Bien que la justice a tranché depuis mars dernier, les victimes peinent à entrer en possession de leurs terres pour y exécuter des travaux. Pendant ce temps, les immeubles de nos honorables députés poussent par-ci, par-là. 80 % des membres de l’hémicycle possèdent « illégalement » des parcelles dans cette nouvelle cité distinctement appelée « Député-bougou » à N’Tabacoro dans les périphéries de Bamako au sud dans la Commune de Kalabancoro, cercle de Kati. Le cerveau de la bande n’est autre que Hadi Niangadou alias Dio Walaki, un proche du fils d’IBK.
Les parcelles expropriées à N’Tabacoro au profit d’honorables députés, nous apprend-on, sont toutes des titres fonciers et appartiennent à de simples citoyens maliens qui sont aujourd’hui à deux doigts de les perdre. Les faits remontent à quelques années quand les agences immobilières comme Banga Immobilière, Jumeau immobilière et Komé Immobilière ont tenté d’occuper des parcelles à N’Tabacoro. Elles ont même réussi à les morceler. L’opération a été en partie pilotée par la société Banga de l’honorable Hady Niangadou qui a engagé les services du géomètre Waïgalo pour mieux procéder au « partage » des parcelles.
Détenteurs de titres fonciers dûment créés par le gouvernement du Mali qui les leur a vendus suivant toutes les formes et procédures requises, les propriétaires se sont opposés à l’époque. Le trio des agences immobilières pondit des documents, mais après vérification, il sera révélé que ces documents sont faux. Le ministère en charge des Domaines de l’Etat sera aussitôt saisi. Ce département, après vérification, a également indiqué que les trois agences immobilières possèdent de faux documents qui avaient été longtemps radiés du livre foncier à Kati.
C’est après ce premier échec que le trio des agences immobilières a ensuite élaboré la thèse de l’extension du projet de logements sociaux N’Tabacoro pour mettre la main sur ces terres. Avec l’extension de ce projet de logements sorti du grand néant, les propriétaires de titres fonciers devaient être expropriés. Parmi eux, ceux qui avaient réussi à faire des constructions ont reçu la visite des bulldozers causant des dégâts de plusieurs millions de nos francs.
A la suite de cette opération de démolition, l’affaire sera transportée devant le tribunal de Kati qui a tranché ordonnant aux députés qui étaient déjà entrés en possession des parcelles, de libérer les terrains sous astreinte de payement d’amendes à partir du 1er mars dernier : 1 million par jour pour certains, 2 millions et 3 millions/jour pour d’autres. Mais jusqu’à la date d’aujourd’hui, ces propriétaires de terrains regroupés au sein d’une association n’arrivent pas à faire exécuter cette décision de justice. Le ministre de l’Urbanisme le sait aussi !
Interpelé sur la question lors du récent Espace d’interpellation démocratique (EID), le ministre de l’Habitat et l’Urbanisme a reconnu les faits. A ses dires, ceux qui ont occupé ces parcelles, l’ont fait sur du faux. Ousmane Koné a promis d’examiner dans un bref délai le dossier en vue de donner satisfaction à l’affaire. Mais pour combien de temps ? Aucune réponse.
En tout cas l’association mise en place par les victimes de ces spéculations foncières spectaculaires, une trentaine de victimes, menacent d’utiliser la méthode forte si les choses continuent de la sorte. L’association a animé une conférence de presse courant semaine dernière pour tenir l’opinion publique à témoin de leur situation.
Le président de la République ainsi que son gouvernement sont interpellés sur ce dossier. Dire que c’est un député issu de de la majorité qui est à la base de toute cette histoire (Hadi Niangadou), il y a de quoi s’inquiéter…
Affaire à suivre
Djibril Samaké LA SIRENE | lecombat.fr
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