samedi 23 novembre 2024
Accueil | INTERVIEWS | KALFA SANOGO EN EXCLUSIVITE : ‘‘On ne va pas se leurrer, IBK a atteint ses limites’’

KALFA SANOGO EN EXCLUSIVITE : ‘‘On ne va pas se leurrer, IBK a atteint ses limites’’

Il est 8h 00, et c’est l’heure convenue entre lui et nous à la veille pour son interview à la mairie. Très serein, il serre la main de chacun présent dans sa salle d’attente avant de s’éclipser dans son bureau. Très déconcentré, il s’est prêté à nos questions dont la première a été de savoir qui il est réellement ?
Je suis actuellement le maire de la commune urbaine de Sikasso.
Aujourd’hui vous êtes maire, c’est unanime, tout le monde est d’accord sur ce point, être maire de Sikasso relève d’un parcours de combattant. Et pourtant vous avez été élu sans rencontrer autant de difficultés, comment ça se fait ? En clair, c’est quoi votre secret ?
Non, pas du tout. Il n’y pas eu de miracle. J’ai toujours été en communion avec Sikasso, je n’ai jamais oublié que je suis né et grandi ici. Et comme les bambara le dissent ‘‘Celui qui met ses origines dans les oubliettes, aura des soucis pour sa fin’’. Je ne pense que je n’ai jamais oublié mes origines. Et ça, c’est le plus grand secret. Aussi, je suis resté à leur écoute tant que je peux et j’ai fait ce que je pouvais. Et pour la petite histoire, ce n’est pas moi qui ai décidé de briquer le poste de maire, c’est la population, à travers le vestibule de Sikasso, qui est allée me demander à être maire. Quant vous sollicitez, vous avez un combat particulier à mener, mais quand on vient vous chercher, vous n’avez pas beaucoup de combat à mener. Et vous l’avez pu constater vous-même, la victoire a été suffisamment claire. Ma liste a eu 29 conseillers sur 45, le parti du président (de la République), le RPM a eu 7 conseillers sur les 45 malgré ses efforts physiques et surtout financiers déployés. Tout le monde en est témoin.
Vous êtes maire de Sikasso depuis une année, et si on vous demandait de présenter déjà un bilan ?
Justement ! Nous sommes actuellement en session pour adopter le compte administratif de l’année que nous avons eue à gérer. Le compte a été approuvé à l’unanimité par les conseillers qui l’ont voté. ET je pourrais vous donner un exemplaire de ce document que vous allez étudier vous-même. Vous allez voir (dans ce document) que les recettes ont sérieusement augmenté. Vous allez voir que le bilan est clair. Le solde au 31 décembre 2016 tel que nous l’avons noté, était de 16 millions 85 mille 499 FCFA, et le solde au 31 décembre 2017, donc une année après, c’est un milliard trois cent soixante dix neuf millions cinq cent trente cinq mille cinq cent cinquante trois (1.379.535.553 FCFA). Ce sont là les gros chiffres. Et si vous entrez dans les détails ( du document) au niveau des gros agrégats, dans les prévisions et agrégations, vous allez voir qu’il y a beaucoup de chiffres 97%, 99%, 105%, 102%, 157%… voici des chiffres ( feuilletant le document) qui parlent d’eux-mêmes .
Et quels sont les défis et perspectives qu’attend votre équipe ?
Des défis, oui il y en a. C’est d’abord le défi du retour au civisme de la population. Tant que la population n’a pas le sang civique assez poussé, il y a des défauts qui vont être difficiles à gérer, notamment la gestion de l’espace communale.
Ensuite il y a le défi du foncier. Il y a énormément le défi foncier. L’espace communale a été occupé dans le désordre… des papiers… faux et vrais. Ensuite, il y a le défi de la relance économique générale au niveau de la commune. Parce que sans activités économiques un peu plus organisées et plus rationnelles, il va être difficile d’amorcer un vrai développement de la commune. Le défi de la gestion tout court. Nous avons commencé à l’interne de la mairie pour mieux organiser la structure, mais surtout la gestion relative à la gouvernance qui est à revoir carrément pour améliorer le rapport entre les différents acteurs de la gestion communale. Parlant de ces acteurs, il s’agit de l’administration communale, la société civile, les différents organisations de développement….
M. le maire, lors du récent voyage du président IBK ici à Sikasso beaucoup de choses ont été dites, est-ce l’on peut savoir concrètement ce vous vous êtes dit, vous et le président IBK ?
Bon ! Vous voyez, ce sont des choses dont je n’aime pas beaucoup parler. Parce que l’entrevue entre le président (de la République et moi), s’est passée en présence d’un témoin, Sékou Fofana qui est son conseiller. Le président (IBK) s’est expliqué sur les raisons de mon départ à l’époque, bien entendu, de la CMDT. Et c’est sur ça que lui et moi, on a échangé. Et j’ai même pris Sékou Fofana à témoin. J’ai dit ‘‘bon Sékou, quelqu’un que vous considérez comme un petit frère, un ami et un camarade de longues dates, qu’on vienne vous dire, vous n’étiez pas présent, qu’il a tué quelqu’un, ça c’est cas même un crime, vous n’étiez pas présent qu’est-ce que vous faites. Sekou dit ‘‘je l’appelle, je l’écoute, je tire ma conclusion’’.
Donc je me suis retourné vers le président IBK en lui disant : ‘‘Ibrim, c’est ce que je pensais, si réellement tu m’as pris comme ton petit frère, ton ami et ton camarade de longues dates, et je pense qu’avant toute autre action tu devrais m’appeler et dire Kalifa, c’est ce que tu as fait et après tu me condamnes. Les échanges entre lui et moi sont restés là. C’est vrai qu’après il a dit, et sur ce mot je n’ai pas pipé un mot, qu’il n’a jamais demandé au président du parti l’Adéma Tiémogo Sangaré que l’Adéma ne pas présente pas candidat, et sur ce volet, je n’ai pas prononcé un iota pour que ça ne soit pas sujet à interpellation
Auparavant il avait présenté ses excuses au vestibule de Sikasso, tous ceux qui viennent rendre visite au vestibule, l’instance morale de la vie, et à ce niveau, effectivement, il a demandé aux anciens du vestibule de me demander de bien vouloir lui pardonner, qu’il ne sait pas ce qu’il m’a fait, mais de lui pardonner à cause de Dieu et de son Prophète (Psl). Là, il m’a dit qu’il ne savait pas ce qu’il m’a fait (rires) et moi, je ne peux pas savoir deviner pourquoi il présente des excuses. Ça, ce n’est pas un secret, ça été dit devant tout le monde au vestibule, devant les ministres et devant la presse.
Par contre ce qui s’est passé entre nous, c’est ce dont je viens de vous parler et c’était devant tout le monde. Il y a eu par la suite beaucoup de spéculations, qu’on a convenu de ceci ou de cela, qu’un pactole m’aurait été promis, il n’y a jamais eu rien de tout cela.

M. maire, l’élection présidentielle pointe à l’horizon, serez-vous candidat avec ou sans l’assentiment de l’Adema/PASJ ?
Je l’ai dit sur Africable (Télévision) au mois de décembre dernier que tout dépend de ce qu’on appelle de l’Adema. Et je l’ai dit et je le répète, l’Adema, ce n’est pas quelques individus pour des raisons et d’intérêts personnels qui ne veulent pas et qui ne veulent toujours pas d’un candidat à l’interne de l’Adema, qui manœuvreront jusqu’au bout pour qu’IBK soit le candidat de l’Adema.
Vous avez suivi ces jours-ci ce qu’on a fait l’appel à candidature. Avec l’argent, et je devine d’où ça vient, ils sont allés dans toutes les sections corrompre pour dire que Dioncounda (Traoré) est le candidat. Mais Dioncounda a dit en premier lieu au président du parti lui-même, qu’il ne sera pas candidat contre IBK. Ça s’est connu aussi ! Et je pense que c’est un homme d’honneur, quand il dit ça je saurai pourquoi il le dit, car il doit beaucoup à IBK. Et je comprends maintenant faire en sorte que Dioncounda devienne le candidat officiel du parti dans les jours à venir, c’est en réalité soutenir IBK. Sinon on a ressuscité sa candidature à Nara pendant qu’il était à Dakar. Et pendant qu’on fait les va-et-vient, je regrette il nous revient qu’il est un peu malade, il est parti en traitement au Maroc, ça, tout le monde le sait aussi. Donc en réalité ce n’est pas lui, c’est une gymnastique pour qu’en fin de compte quand ce sera lui seul et au finish, on dira puisqu’il ne veut pas et on a plus le temps, on laisse IBK continuer. En réalité, l’objectif, c’est IBK. Et moi je suis candidat, je le maintiens, je suis candidat jusqu’à nouvel ordre. Si vous avez suivi, en septembre dernier, il y a une coalition de partis, d’associations et clubs de soutien qui ont fait un grand meeting à Sikasso, qui mis un peu de panique dans les rangs et qui a motivé de déplacement à Sikasso. C’est toujours cette coalition qui me porte et qui avait dit qu’ils sont 100% avec moi. Mais je savais que j’étais verrouillé déjà et c’est pourquoi je m’étais préparé à cette éventualité, cette mascarade là, dire que Dioncounda est le candidat du parti, c’est une mascarade réelle pour que en un moment donné celui-ci se désiste et on dira qu’on a plus le temps de choisir comme quoi que ce soit, suivons IBK.
Quelles sont vos ambitions pour le Mali aux plans politique, social, économique, environnemental et même diplomatique ?
C’est tout un programme dont vous parlez. Ceci dit, il y a d’abord la priorité des priorités, c’est que le Mali retrouve la paix, mais dans son unité, dans son intégralité. Pour parler des autres aspects, il faut que le pays retrouve sa sérénité dans l’unité, la cohésion. Donc c’est la première priorité des priorités.
C’est pourquoi ça me désole de voir que l’on est en train encore de s’amuser avec notre sort en commun. Tout le monde dit qu’IBK est arrivé à ses limites. Je ne serai pas en mesure dire à l’intéressé du jour qu’il est carrent, chacun fait ce qu’il peut, mais il est arrivé à ses limites. Quant il venait au pouvoir avec l’espoir que ça suscité tout le monde pensait que le problème du nord serait résolu ou au moins sérieusement atténué. Aujourd’hui, non seulement le nord, c’est difficile, vous avez vu ces jours ci ce qu’on spécule sur la visite du premier ministre à Kidal.
Non seulement on n’a pas réussi à faire reculer le problème du nord, aujourd’hui le centre est aussi en élution. Donc on ne va pas se leurrer, il (IBK) a atteint ses limites. On ne peut pas continuer comme ça. Et comme je l’ai dit, c’est l’un des défis majeurs, surtout économiques. Si vous avez un environnement rassurant avec une gouvernance améliorée, il ne faut pas se le cacher, les investisseurs viendront. Il faut améliorer la gouvernance, si vous améliorez la gouvernance, que ce soit l’environnement politique, social, économique, environnemental comme vous dites, il y a des choses qui distribueront immédiatement la gouvernance, mais pas la gouvernance comme vous le voyez où chacun fait ce qu’il veut comme s’il n’y avait pas d’Etat ou plutôt il y a un Etat qui s’intéresse à d’autres choses. Donc aujourd’hui les défis sont là et qui font partie de mes préoccupations et je pense aussi que ce sont les préoccupations de la majeure partie du peuple malien
Quel est l’appel que vous avez à lancer à l’endroit de toute cette population qui vous attend et qui attend à ce que vous vous présentez aux élections ?
D’abord, je voudrais parler de l’origine de la candidature, on peut vérifier, ce n’est pas venu de moi. La candidature est venue des membres de la section Adema de Sikasso. Aussi que la conférence nationale du parti a décidé qu’il y aura une candidature interne, il y a des camarades de Sikasso qui ont initié cette candidature, et bien sûr, m’ont posé le problème et j’ai dit OK. J’ai donc répondu à une sollicitation. Et comme je l’ai dit, parce que je ne vois vraiment pas la gouvernance actuelle nous mener à bon port. Donc ce n’est pas une prétention ou une ambition personnelle qui m’a poussé, mais c’est à la demande de la section de Sikasso que j’ai répondu Oui.
Donc ceci dit, une partie des maliens vous diront que ça suffit comme ça. Et si c’est le cas, mettons en œuvre tous les éléments qui peuvent amener au changement et à l’alternance.
Interview réalisée par Abdourahmane Doucouré LA SIRENE

Djibril Coulibaly

Voir aussi

MOUSSA SEY DIALLO, ELU URD EN COMMUNE I: «Une candidature légitimée juste par la fortune est néfaste pour un Mali qui a besoin de leadership avéré»

  Moussa Sey Diallo est un élu de l’Union pour la République et la Démocratie …

Laisser un commentaire

Aller à la barre d’outils