Le processus d’intégration des ex combattants est devenu un fonds de commerce florissant pour un grand nombre de Responsables proches et dirigeants influents des groupes armés, au détriment de leurs combattants eux-mêmes. C’est un véritable désarroi de certains ex combattants parce que les places sont monnayées à prés de 800.000 FCFA pour être intégré comme militaire, 1.200.000 comme policier, le garde ou gendarme et 3.000.000 comme Douanier.
Décidément, avec le phénomène de trafic des postes qui se passe actuellement au sein des mouvements des groupes armés concernant le processus d’intégration des ex-combattants dans les rangs des forces armées et de sécurité post crise, si rien n’est fait à temps, risque fort de remettre en cause les acquis du processus de paix et de réconciliation nationale en cours. Cette situation doit interpeller la Commission Nationale du DDR afin qu’elle prenne les mesures qui s’imposent. Ce, en se montrant doit strictement ferme sur le contrôle et le respect des conditions d’intégration telles que définies dans l’Accord d’Alger II.
Selon nos informations, des proches des groupes signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale signé en 2015 et des Officiers de l’ex-rébellion en complicité avec des Hauts cadres civils des groupes armés sont à la base de ce commerce.
En effet, rappelons que, dans les préalables définis auparavant, pour être intégré dans les forces armées et de sécurité nationale du Mali post crise, il faudra appartenir formellement à un groupe signataire et avoir déposé une arme ou, du moins, des minutions.
Selon nos sources, les mouvements armés signataires de cet Accord ont prés de 12.000 ex combattants devant intégrer dans les rangs des forces militaires et paramilitaires.
Mais d’ici à la prise effective des dispositions qui s’imposent, nous précise une source bien informée, le Ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Tiéna Coulibaly, désapprouve et condamne fermement cet état de fait.
Selon un observateur, la mise en œuvre de l’Accord a pris du retard parce que la partie gouvernementale et les mouvements armés n’arrivent pas à accorder leurs violons sur un certain nombre de points du document d’Alger II.
Selon un Responsable de la CMA, la partie gouvernementale et les mouvements armés n’arrivent pas à s’entendre sur certains enjeux de l’Accord. C’est sur, principalement, le Code des collectivités territoriales, la loi électorale, la réforme de l’armée, la libre administration des Régions et la révision constitutionnelle.
Par contre, selon un Responsable de la Plateforme, cet Accord est une chance pour le pays parce qu’il consacre l’unité, l’intégrité et la cohésion du Mali.
Pour la réinsertion des ex-combattants, la Banque Mondiale a injecté prés de 8 milliards de francs CFA et environ 50 milliards de francs CFA pour contribuer à sortir définitivement le Mai de cette crise qui n’a que trop duré.
Donc, si le processus de démobilisation et d’insertion des ex combattant parvenait à se réaliser comme prévu, l’on serait en droit de se frotter les mains ; car, en ce moment on pourrait espérer que la longue crise sécuritaire va connaîtra son épilogue dans les mois à venir. Mais, pour l’instant, vu les tergiversations et les actes de sabotage du côté de la CMA, c’est un climat de réel scepticisme qui prédomine.
En tous les cas, les lignes commencent à bouger surtout avec le processus de Démobilisation, Démilitarisation et de Réinsertion (DDR) mis en place pour résoudre cette crise. Un processus placé sous l’égide conjointe de l’Ex Ministre de la Réconciliation Nationale, Zahabi Ould Sidi Mohamed, et l’ex Chef d’Etat Major Général des Armées, le Général Gabriel Poudiougou.
De ce fait, si des dispositions sont prises à temps opportun pour stopper net ce phénomène de monnayage ou trafic illicite des postes des ex combattants, l’espoir pourrait renaître avec force chez tous les Maliens et les Maliennes en général et, particulièrement, chez ceux des Régions du Nord du pays. L’espoir d’un retour définitif de la paix avec la chance de mener le dialogue fraternel pour le vivre ensemble et rétablir pour de bon la cohésion sociale doit être permis.
Mahamadou Yattara : LE COMBAT