Dans leur sortie médiatique faite le lundi dernier pour situer les responsabilités du blocage de la mise en œuvre de l’accord de paix, les Responsables de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) veulent visiblement conditionner leur libération du camp I de Kidal par la mise en place préalable du MOC. Sommée, en effet, de libérer ce lieu stratégique afin de permettre le démarrage de ce mécanisme opérationnel de coordination, la CMA explique sa réticence à exécuter par une prévention de ce qui s’était passé à Gao.
«Nous avons vu ce qui s’est passé à Gao et nous ne souhaitons pas que ça se répète à Kidal. Notre inquiétude, pour l’instant, se situe entre le moment de libération et la mise en place du MOC. Nous savons que si la CMA libère le camp tout de suite, le MOC ne se mettra pas en place automatiquement», a souligné Almou Ag Mohamed de la CMA à l’occasion de cette sortie médiatique qui intervient quelques jours après l’accusation portée par le CSA à l’encontre de la CMA ; accusation selon laquelle les ex-rebelles sont l’origine des blocages dans l’application de l’accord de paix.
«Ce camp est situé à une entrée stratégique de la ville de Kidal et si la CMA doit le libérer, il faut qu’elle s’assure que cette position soit bien sécurisée ; car, n’importe quel type de menace peut atteindre la ville à partir de cet accès», a laissé entendre Almou Ag Mohamed faisant ainsi la preuve que la coordination redoute une éventuelle surprise désagréable à l’image du coup qu’a subi le lieu apprêté à Gao pour le lancement de ce MOC. On se rappelle que, le 18 janvier dernier, une attaque suicide perpétrée contre ce camp où étaient réunis les Hommes sélectionnés pour mener les patrouilles mixtes comme prévu dans l’accord pour la paix et la Réconciliation nationale, avait fait 77 morts et 120 blessés graves. C’est, donc, par prévoyance de ces genres d’actes risqués que la CMA chercherait à mettre toutes les gages de son côté. Elle veut ainsi mettre la charrue devant les bœufs parce que voulant, selon le Comité de Suivi de l’Accord (CSA), intervertir l’ordre normal des choses selon lequel la libération du camp I de Kidal doit précéder l’installation du MOC dans la ville. Point besoin de dire qu’on assiste là à l’ouverture d’un bras de fer.
Au sujet de la lenteur dont elle est accusée dans la mise en application de l’Accord, la Coordination renvoie la balle dans le camp du Gouvernement malien. «On a réussi à mettre en place les autorités intérimaires. On a réussi à aller vers un début de normalisation en termes de patrouilles mixtes. Au camp de Gao, les FAMA, la CMA et la Plateforme vivent en parfaite symbiose, il n’y a plus de différence. Dans les prochains jours, on va mettre en place le MOC de Kidal, de Tombouctou, etc. Le DDR est en train de fonctionner tout timidement. Nous pensons qu’il faut une volonté politique forte de la partie gouvernementale pour que cet accord puisse évoluer plus rapidement», a déclaré Almou Ag Mohamed, porte-parole de la CMA.
Katito WADADA : LE COMBAT