lundi 14 octobre 2024
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Poursuites contre un ex-président malien : les preuves de la culpabilité d’ATT

Il a plongé le pays dans le plus obscur des abîmes. Un dirigeant dont « l’apatridie » n’a d’égale que l’incommensurable félonie qui le caractérisait. Auteur d’innombrables violations aussi graves qu’inqualifiables de la Constitution malienne, l’ex-président Amadou Toumani Touré, pourtant vu par plus d’un comme le légendaire « Sauveur en mars 1991 », est celui dont l’œuvre sournoise et maléfique contraint toute la nation malienne à vivre les pires cauchemars de son existence. Une trahison sans nom qui, en aucune manière, n’amènera le peuple malien à lui faire l’aumône de la moindre grâce.

Si, en effet, l’essentiel de la politique du général Amadou Toumani Touré n’était, en vérité, qu’un macabre prolongement du régime corrompu d’Alpha Omar Konaré, force est, en dernière analyse, de constater que le putschiste du 26 mars 1991 (à la suite d’une insurrection populaire) avait fini par mettre en place un système de gouvernance des plus suicidaires depuis l’accession du pays à l’indépendance et qui le plongea dans un gouffre épouvantable dont il peine, jusque-là, à en sortir.
Nombreux parmi ceux qui ignoraient, fort malheureusement, ses intentions lugubres et folkloriques, avaient naïvement pensé qu’ATT venait à la tête du pays pour corriger les failles de la démocratie naissante afin de mieux la renforcer et rendre plus propice un développement pour tous.
Brutal fut cependant leur réveil, lorsqu’ils réalisèrent tout le contraire. L’architecture politique et institutionnelle implémentée par Amadou Toumani Touré avait quasiment verrouillé toutes les portes donnant accès à un type de développement qui prenne réellement en compte non seulement le bonheur d’un peuple, mais aussi la respectabilité de tout un Etat.

La banalisation à outrance de l’instrument de souveraineté
L’armée, un instrument clé de la souveraineté d’Etat, a été mise en lambeaux, par celui-là même qui, étant un homme du métier, était pourtant supposé y apporter la technicité nécessaire à une meilleure opérationnalité militaire. Plongeant ainsi notre armée dans un état de déliquescence sans précédent, faisant d’elle, une institution sans avenir au préjudice de la défense du peuple. Où sont donc passés les 1000 milliards (en raison de 100 milliards par an comme budget annuel) destinés à l’armée durant tout le règne décennal du général Touré ?
Où sont également passées ces nombreuses aides de coopération militaire octroyées en faveur du renforcement des capacités de l’armée aussi bien que le système national de défense, tant en matériel qu’en expertise, quand on sait que celles-ci se chiffraient à coûts de centaines de millions par an ?
A quoi a réellement servi la nomination d’une flopée d’officiers, notamment, au grade de général tout en sachant mieux que quiconque que les vrais besoins de l’armée se trouvaient ailleurs et que la plupart desdites promotions n’obéissaient quasiment à aucune critériologie militaire, mais plutôt de vulgaires récompenses sélectives, essentiellement pour avoir soutenu le chef suprême des armées (ATT) dans ses manœuvres de décapitation de l’institution militaire ?
Et même les nombreuses vagues de nominations d’officiers supérieurs de l’armée (plus d’une centaine de colonels et des dizaines de généraux) à d’éminents postes politiques et administratifs, principalement ambassadeurs, commandants de cercle ou gouverneurs de région, n’étaient point fortuites. Le président Amadou Toumani Touré avait effectivement tout planifié en faveur d’une véritable désagrégation du système de défense nationale en passant par une profonde destruction de notre instrument de souveraineté, l’armée.
La corruption s’était vivement emparée de toutes les sphères de l’administration militaire. C’est pourquoi, l’on a tardé à mieux comprendre le fait que l’accès aux institutions tels que le ministère de la Défense et celui de la Sécurité intérieure, avait, maintes fois, été refusé au Vérificateur général d’alors, Sidi Sosso Diarra, et à qui, les autorités en charge desdits ministères ne cessaient d’évoquer de prétendues raisons de « secrets défense » jusqu’au constat de toutes les pratiques insanes de gestion de la chose publique dont était à l’origine, la hiérarchie civilo-militaire.
Au sein de cette administration, nous avons connu les pires formes de népotisme et des détournements de biens à répétions dont certains chefs militaires avaient presque déjà battu le record, sans toutefois omettre des cas de harcèlement sexuel à récurrence, exercés par certains de ces mêmes chefs sur d’innocentes femmes en armes, sans défense.
Les procédures de recrutement au sein de l’armée et autres corps d’armes, étaient finalement devenues si opaques qu’elles ne constituaient plus qu’un « deal » au profit des cadres militaires. Les organes de sécurité et défense sous ATT avaient ainsi connu une si grande détérioration éthique et institutionnelle que même la pratique du « proxénétisme » opérée en faveur d’officiers sans vergogne avait permis à des sous-officiers d’obtenir des grades en guise de récompense.

Complot contre l’Etat et l’armée
Toutes les propagandes d’Etat, organisées autour de l’armée malienne la faisant passer pour exemplaire en termes de discipline et opérationnalité (les festivités commémoratives du 22 septembre 2006 à Sikasso, notamment), ne consistaient pour ATT qu’à enfoncer la tête du pays dans le sable jusqu’à ce que le putsch improvisé de l’ex-capitaine Sanogo (22 mars 2012) fît déballer au peuple tout entier, l’immonde fanfaronnade, le mensonge rustique et grotesque d’un ploutocrate laxiste et traître ainsi que les plus laides réalités d’une armée exsangue et désuète.
Par ailleurs, la dotation des soldats maliens en équipements adéquats, avec pour support, une formation propre à les rendre plus aptes à combattre valablement et assurer dignement la défense de l’Etat, n’a franchement jamais intéressé ATT. Le but principal de son règne était plutôt de pérenniser l’œuvre « mortifère » d’Alpha Oumar Konaré conduisant, en dernière instance, à un anéantissement total des acquis d’une démocratie arrachée dans le sang faisant ainsi du Mali, le sanctuaire de toutes les anarchies et, en même temps, une proie facile à toutes les humiliations.
A titre d’exemple, ATT et Soumeylou Boubèye Maïga ainsi que plusieurs autres suppôts du régime Alpha, savent mieux que quiconque pourquoi le président Konaré avait délibérément fait exploser la poudrière de Kati sous son règne. Les bases du complot ourdi contre l’Etat et l’armée avaient depuis été posées jusqu’au jour où nous nous fûmes nettement rendus compte que le Mali n’avait ni Etat, ni armée. Et le général Amadou Toumani Touré n’en peut, de toute évidence, que constituer le principal accusé, en ce sens qu’il fut celui qui, malgré le caractère hautement sacré de son serment militaire, acheva, de sang-froid, la sale besogne initiée par son prédécesseur.
Tout avait été systématiquement programmé pour une neutralisation maximale de nos arsenaux de guerre et empêcher, à tout prix, les soldats maliens d’accéder à des armements appropriés à leur auto-défense. C’est avec le déclenchement de la crise du Nord que l’horrible vérité sera découverte dans toute son amertume. C’est ainsi au cours d’un funeste épisode de notre vie de nation, que nous découvrîmes le vrai fond des choses, le visage cruel de la machine de démolition de l’armée malienne mise en place par le Pr. Alpha Oumar Konaré et conduite à son ultime destination par le général Amadou Toumani Touré.
Les souffrances les plus déshumanisantes arbitrairement infligées aux sous-officiers ou soldats de rang depuis des décennies, les transformant, en fin de compte, en des chairs à canon et faisant de notre armée, une risée notoire, n’étaient autres que le reflet sinon la résultante d’une cynique combine scientifiquement mise en marche par Alpha et ATT. L’extrême facilité avec laquelle l’accès aux frontières maliennes, fut donné aux troupes combattantes du MNLA et autres groupuscules armés en provenance de la Libye et à qui, Koulouba avait même octroyé une manne financière en vue de conforter leur installation malgré la nature combien dangereuse des armes en leur possession, en dit long sur la volonté délibérée de l’ex-président Touré d’enterrer l’Etat du Mali et jeter l’armée en pâture.
Avec la précipitation des événements, ces mêmes arsenaux des bandits armés et autres terroristes de divers horizons, serviront, sans nul doute, à perpétrer l’inoubliable massacre d’Aguelhok, égorgeant affreusement plus de 150 jeunes soldats maliens après avoir été puissamment acculés et capturés par l’ennemi. Ces armes (accueillies par ATT) serviront également à faire régner les pires formes de terreurs sur les populations du Nord pendant de longs mois (viols, meurtres et assassinats, pillages, flagellations, incarcérations, famine, misère etc.)

Devoir de justice devant l’histoire
Le Mali est l’usufruit de tous et non la nue-propriété de personne. Il est impératif de faire justice à l’Etat et à l’armée, en clair, au peuple malien. Cela est une exigence de l’Histoire. La haute trahison perpétrée par l’ex-président Amadou Toumani Touré (pour des raisons dont il est jusque-là seul à savoir) contre toute une nation, ne devra aucunement rester impunie, ne serait-ce que pour la mémoire des Maliens gratuitement et sauvagement livrés à la mort ainsi que ceux dorénavant condamnés à vivre avec les séquelles des plus traumatisantes d’événements qui n’en valaient nullement la peine. Ces victimes attendent que justice soit faite.
La plus belle crédibilité que le président Ibrahim Boubacar Kéita a, plus que jamais, besoin de donner à sa gouvernance, à la justice d’Etat et conformément à son serment devant la Constitution malienne, c’est d’œuvrer diligemment à l’extradition de l’ex-président ATT afin qu’il puisse répondre de tous ses crimes contre le Mali.
Dougoufana Kéita LS SIRENE | lecombat.fr

Djibril Coulibaly

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