Du début des opérations des patrouille mixte, en février dernier, à nos jours, cinq véhicules ont été enlevés et plusieurs cas de braquages déplorés. La situation sécuritaire semble se détériorer de jour en jour et les soldats du MOC sont pointés du doigt accusateur par la population qui leur reproche de manque de contrôle de ses Hommes s’ils ne sont pas soupçonnés d’être impliqués dans certains scandales sécuritaires.
A Gao, les populations soupçonnent les éléments du MOC d’être à la source de la persistance du phénomène d’insécurité à travers la ville. Ou, du moins, il y a des interrogations largement partagées autour de la moralité de certains de ses éléments en charge de leur protection. C’est, en substance, la situation qui prévaut actuellement à Gao sur le plan sécuritaire.
En voyant les éléments des FAMA, de la CMA et de la Plateforme, ensemble, dans leurs uniformes, à bord de pick-up flambant neuf en patrouille dans les rues de Gao, les populations étaient soulagées. Ce maillon essentiel de la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation nationale a su monter contre lui, en quelques mois seulement, nombre de détracteurs qui ne comprennent plus rien le sens de leur présence dans cette ville. «Ils devaient être ensemble pour sécuriser la ville. Mais ils ne s’entendent pas entre eux et se livrent à des actes de braquage contre les gens ; de vol de leurs propres véhicules avant de disparaître dans la nature», déplore Moussa Boureima Yoro, Coordinateur de mouvement civil de Gao.
A qui la faute ?
La mise en place, après le deuxième vol d’un véhicule du MOC, d’une police militaire, vise à ramener de l’ordre dans les enceintes mêmes du camp du MOC. Ensuite, les autorités ont été contraintes de mettre un numéro vert à la disposition des populations locales pour en cas de plaintes. Mais, malgré tous ces dispositifs, on n’arrive pas à circonscrire le phénomène frisant de mauvais comportements et de bavures à l’actif des éléments du MOC. «Effectivement, on ne peut pas tout nier », reconnait le Colonel Mahamane Boubou du camp du MOC de Gao. Et d’ajouter : «Mais il y a aussi de l’amalgame, ; car, Gao est plein de mouvements armés, des gens venus de tous les horizons pour constituer un bataillon mixte. Et on rencontre des problèmes avec ces battants qui ne sont pas du MOC mais qui sont armés et sillonnent la ville. Ils sont, en quelque sorte, hors de nos périmètres. Ce sont eux qui font des incursions dans la ville. Mais, pour beaucoup, la faute est à la mise en œuvre du MOC qui s’est fait dans la hâte. Sans prendre le temps de décortiquer les critères devant entrer en ligne de compte avant l’incorporation de ces éléments ». Pour Oumar Alassane Touré, Président de la Coordination nationale du réseau des jeunes patriotes du Nord, il y a aussi beaucoup de moudjahidines qui ont intégré les mouvements signataires de l’Accord d’Alger sous le drapeau de la paix alors qu’ils ont d’autres idées derrière la tête. Donc, ceci constitue également une menace pour la paix et la sécurité dans la Région. A l’avenir, si, toutefois, ces éléments sont intégrés dans les différents mouvements de l’armée malienne, il faut que l’Etat arrive à revoir les choses, en cherchant à savoir qui sont ces combattants et d’où viennent- ils.
Mais, d’ici à là, les populations de Gao exigent à ce que le camp du MOC soit délocalisé à l’extérieur de la ville. D’autres citoyens souhaitent même à ce que le mécanisme soit dissout purement et simplement. «On veut la paix, c’est vrai. Mais il faut qu’il y ait des normes qui puissent garantir que cette paix sera adaptée aux réalités de notre territoire», conclura par Moussa Boureima.
Zénébou Maïga : LE COMBAT