des experts de l’UNESCO et l’assistance de la Banque Mondiale. C’était en 1983-1984. Elle avait abouti à l’exigence, pour notre pays, d’une forme inédite d’université, une structure nationale décentralisée et professionnalisée. Revenir à cette étude pourrait être salutaire. Le SNESUP pourrait y contribuer.
LA REDACTION LE SURSAUT

Djibril Coulibaly

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