jeudi 12 décembre 2024
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Leçon de géopolitique : Le rêve d’un Mali debout sur les remparts se meurt à petit feu

Au crépuscule de la Révolution de Mars 1991, l’espoir d’un Mali juste, démocratique, équitable mais aussi et surtout fort de ses Institutions était au beau fixe. Le Peuple venait de mettre fin à un ordre politique despotique qui plongeait le pays dans une quasi léthargie pendant près de 23 ans. Fort malheureusement, les politiques n’ont pu jusqu’ici être à la hauteur des fortes attentes placées en eux. Eux qui devaient initier le Peuple à l’école de la démocratie tout en plaçant au-dessus de tout, l’intérêt supérieur de la Nation. Les résultats d’une mauvaise gouvernance depuis 1991 explosèrent à la face du malien en 2012. Le réveil fut brutal. La démocratie malienne s’écroula tel un château de sable. Désormais, une prise de conscience et une remise en question s’imposent de manière vitale.
Aujourd’hui encore, l’on s’interroge presque naïvement sur les causes réelles de la crise malienne. Beaucoup le remettent sur le coup de la fatalité tout en ignorant le faisceau d’éléments qui prouvent le contraire. Certes, la fatalité existe. Mais croire que le Bon Dieu aurait arbitrairement choisi de frapper notre pays d’un tel malheur relèverait presque du blasphème. Des faits auront évidemment contribué à l’enveniment de la crise. Cependant, la crise libyenne, la montée du terrorisme dans le Sahel et la formation d’une nouvelle rébellion ne sont que des circonstances aggravantes de la crise malienne et non les sources immédiates. Car, au-delà même de la déstabilisation du nord malien avec la mainmise des groupuscules terroristes durant près d’un an, c’est la faillite même de l’appareil étatique du Mali qu’il faut dénoncer en vue d’en panser les plaies.
Rarement, un coup d’Etat n’est anodin. Le putsch du 22 mars 2012 n’en déroge pas à la règle. Derrière le foisonnement d’infrastructures hautement salutaires pour le Mali, se cachait un profond malaise que rarement des maliens pouvaient se l’imaginer même dans leur pire cauchemar. Il s’agissait de l’état de déliquescence de l’armée, qui jadis faisait la fierté nationale. Mais en réalité, l’armée était à l’image de son pays. Des années de népotisme et de corruption à outrance ne pouvaient déboucher qu’à la faillite de l’Etat et donc, à un coup d’Etat que prédisait les meilleurs constitutionnalistes comme feu Karim Traoré de l’ENA. La chute de l’école malienne sous la présidence, pourtant, d’un éminent enseignant et celle, encore plus incompréhensible de l’armée, alors qu’un Général occupait Koulouba, furent deux paradoxes qui prouvèrent éloquemment la mauvaise gouvernance d’alors. Le calcul est simple. L’effondrement de l’Ecole malienne a conduit irrémédiablement à l’écroulement de la matière grise du pays ainsi qu’à l’avilissement de son élite. Et la chute de l’armée, essentiel rempart contre toute agression menaçant l’intégrité territoriale a conduit à une crise multidimensionnelle.
L’on voulait donner une image idyllique d’un Mali démocratique qui allait de l’avant. Mais, la foudre de nos ignominies frappa, juste à quelques semaines, avant la fin du mandat d’ATT. Tout explosa comme pour crier à la face du Mali de se remettre en question. Que finalement tout, ou presque, n’était qu’un mirage. Mais l’arrivée du président IBK au pouvoir devait être l’occasion rêvée de rectifier le tir, de ramer à contre-courants des pratiques basses et antipatriotiques de destruction systématique de l’Etat. Jamais, il ne faudrait commettre à nouveau les mêmes erreurs du passé récent. Mais, cette mission de remise en question et de prise de conscience, ne devrait pas incomber seulement qu’aux seuls tenants du pouvoir ou aux politiques. Elle devrait l’affaire de tout le Peuple, car de lui seul peut venir le changement tant souhaité.
En somme, accuser toujours autrui ou la fatalité de son propre malheur n’est point une attitude à tenir pour un Etat qui entend, un jour, être cité parmi les économies émergentes d’Afrique. Vérité, Patriotisme, Sacrifice doivent être les maitres-mots de tout malien, de Koulouba au plus humble artisan de nos villages. IBK ne le sait que trop bien, lui qui martela à maintes reprises, que nul ne sera invité au banquet officiel qu’il n’aura mérité d’y être.
Ahmed M. Thiam
thiam@journalinfosept.com

Djibril Coulibaly

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