Le siège du cabinet de psychologie, Psy 2A, à la Cité du Niger, a servi de cadre à une rencontre d’échanges entre le psychologue Dr Ibrahim Haïdara et trois de ses collègues médecins que sont les docteurs, Abdoulaye Barry, Boubacar Ali Traoré et la Prof. Fatoumata Dicko. C’était le samedi 07 juillet 2018.
Le noble combat du Dr Haïdara, de faire connaitre la psychologie au sein de l’opinion publique malienne poursuit son chemin. En plus d’intervenir dans une émission radiophonique tous les premiers vendredis du mois à la radio MIKADO FM et le suivi d’écoliers en situation difficile, il multiplie toutes initiatives visant à donner toute son importance à la santé mentale.
Cette fois, les éminents docteurs à cette rencontre ont unanimement reconnu l’importance de l’aspect psychologique dans la prise en charge des patients, qu’importent les pathologies dont ils souffrent. Mais avant, le psychologue s’est alarmé face à la détresse mentale qui sévit dans la société malienne. Ainsi, des stéréotypes que l’on pensait à tout-va, sont contredits au cours de ses consultations. A titre d’exemple, les drogues dures sont consommées aussi bien par les garçons que par les filles, très souvent due à l’absence des parents ou à des problèmes familiaux, et le taux de suicide est plus élevé que l’on croit. Quant aux motifs fréquents de consultation, ils ont trait le plus souvent aux problèmes de couple, ensuite les disputes entre parents, puis sur le plan professionnel.
Mais, la véritable problématique en matière de suivi psychologique du patient, selon le Docteur Boubacar Ali Traoré est la suivante : quel est le moment idoine pour annoncer au patient qu’il est atteint d’une pathologie sévère ? Dr. Traoré prend pour exemple le cancer du sein qui, selon ses explications, est en pratique le type de cancer le plus fréquent chez la femme (ce type de cancer survient également chez des femmes de plus en plus jeunes, moins de 40 ans) ; le cancer du col de l’utérus ne l’est qu’en théorie. Faut-il annoncer la nouvelle dès l’obtention du diagnostic, au cours du traitement ou à la fin ? Et c’est là, en réalité, toute l’importance du psychologue, qui est mieux outillé pour faire comprendre au patient la relative gravité de la pathologie dont il souffre. L’écoute et aussi le tact sont deux qualités très appréciés lorsque l’on est malade, et les psychologues sont des professionnels en la matière. Un tandem devra donc se mettre en place entre le psy et le médecin traitant pour rendre le plus efficace possible le traitement adopté.
Néanmoins, un travail de persuasion est à mener. Car, les vieilles croyances ont la vie dure, et pour une femme atteinte de cancer du sein, lui pratiquer une ablation de la partie qui représente sa féminité (mammectomie) est, assez souvent, hors de question. Sur ce plan, des mécanismes devront se mettre en place pour convaincre les plus réticentes d’entre elles et leur expliquer que ce n’est pas la fin du monde si une femme a son sein ablaté. Car, c’est surtout pour préserver sa vie.
Pour conclure, l’argument avancé par le Dr Haïdara est de ne point négliger l’aspect psychologique du patient. Mieux encore, de le considérer au même pied d’égalité que son bien-être physique. Il nourrit, d’ores et déjà l’idée de mettre en place une cellule d’urgence psychologique.
Ahmed M. Thiam
Thiam@journalinfosept.com
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