Dans un rapport, intitulé «Ouvrir les villes africaines au monde » paru récemment, la Banque mondiale recommande aux dirigeants africains de doter les villes du continent d’infrastructures de qualité afin d’améliorer la qualité de vie des habitants et donner aux collectivités locales et entreprises une vocation économique. Ce qui permettra d’accélérer la croissance économique, de créer des emplois et d’améliorer la compétitivité des villes. Car, en raison de leur essor démographique, les villes africaines sont vouées à jouer un rôle capital dans la croissance de leurs pays.
Pour ce rapport de la Banque mondiale, afin que leur essor rime avec croissance économique, il faut «ouvrir les villes africaines au monde », d’où le titre même du rapport. La population urbaine en Afrique s’élève actuellement à 472 millions d’habitants, mais elle va doubler au cours des 25 prochaines années, pour atteindre un milliard d’habitants en 2040. Et, dès 2025, les villes africaines abriteront 187 millions d’habitants supplémentaires, soit l’équivalent de la population actuelle du Nigéria. En Afrique, souligne le rapport, le processus de concentration de la population dans les villes n’a pas donné lieu à des investissements suffisants dans les infrastructures urbaines et autres structures industrielles et commerciales, ni dans une offre appropriée de logements abordables. Avec des investissements coordonnés dans les infrastructures et les structures résidentielles et commerciales, les villes africaines seront en mesure d’accroître les économies d’agglomération et de rapprocher les habitants des emplois. Au contraire, les pays d’Asie de l’Est, comme la Chine, le Japon et la République de Corée ont intensifié des investissements durant leur essor urbain. De fait, parce qu’elles sont mal desservies, les villes africaines sont aujourd’hui parmi les plus chères du monde, tant pour les ménages que pour les entreprises, ce qui les rend, selon les termes du rapport, «hors service» et «fermées au commerce».
Les villes d’Afrique sont en effet 29 % plus chères que celles des pays à niveau de revenus similaire. À cela s’ajoute le coût des denrées alimentaires. Environ 35 % plus chères dans les villes d’Afrique que dans celles d’autres pays à revenu faible ou intermédiaire ailleurs dans le monde. Globalement, par rapport aux autres pays en développement à niveau de revenus similaire, les biens et services coûtent entre 20 et 31 % plus cher aux ménages urbains africains.
En outre, les frais de transport quotidiens pour ceux qui travaillent sont élevés, sachant par ailleurs que les systèmes de minibus informels sont loin d’être économiques. Pour ceux qui sont contraints de se déplacer à pied, l’accès à l’emploi est donc limité.
Toujours, selon les termes de ce rapport, parce qu’elles ne font pas l’objet d’un développement planifié suffisant, les villes connaissent une expansion continue des implantations sauvages, qui se trouvent plutôt dans le centre et donc plus près des emplois.
«Le niveau plus élevé du coût de la vie, a aussi un impact sur les entreprises, puisqu’il les oblige à verser des salaires plus élevés, ce qui nuit à leur productivité et leur compétitivité, et leur ferme les portes de l’exportation. Le résultat, c’est que les villes africaines n’attirent guère les investisseurs régionaux ou mondiaux et partenaires commerciaux potentiels » note le rapport qui trouve que les villes africaines sont aujourd’hui prisonnières d’un mode de croissance qui entrave le développement économique.
La solution
Comme solution, la Banque mondiale propose que, pour libérer les villes africaines de cette situation de sous-développement, il urge de faire en sorte qu’elles grandissent en se densifiant économiquement et physiquement, de les connecter pour accroître leur efficacité et des perspectives de rentabilité plus élevées pour les investisseurs. L’institution financière internationale pose deux priorités. Il s’agit dans un premier temps de régulariser les marchés fonciers, clarifier les droits de propriété et instituer des politiques efficaces d’aménagement urbain afin de rassembler les territoires. En second lieu, pour la Banque mondiale, il faut investir tôt et de manière coordonnée dans les infrastructures, afin de relier ensemble tous les éléments du développement urbain comme le résidentiel, le commercial et l’industriel.
Dieudonné Tembely
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