Lors du dernier briefing du Ministre porte-parole du Gouvernement, Amadou Koïta, il disait que notre pays est, depuis un certain temps, en train de réaliser des performances impressionnantes dans le secteur de l’élevage. Pour preuve, insista le Ministre, le Mali occupe le premier rang dans l’espace UEMOA et 2e dans la zone CEDEAO, après le Nigeria. C’est quand même dommage quand on sait que les populations sont de plus en plus confrontées à la cherté du prix de la viande sur nos marchés.
À l’annonce des informations de ce genre, relatives au « top progrès » de notre pays dans son secteur d’élevage, peu de personnes s’en félicitent. Ce, dans la mesure où, sur le marché national, le prix de la viande et des produits laitiers prend de plus en plus l’envol.
Concernant la viande, à titre d’exemple, c’est une denrée qui n’est pas à la portée de toutes les familles en raison de son prix qui grimpe d’un marché à un autre, d’une zone à une autre et du jour au lendemain. Le prix du kilo s’évalue actuellement dans la fourchette de 2. 200 et 2.300. Manger à suffisance de la viande au quotidien est réservé à la Bourgeoisie malienne. La population, dans toutes ses composantes, aurait cru au Ministre si le prix au kilo de la viande se situait entre 1000 et 1500FCFA. Donc, selon un citadin de Bamako, «Ce Ministre-griot, Amadou Koïta, n’est qu’un marchand d’illusions et plaisantin puisqu’il a naturellement le verbe facile ».
Mais qu’à cela ne tienne, selon notre Ministre Koïta, son Gouvernement , en examinant un projet de décret relatif à un avenant sur le projet de réalisation du seuil de «Kourouba», sur le Sankarani, à l’instar du seuil de Djenné sur le fleuve « Bani », avait entrepris une démarche aboutissant à la construction des infrastructures de maitrise d’eau avec comme objectif de renforcer l’économie nationale via l’Agriculture. Le Ministre porte-parole aura ainsi rappelé l’ambition du Gouvernement du Mali qui accorde 15% du Budget national au secteur de l’Agriculture, l’Élevage et la Pêche. Avec la réalisation des projets de maitrise d’eau, le Gouvernement table sur l’aménagement de 24.000 ha. Aux termes de ces travaux, il est prévu une amélioration considérable des rendements à ha. «À titre d’exemple, sur le lieu de 40 sacs de récolte à ha, l’apport des travaux augmente à 60 sacs voire plus», martèle le Ministre. Plus de 600.000 ha sont en passe d’être aménagés en herbe « bourgoutière » pour la très bonne alimentation des animaux en saison sèche.
Pays d’élevage par excellence, les révélations du Ministre sont surprenantes et paradoxales. Car, selon les statistiques, notre pays dispose de 10 millions de têtes de bœufs et 15 millions de têtes de moutons … Ce qui aurait fait dire le Ministre Koïta que notre pays est le premier en élevage sur l’espace UEMOA, et 2esur l’espace CEDEAO. Face à cette performance, la question qui se pose est de connaitre l’état d’esprit des populations qui peinent à se servir ou à profiter de ses produits de l’élevage comme la viande de bœufs et de moutons en raison de la cherté sur le marché. «Donc, comment se peut-il qu’on nous parle sans vergogne de performance du secteur alors qu’il n’y a aucun impact positif direct ou même indirect sur le marché ? Et le contenu du panier de la ménagère Malienne ne fait que diminuer. Ni le consommateur ni le producteur local, ne bénéfice de cette performance dont parle le ministre», s’offusqua cet autre citoyen.
Mohamed BELLEM : LE COMBAT