samedi 23 novembre 2024
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Situation politique après le 5 juin : vers une provocation des lilliputiens

« Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute ». Il y a quelque soixante-dix ans que le président Ibrahim Boubacar Keïta a appris cette belle morale de La Fontaine. Mais les courtisans politiques sont certainement plus flatteurs que n’importe qui.

Dans une grande sagesse, le gouvernement de la République a diffusé dès le lendemain du gigantesque rassemblement du 5 juin un communiqué qui va dans le sens de la préservation du climat social et de l’apaisement. C’est tout à son honneur. La communication gouvernementale mentionne, en effet, que « Globalement, tout s’est déroulé sans incident, même si une quarantaine de manifestants souffrant de malaise ont été secourus par les unités d’intervention de la Protection civile ». Certes, il y a eu des actes dans l’excès, de la part de certains manifestants surexcités, que le porte-parole du gouvernement a déplorés tout en saluant le professionnalisme des éléments des forces de l’ordre dont une quinzaine ont été blessés, mais le pouvoir a néanmoins reconnu la réalité de l’exercice du droit constitutionnel de manifestation pacifique, même si celle-ci ne doit pas donner lieu à des actes de vandalisme ni de violences. Dans cette belle veine, le gouvernement a renouvelé son offre de dialogue au collectif d’associations et de partis politiques qui s’est exprimé à travers le rassemblement du 5 juin 2020.
Malheureusement, plutôt que d’aller dans le sens de cette communication propice à instaurer l’accalmie afin d’amorcer le dialogue pour une rapide sortie de crise, un groupe, dont la consistance ne transparaît guère, se disant pro-IBK et défenseur du régime, tient un discours incendiaire. Ces lilliputiens se font appeler « NOUS LE PEUPLE » comme si l’autre partie ne constituait que la faune ou la flore. Dans leur communiqué (sans signature aucune et sans date, contrairement aux communications du camp d’en face) diffusé sur les réseaux sociaux, ils prétendent être « plusieurs associations, groupements de femmes, mouvements de jeunesse, partis alliés, les partis politiques membres de l’Ensemble Pour le Mali (EPM) et tous les autres soutiens du président de la République… » Une formulation inattentive dans l’énumération des composantes, ça se voit. Leur objectif déclaré, le respect, la défense et la sauvegarde des institutions de la République. Ils affirment qu’ils feront marcher le vendredi prochain trois millions de Maliens pour réaliser leur objectif. Un chiffre qui fait sourire.
En effet, au cours de leur réunion à la maison des jeunes, nulle figure de proue de l’échiquier politique national et de la société civile connue n’était présente. On a noté juste la présence de Chouala, Hamane Touré dit Serpent et Bouba Fané, lesquels sont identifiés par seulement leurs messages creux. En plus, ce sont les mêmes individus qui avaient ameuté l’opinion publique nationale en proférant bravades et injures sur les réseaux sociaux durant la semaine qui a précédé le vendredi 5 juin, jusqu’au jeudi, en menaçant de mener une contre-manifestation dont le clou d’orgue serait la prière sur l’échangeur de la cité administrative. Ce n’est pas tout. Ils avaient multiplié les mensonges annonçant des centaines de véhicules qui achemineraient dans la capitale des djihadistes et des mercenaires pour renverser les institutions. Rien n’y fut. Ils devraient avoir honte. Mais il reste à savoir si IBK se laissera prendre dans leurs pièges opportunistes et si les pouvoirs publics les laisseront troubler l’ordre public.
Ahmad Ould Bilé

Djibril Coulibaly

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