L’Ambassadeur Seyni Nafo, conseiller spécial du Président de la République, président du Groupe des négociateurs africains sur les changements climatiques, a animé une conférence de presse sur les enjeux et priorités de la COP22 qui se déroulera du 7 au 18 novembre 2016 à Marrakech, au Maroc et dont le Mali prendra part. C’était le mardi 1ier novembre 2016 dans la salle de conférences du Secrétariat Général de la Présidence de la République du Mali à Koulouba. Durant près de deux heures d’horloge, M. Nafo a, à travers un exposé et des séries de questions-réponses, expliqué au parterre de journalistes les défis liés aux changements, des comportements à adopter et les enjeux et priorités de la COP22.
Faut-il le souligner, il n’est plus un secret que les conséquences des changements climatiques sont une menace pour l’avenir du monde. Elles condamnent les pays pauvres et moins avancés, comme le Mali, à se développer autrement. Ainsi, selon M. Seyni Nafo, président du groupe des négociateurs africains sur les changements climatiques, après la COP21 tenue à Paris, l’enjeu principal de la COP22 se trouve dans la gestion de l’entrée en vigueur de l’accord issu de la rencontre de Paris. «Nous avons obtenu un accord historique à Paris qui doit rentrer en vigueur dans quelques jours, soit le 4 novembre 2016 (ndlr aujourd’hui) que la plupart des pays africains n’ont pas encore ratifié. Donc, selon lui, l’un des grands enjeux est celui de commencer à développer les règles de procédure de cet accord en ayant un processus qui soit inclusif. Il ajoutera qu’il y a trois autres priorités pour l’Afrique qui découlent de la première. Il s’agit, entre autres de l’amplification de l’action à savoir, les initiatives et les actions au niveau national. Selon lui, les chefs d’Etat ont lancé deux grandes initiatives à Paris sur les énergies renouvelables et sur l’adaptation qui doivent être nécessairement mises en œuvre. La deuxième priorité, pour le président du groupe des négociateurs Africains, c’est le financement pour l’adaptation climat qui se chiffre actuellement à 9 milliards de dollars par an. Pour lui, l’enjeu à ce niveau est la demande des pays africains à ce que ce le financement soit relevé à hauteur de 32 milliards. Toujours, selon M. Nafo, la troisième priorité est le cadre de transparence pour le suivi de la mobilisation de ces engagements et que sa mise en œuvre soit transparente avec des résultats concrets.
Parlant du Mali, M. Seyni Nafo a noté que sa première priorité est le maintien d’un groupe africain qui soit unifié et qui parle d’une seule voix. «Le Mali aura l’honneur et le privilège de conduire les négociations pour l’Afrique qui est un continent avec 54 pays et des intérêts diversifiés». Pour lui, la deuxième priorité est le financement pour l’adaptation. «Au lieu de défendre une thématique comme le sahel, le Lac Tchad, la Grande Muraille verte, le Bassin du Congo ou le Zambèze, nous allons nous battre pour avoir un volume important qui peut prendre en compte l’ensemble des préoccupations des pays africains», a-t-il noté. M. Nafo n’a pas manqué d’indiquer que la troisième priorité pour le Mali est le cadre de transparence. « Il faut se rassurer que le financement annoncé soit mobilisé et mis en œuvre. Pour ce faire, dit-il, «nous allons impliquer le ministre malien des finances».
En réponse à une question relative à l’ensablement du fleuve Niger, le conseiller spécial du président de la République dira que le Mali a eu l’honneur, à travers la personne de Mariam Kaïdama Cissé, d’être l’Ambassadrice de l’Agence du Bassin du Niger pour parler au nom d’une dizaine de pays lors de la COP21 où un plan climat a été présenté à hauteur de 3,2 milliards de dollars. Concernant ce projet, le conférencier a noté que le Mali sera le premier bénéficiaire d’un montant de 50 millions de dollars qui devrait être obtenu au dernier conseil d’administration de la Banque Mondiale du mois de décembre prochain. Aussi, il y a quelques semaines le conseil des ministres a validé un programme de sauvegarde du Fleuve Niger avec une phase prioritaire 2016-2018 pour son curage.
Il a par ailleurs souligné qu’au niveau technique, l’Afrique joue un rôle moteur, dans la mesure où les différents négociateurs parlent souvent aux noms des pays en développement. Il indiquera en outre que jusqu’à récemment, on avait une certaine difficulté à amener les chefs d’Etats africains sur cette thématique de changement climatique. Il a enfin salué la prise de conscience des dirigeants africains.
Il importe de retenir que le coût total de mise en œuvre du Plan d’actions prioritaires 2016-2017 de la COP21 est estimé à 1, 815 milliards de FCFA, dont 1,040 milliards pour la contrepartie malienne. Pour rappel, la COP21, tenue à Paris a été couronnée de succès. Pour la première fois, toutes les parties à la convention, sont tombées d’accord sur les mesures à prendre pour maintenir le réchauffement de la planète en dessous de 2°C.
La COP22 en quelques chiffres
Sur les 25000 à 30000 participants attendus, seulement 13 000 seront accrédités par le Secrétariat Général de la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) ce qui leur donnera accès à la zone dite bleue, géré par l’ONU. Par ailleurs, sont attendus 1500 journalistes, 8000 délégués de la société civile et des députés du monde entier. La COP 22 se déroulera sur un terrain de 25 hectares situé à Bab-Ighli à Marrakech. Les participants seront répartis en 4 zones : zone bleue directement gérée par le Secrétariat Général de la CCNUCC, la zone société civile, la zone innovations et la zone de rencontres et de travail.
Marrakech, ville organisatrice de la Cop22, aura sa centrale solaire. En effet, le géant japonais Sumitomo a annoncé le 27 janvier 2016 à Rabat sa volonté d’y construire une centrale photovoltaïque de 1MW. La COP22 Marrakech 2016 sera donc un événement majeur pour le monde mais également une formidable vitrine pour un Maroc durable au cœur des technologies les plus innovantes.
En définitive, le sommet de Marrakech sera décisif pour les pays africains comme le Mali, qui doivent être bien armés pour affronter le défi des mesures d’adaptation.
Dieudonné Tembely
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