La lutte contre le terrorisme et le phénomène d’insécurité sévissant dans les Régions du Centre que mènent les Forces Armées Maliennes (FAMA) est accompagnée de nombreuses violations des droits humains. C’est selon le nouveau Rapport conjoint de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) et de l’Association Malienne des Droits de l’Homme (AMDH).
Le document accuse l’armée malienne d’assez de cas de tortures, d’exécutions sommaires, d’enlèvements et de cas de disparitions perpétrés par les militaires maliens contre les populations civiles, précisément, de la Communauté peulhs dans les Régions de Mopti et Ségou. C’est dans le cadre des opérations anti-terroristes menées entre 2016 et 2017. Selon les données, les forces de l’ordre maliennes ont procédé à plusieurs dizaines cas d’arrestations, d’enlèvements, d’exécutions extrajudiciaires et de graves crimes de guerre et contre l’humanité. Plus de 300 personnes ont été arrêtées durant l’année 2016 pour des raisons liées au conflit, et la FIDH et l’AMDH estiment que plusieurs dizaines d’entre elles sont détenues illégalement, sans mandat d’arrêt ou après l’expiration du délai légal du mandat de dépôt. Les deux organisations de défense des Droits de l’Homme se sont documentées auprès de plusieurs personnes ayant été arrêtées dans la Région de Ségou. Et ces personnes rescapées ont affirmé avoir été détenues durant plusieurs mois sans aucun motif apparent et sans avoir été informées des charges qui pesaient contre elles. Certains d’entre eux auraient subi des tortures aux mains de l’armée malienne, ayant même entraîné de décès.
D’après le document, ces violations des droits humains sont perpétrées contre des populations locales, des communautés perçues comme étant affiliées au Front de libération pour le Macina.
De tels actes qui apparaissent ainsi contraires aux objectifs affichés par les opérations anti-terroristes, notamment ce qui est d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. La FIDH et l’AMDH se disent inquiètes du désengagement de l’État malien au Centre et au Nord du pays, et, en particulier, dans les Régions de Mopti et de Ségou. Elles exhortent, donc, les autorités à prendre toutes leurs responsabilités pour faire respecter les droits humains dans le cadre de leurs opérations anti-terroristes puis enquêter et poursuivre les auteurs de telles violations graves.
Ce Rapport apparaît à un moment où la situation sécuritaire devient de plus en plus grandissante dans le pays et ne cesse de provoquer des impacts négatifs à tous les niveaux à savoir la privation des populations aux services de base. Au minimum, 500 écoles sont fermées dans les zones touchées par l’insécurité. Un nombre grandissant de centres de soins n’est plus fonctionnel et les mesures visant à limiter les facteurs d’expansion du terrorisme telles que l’interdiction de se déplacer en mobylettes affectent certaines populations civiles qui ont des difficultés à accéder aux services publics de base.
Les Nations-Unies indiquent également que cette situation sécuritaire a eu pour effet d’augmenter le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire. En mars 2dernier, ce sont plus de 3,8 millions de personnes qui ont été enregistrées comme se trouvant dans une grave situation d’insécurité alimentaire.
Adama A. Haïdara : LE COMBAT