mardi 10 décembre 2024
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L’HONORABLE AMADOU THIAM, PRESIDENT DE L’ADP-MALIBA SE CONFIE A INFOSEPT « Nous pensons que parler de question de marchandage concernant la démission des 4 députés du RPM, reste un faux débat »

Dans cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder, l’honorable Amadou Thiam, président de l’ADP-Maliba et non moins 2ième vice-président de l’Assemblée Nationale parle entre autres de la vie de son parti quelques mois après leur départ définitif de la majorité présidentielle. Il évoque aussi la récente arrivée de cinq députés au sein du parti qui ont suscité beaucoup d’interrogations et surtout leurs griefs contre la nouvelle loi électorale « démocraticide ». Lisez !

Infosept : Bonjour honorable, pouvez-vous-vous présenter à nos lecteurs ?
Amadou Thiam: Je suis l’honorable Amadou Thiam, président du parti Alliance Démocratique pour la Paix au Mali (ADP-MALIBA) et 2ième vice-président de l’Assemblée Nationale.

Infosept : Après avoir suspendu ses activités à la majorité présidentielle le 12 juillet 2016, l’ADP-Maliba a annoncé son départ définitif de celle-ci le 4 août 2016. Quelques mois après, comment se porte aujourd’hui votre parti ?
Amadou Thiam : Je pense que le parti ADP-Maliba après son départ de la majorité présidentielle se porte très bien. J’avoue que quand nous quittions la majorité présidentielle, c’était une conviction que nous avions, une responsabilité que nous avons prise au nom du parti et cela en accord avec tous les militants du parti. Ce qui a suscité pas mal d’engouement autour du parti et de nos idéaux qui ont pris le devant sur des intérêts personnels. Je vous avoue que c’est l’intérêt général qui a primé dans la décision que nous avons eu à prendre le 4 aout 2016 de quitter la majorité présidentielle. Parce que nous avons à l’époque jugé que les engagements de 2013, les fondamentaux de notre engagement politique, du vote populaire qui a mis le président de la République au pouvoir et la gouvernance actuelle étaient en déviance avec ces différents engagements. Vous avez aussi remarqué que beaucoup de partis qui avaient les mêmes lectures que nous mais, qui n’ont pas eu le courage, ont quitté la majorité après notre suspension. Il s’agit de l’ADPEM et du MONADE. Et des députés aussi, parce que nous avons quitté la majorité avec nos 4 députés. Ensuite, nous avons écrit au groupe parlementaire auquel nous appartenions pour dire que nous avons quitté l’APM et la majorité présidentielle. Dans cette même logique, nous avons été rejoints par certains députés du parti au pouvoir dont le Pr. Kalilou Ouattara et le Dr. Bakary Diarra qui sont connus aussi pour leurs prises de positions énergiques à l’Assemblée Nationale sur les questions de gouvernance et même au sein de leur ex parti.

Infosept : Ces démissions des 4 députés du RPM dont vous parlez et qui sont venus grossir le rang de l’ADP-Maliba ont suscité beaucoup d’interrogations. Certaines vont jusqu’à dire que l’ADP-Maliba les a débauché, moyennant des sommes très importantes d’argent. Quelle est votre réaction et quels commentaires en faites-vous ?
Amadou Thiam : Pour moi, cela est un faux débat. Il faut se dire qu’il y a un problème réel, surtout au sein du parti présidentiel qui n’arrive pas à s’imposer et qui n’arrive pas à faire de son cadre de concertation, un cadre réel de débat franc. Le parti n’a pas réussi à le faire et cela se répercute sur la majorité présidentielle. Pour rappel, j’ai toujours dit que le Président de la République lui-même doit situer sa part de responsabilité en tant Chef de l’Exécutif pour que cette majorité qui doit le soutenir ait plus de cohésion et aussi pour que le RPM draine avec lui les autres partis alliés. Et cela pour qu’il y ait une quiétude et une stabilité politique. Parce qu’aujourd’hui, on peut dire qu’il y a une instabilité politique en République du Mali et c’est dû à la mauvaise gestion politique. Nous pensons que parler de question de marchandage, concernant la démission des 4 députés du RPM, reste un faux débat. Et, il faudrait que le RPM et la majorité posent le vrai débat.

Infosept : C’est quoi poser le vrai débat pour vous aujourd’hui ?
Amadou Thiam : Poser le vrai débat, c’est de parler du malaise qui existe aujourd’hui en République du Mali, au sein du parti présidentiel, de la majorité et de la classe politique malienne.

Infosept : Aujourd’hui, il est clair que vous n’êtes pas de la majorité et vous dites ne pas être également de l’opposition. Alors, quelle position politique avez-vous, centriste ?
Amadou Thiam : J’avais dit tantôt que nous restons respectueux de la base militante du parti. Et, c’est pour cela, après la suspension, nous avons avant de marquer le pas définitif, fait des consultations nationales qui nous ont autorisé à quitter la majorité présidentielle. Le nouveau cap du parti sera fixé lors d’une Conférence Nationale. Mais, nous savons qu’au Mali, il n’y a pas formellement un centre. C’est soit la Majorité ou l’Opposition. Donc, très prochainement, nous allons travailler pour l’organisation de cette conférence qui est aussi très imminente. C’est à l’issue de cette conférence que nous allons donner notre position politique définitive.

Infosept : Sur un tout autre sujet, après avoir votez à l’Assemblée Nationale contre la nouvelle loi électorale, vous avez aujourd’hui saisi la Cour Constitutionnelle pour son invalidation. Pourquoi tant d’opposition contre cette loi ?
Amadou Thiam : Nous pensons que déjà le processus qui devrait amener cette loi devant l’Assemblée Nationale n’a pas été respecté. Une loi qui régit la scène politique doit être partagée par la classe politique, parce que se sont eux, les politiques qui sont les acteurs et qui vont aux élections. Et, on ne peut pas faire une loi en leur place et en leur nom. Je vous signale que le cadre de concertation qui avait été mis en place par le ministre de l’Administration Territoriale n’a pas épuisé toutes les étapes prévues. Cette étape qu’il a écourtée l’a rattrapé à l’Assemblée Nationale et les députés des partis politiques ont dit, contrairement aux informations, que les politiques n’avaient pas été suffisamment consultés. Et, le débat a été reporté à l’Assemblée Nationale sachant bien qu’il y a une majorité mécanique pour faire passer cette loi en force. Donc, c’est pour cela, après avoir signalé nos inquiétudes, les aspects anticonstitutionnels, nous avons saisi la Cour Constitutionnelle en dernier recours. Quand vous prenez le statut du Protocole de la CEDEAO, il est clairement stipulé qu’il ne saurait avoir aucun changement sur une loi électorale 6 mois avant les élections. Donc, nous sommes dans ce cas de figure. Et, quand vous regardez également le système de vote, aujourd’hui on parle de vote biométrique, mais notre système n’a rien à voir avec les systèmes biométriques que nous connaissons. Ce sont des cartes NINA qui sont pré-imprimées. On se présente dans les bureaux de vote avec ces cartes. De plus, aujourd’hui au Mali, c’est l’Administration d’Etat qui gère les élections, les bureaux de vote et c’est elle qui décide de qui vote ou pas. Mais dans le système biométrique, il y a un fichier qui est là, les cartes y sont introduites et le votant est automatiquement repéré dans tout le système. Là, le pourcentage de fraude est considérablement moins élevé par rapport à ce que nous connaissons avec notre système actuel. Il y a également des milliers de cartes qui sont produites et qu’on peut continuer à produire pour faire voter des gens plusieurs fois. Le système «biométrique» que nous avons est très vicieux, très faible, est source de conflits et prête à des fraudes massives. Pour nous, il s’agit de revoir cela et qu’on ait des machines dans les bureaux pour permettre aux gens de voter. Quand vous prenez aussi le processus du dépouillement, il se fait jusqu’à présent en privé et le transport des urnes se fait par l’Administration. Pour nous, il y a trop de failles dans cette loi et il faudrait corriger tout cela pour aller vers des élections transparentes. C’est entre autres reproches que nous avons contre cette loi pour préserver le vote des Maliens. Et c’est celui que le Peuple aura choisi soit le Président de la République mais pas autrement. Car, on a assisté à beaucoup de fraudes de ce genre pendant le cours de la Démocratie malienne. Nous voulons mettre fin à cela et c’est le moment.

Infosept : Certains donnent à l’honorable Amadou Thiam, président de l’ADP-Maliba, une ambition présidentielle pour 2018. Quel commentaire faites-vous ?
Amadou Thiam : Je dirais tout simplement que cela sera décidé par le parti au moment opportun.

Infosept : On a appris à la dernière minute la démission d’un député de l’URD qui a atterri à l’ADP-Maliba. De nos jours vous semblez attirer beaucoup d’élus et de militants. Alors, quelle est votre manière de faire la politique qui vous différencie des autres ?
Amadou Thiam : C’est vrai depuis notre sortie de la majorité présidentielle, le parti suscite beaucoup d’engouements de par notre dirigisme et courage politique. Parce que nous avons dit très haut ce que beaucoup de gens pensent tout bas. Je pense que ces hommes et ces femmes de valeur qui nous rejoignent croient en le Mali et au changement qui est tant attendu. On ne peut pas dire aussi à ceux qui ont dirigé le Mali ces 25 dernières années de quitter. On n’aura pas un parti et une génération spontanés. Il faudrait que certains commencent et que d’autres acceptent de les aider pour le Renouveau. Donc, nous félicitons les nouveaux adhérents du parti et c’est tous ensemble que nous relèverons les défis du changement.
Infosept : Votre dernier mot
Amadou Thiam : Le dernier mot c’est de vous remercier et demander à ce que tout le Mali puisse aller à l’union sacrée et que les dirigeants actuels se remettent en cause. Nous n’avons pas un combat contre le régime, mais notre combat c’est contre le système. Il y a beaucoup de Maliens qui ont souffert et certains sont toujours dans les pays voisins. Il faudrait que nous allions vers l’essentiel en travaillant pour la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation afin que l’économie qui a tant souffert puisse aussi se relever pour le Bonheur de tous les Maliens.
Propos recueillis
Par Dieudonné Tembely
tembely@journalinfosept.com

Djibril Coulibaly

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