vendredi 22 novembre 2024
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Question sécuritaire au Mali : Le centre du pays serait en proie d’une montée inquiétante des violences armées

L’International Crisis Group l’a démontré dans son Rapport  Afrique publié le 6 juillet dernier. Il révèle que le centre du Mali est totalement délaissé par le gouvernement au profit du nord du pays. Une manque d’attention selon les auteurs du document qui peut déboucher à une montée  considérable des actes de violence et de criminalité armées.

 

Au Mali, la gestion des ressources naturelles  suscite de multiples conflits que l’administration et les élites traditionnelles ne parviennent pas à contrôler dans le centre du pays. Depuis plusieurs mois, une insurrection invoquant le jihad  fait preuve d’une défiance qui frappe les pouvoirs publics pour étendre son influence. Avec l’absence  de l’Etat dans certaines zones rurales du centre, les violences ont tendance à prendre d’autres formes de plus en plus inquiétantes.  Notamment, les règlements de compte, le banditisme ainsi que les milices d’autodéfense qui se développent de jour en jour. En l’absence d’une réponse adaptée par l’Etat malien et ses partenaires, « cette zone plus peuplée que le Nord et vitale pour l’économie du pays pourrait devenir un foyer durable d’instabilité », mentionne l’International Crisis Group (ICG) dans son Rapport annuel sur les questions sécuritaires en Afrique.

La crise malienne de 2012 a marqué un tournant dangereux pour la Région du centre dont une partie avait été occupée par des groupes armés. La fuite des agents de l’Etat a un peu plus affaibli la puissance publique et a laissé de vastes territoires à l’abandon. Face à l’insécurité, une partie de la population a cherché auprès des groupes armés, y compris ceux radicaux, une forme de protection ou de justice. Ainsi, les groupes qui se sont sentis être marginalisés, dont une partie des éleveurs nomades, ont fait recourt  aux armes modernes qui, pour eux, constituent le dernier moyen sûr pour protester face à l’incapacité coupable du pouvoir central de Bamako de garantir leur sécurité. Ce qui peut expliquer en partie  ces quelques propos du Rapport sur le central malien : « Alors que toute l’attention est concentrée sur le Nord du Mali, le centre du pays, délaissé par l’Etat, est en proie à une montée inquiétante des violences armées ».

Cependant, pour éviter une détérioration de la situation sécuritaire dans les Régions centrales du Mali et permettre aux autorités publiques de rétablir une présence et une légitimité sur ces territoires, l’International Crisis Group a suggéré quelques recommandations au gouvernement du Mali, aux élites locales, à l’Union Européen ainsi qu’à la MINUSMA.

En effet, pour le gouvernement malien, il s’agirait, entre autres, de développer une stratégie visant à assurer le retour effectif de l’Etat et à restaurer sa légitimité auprès de l’ensemble des populations.  Pour cela, il recommande à l’Etat de nommer un Haut Représentant pour les Régions du centre, pour incarner l’engagement de l’Etat, travailler en consultation avec les populations et les associations et assurer la coordination des projets de développement avec les bailleurs de fonds qui se mobiliseront. Il lui conseille également d’éviter le recours aux groupes d’autodéfense à base communautaire et renforcer les moyens donnés aux Forces de sécurité (FDS), tout en punissant sévèrement et publiquement les brutalités des FDS à l’égard des civils.

Pour les élites locales qui représentent les différentes populations du centre, le rapport leur propose, il y a lieu  d’éviter de soutenir les mouvements armés ou les groupes d’autodéfense qui  ne peuvent que constituer une réponse de court terme à l’insécurité et qui, à longue échéance, pourraient aggraver durablement les violences intercommunautaires au centre du pays voire au plan national.

Le Rapport propose aussi à l’Union européen de faire de Mopti une Région pilote pour les politiques de coopération en matière de sécurité locale et plus particulièrement de police territoriale. Une stratégie dont les enseignements pourraient servir demain pour d’autres Régions sahéliennes et notamment pour le Nord du Mali.

Quant à  la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Mali, la MINUSMA, il serait question pour elle  d’étendre le bénéfice du programme de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR) aux Régions du centre sans déroger aux dispositions de l’accord de paix. Cela,  en veillant à relier le DDR aux efforts de réforme de la police territoriale et en évitant de nourrir la constitution de groupes d’autodéfense échappant à une stricte régulation par les autorités publiques.

Il faut rappeler que l’international Crisis Group (ICG) est une ONG multinationale dont la mission est de prévenir et résoudre les conflits meurtriers. Cela, grâce à une analyse de la situation sur le terrain et des recommandations indépendantes.

Adama A. Haïdara LE COMBAT\ lecombat.fr

Djibril Coulibaly

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