L’horizon semble désormais s’éclaircir sur le nom du prochain Premier ministre, après le sommet Afrique France. D’une liste pléthorique de premiers ministrables, il n’en resterait plus que deux selon des sources bien informées pour succéder au Premier ministre Modibo Keita. Les deux noms qui reviennent sans cesse dans les coulisses sont Mohamed Ag Erlaf et Soumeylou Boubèye Maiga. Le premier est le ministre en charge de la décentralisation et le second vient juste d’être nommé au stratégique poste de secrétaire général à la Présidence de la République avec rang de ministre. Pourquoi ces deux hommes ? Analysons les forces et les faiblesses de chacun.
Le prochain gouvernement d’IBK serait le dernier avant les élections présidentielles de 2018 et en même temps celui du combat pour sa réélection. C’est pourquoi le Premier ministre qu’il choisirait devrait être un homme du sérail politique qui a une grande capacité de rassemblement. Mais aussi et surtout, il devrait avoir un long carnet d’adresses bien fourni pour convaincre l’opinion internationale qui ne semble plus croire en la capacité d’IBK à sortir le Mali du chaos indescriptible dans lequel il est plongé depuis 2012. Le prochain Premier ministre devrait également être un homme de dialogue et de consensus capable de parler aux irrédentistes et autres rebelles touareg afin qu’ils intègrent la République. Il doit enfin être celui qui relancerait l’économie afin d’amorcer le développement et trouver des solutions aux multiples problèmes socio-sécuritaires. Qui de Mohamed Ag Erlaf ou de Soumeylou Boubèye Maiga ferait mieux que l’actuel Premier ministre ?
Mohamed Ag Erlaf : Il est touareg de Kidal, le bastion des djihado-indépendantistes, connaissant bien les acteurs sur le terrain. M. Ag Erlaf bien qu’appartenant à une communauté minoritaire idnane, ne devrait pas avoir de difficulté à parler à ses frères en armes auxquels il est lié par le sol et le sang. Il pourrait être comme le Premier ministre nigérien, Brigi Rafini qui est également un touareg bon teint et qui a pu faire taire les armes au Niger. Mohamed Ag Erlaf pour avoir été un vieux militant politique, ne devrait pas avoir de problèmes particuliers à dialoguer avec toutes les forces sociopolitiques afin d’obtenir un large consensus autour des grandes questions de la Nation. Enfin, sa grande expérience administrative, pour avoir travaillé avec tous les gouvernements depuis l’avènement de la démocratie au Mali en 1992, plaide pour lui. Il passe aussi pour être l’un des touareg les plus mieux intégrés au sud.
Faiblesses : Mohamed Ag Erlaf apparait aux yeux de la plupart des citoyens comme un ancien rebelle qui a blanchi son cerveau dans l’Administration et en qui on ne saurait totalement avoir confiance. Les détracteurs de M. Erlaf lui reprochent d’avoir un esprit non seulement sectaire, mais aussi regarderait ses autres concitoyens avec une certaine condescendance propre aux touareg.
Soumeylou Boubèye Maiga : Son choix comme premier ministre serait certainement une récompense et un respect de la promesse faite à ce dernier avant les élections présidentielles de 2013. Mais, il n’y a pas que cela. M. Maiga pour avoir été le Directeur de la Sécurité d’Etat pendant longtemps sous AOK semble être un homme du sérail dont on craint sa parfaite connaissance des dossiers sensibles de la République. Ne dit-on pas qu’il vaut mieux avoir Soumeylou Boubèye avec soi plutôt que de l’avoir contre soi ? Par son parcours politico-administratif, de militant du mouvement démocratique, membre fondateur de l’ADEMA-PASJ, Président de parti politique, ASMA-CFP, ancien ministre de la Défense et des Affaires Etrangères, il semble avoir une expérience administrative qui lui permettrait d’être un bon Premier ministre. A ce parcours politico-administratif, il faudrait ajouter son expertise sur les questions sécuritaires et de géopolitique sous régionale. On dit de lui qu’il est l’homme de l’Algérie. Ce rapprochement avec le grand voisin permettrait certainement à M. Maiga d’avoir les coudées franches pour résoudre la sempiternelle crise au nord du Mali étant donné que nous partageons plus de 1 376 km avec l’Algérie qui a une forte influence sur la Mauritanie, base arrière des « jihado-terroristes ».
Faiblesses : M. Maiga, pour avoir été l’un des grands acteurs du régime du Président ATT, semble ne pas jouir d’une grande sympathie auprès de la majorité de ses concitoyens. Il a également comme un boulet rouge entre ses mains la controversée crise consécutive aux affrontements entre les FAMA et la CMA à Kidal qui se sont soldés par d’énormes pertes en vies humaines mais aussi de la « perte » de la ville de Kidal. Une autre faiblesse non négligeable serait sans nul doute le fait d’être le président d’un parti avec seulement 5 députés. Vu sous cet angle, il pourrait s’attirer l’ire du parti Majoritaire, le RPM, s’il s’évertuerait à prendre certaines décisions impopulaires de redressement à l’antipode des intérêts du parti majoritaire. Il pourrait alors connaitre le même sort que l’ancien Premier ministre Moussa Mara.
En définitive, IBK aura du pain sur la planche car ni Mohamed Ag Erlaf, ni Soumeylou Boubèye Maiga, ne semblent faire l’unanimité autour de leur capacité à sortir le Mali de la longue crise socio-sécuritaire dans laquelle il est plongé depuis 2012.
Youssouf Sissoko
youssouf@journalinfosept.com lecombat.fr
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