À Dakoussa, un village situé dans la Commune rurale de Saye, Région de Mopti, tous les Habitants ont déserté leurs domiciles suite à l’attaque du 1er septembre qui a fait 12 morts et 4 blessés graves dans la localité. Selon des sources locales, même dans les villages environnants, la majorité des populations ont abandonné leurs maisons par peur de nouvelles attaques.
La violence secoue quasi quotidiennement le Centre du Mali par des attaques meurtrières et des tueries de masse sur la population. Ce jour, une vingtaine d’individus ont fait irruption dans le village tuant plusieurs personnes, en majorité des vieux qui ne pouvaient pas s’enfuir. La réplique ne s’est pas fait attendre puisque les hommes de ce village sont allés chercher du renfort. Armés jusqu’aux dents, ils ont formé un groupe de guérilla et tendu une embuscade aux assaillants. Tous ont été tués, selon notre interlocuteur joint au téléphone. Un élu nous dira dans l’anonymat de peur de représailles « Nous sommes à la merci de ces criminelles et les Autorités maliennes ne font rien pour nous venir en aide. La Munisma, quant à elle ne dépasse jamais le bord du goudron. Le camp de nos militaires se trouve non loin de celui des Bandits, mais ils n’osent pas se rendre là-bas. De l’endroit où ils se trouvent, ils entendent régulièrement le bruit des canons de ces gens au moment de leur entrainement. Mais jamais une patrouille n’a tenté d’y aller pour voir ce qui se passe ».
Du jour de l’attaque par les présumés « donzo » à aujourd’hui, aucune autorité gouvernementale, aucun administrateur et aucun agent de sécurité et de défense n’ont été sur les lieux de ces crimes odieux, pour ne serait-ce constater les faits, selon un Habitant de la localité. Les villageois, par mesure de sécurité, ont tous quitté le village. Et, selon un Administrateur civil de la Commune de Saye, presque chaque jour la Commune, non loin du lieu du drame, enregistre l’arrivée des nouvelles personnes déplacées. «Tous disent fuir les hostilités », nous a confié ce même Administrateur. Ils ont trouvé refuge chez des parents ou dans des familles d’accueil d’ailleurs. L’Administrateur ajoute également que Saye est enclavé en cette période hivernale. Les gens sont encerclés par les eaux fluviales, ce qui donnerait l’opportunité aux malfaiteurs de profiter de la situation. Les populations civiles désespérées demandent en vain le retour de l’Administration et des forces de sécurité. Ils se sentent dans un abandon total de la part des autorités maliennes. Selon les observateurs, les populations du Centre du pays sont abandonnées à elles-mêmes, dans leur triste sort.
La Région de Mopti ne cesse d’enregistrer ces genres d’attaques similaires malgré les nombreux accords trouvés entre les différentes ethnies pour apaiser la situation ou la présence massive des troupes maliennes et étrangères à Sévaré tout près.
Bien avant les élections présidentielles, le Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga avait fait des tournées à l’intérieur du pays. À son arrivée dans le Centre et plus précisément à Mopti, il a promis de désarmer toute personne qui n’est pas en légitimité de porter une arme. Une décision qui avait soulagé plus. Mais, encore des paroles non suivi d’actes. Jusqu’à présent, les hostilités continuent. Car, pratiquement aucune mesure n’a été envisagée. En revanche, ce sont des soi-disant « Donzo » qui continuent de massacrer les populations civiles ; puisqu’eux (les supposés dozos) n’ont jamais été désarmés et pire ….
De toute évidence, ces crimes à caractère abjects ne feront qu’attiser les brandons de la haine. Nos pères et mères, frères et sœurs tombent sous les balles, pas par Al Qaida, pas par Boko Haram, pas par une armée étrangère, mais de leurs propres compatriotes. Où va le Mali ?
Ce gouvernement IBK est-il capable de nous sécuriser? En tout cas, la crainte prend le dessus et les habitants de la Région de Mopti sont vraiment inquiets. À tolérer trop longtemps d’injustices situations, le pouvoir arme instinctivement la main des tueurs. Et par conséquent, ne pas faire prévaloir le droit de sécuriser ces malheureux qui le proclament, l’État prépare sans doute des générations de terroristes.
Adama A. Haïdara : LE COMBAT