L’Imam Dicko s’est retiré de sa case de la mosquée de Badalabougou pour hausser le ton. En premier lieu par son manifeste rendu public le 5 février dernier. Face à la situation du pays, le chef spirituel ira-t-il dans la case du M5 ?
Longtemps écarté de la scène politique, le très influent imam Dicko dormait dans sa case spirituelle de chef religieux à Badalabougou. De là, il observe avec son cœur chaud la politique malienne, et surveillait de près les forces obscures qui voudraient mettre en mauvaise passe le destin de ce pays. Cela a été de courte durée puisqu’il sort de son silence par un houleux manifeste, haussant ainsi le ton ce 5 février 2021. Évidemment, on n’y croyait pas tellement. L’imam de Badalabougou abandonnant tout ce brouhaha pour se consacrer uniquement à son travail de chef religieux, comme il sait le faire habituellement. Comme s’il avait accompli une mission de la chute de l’ancien président Ibrahim Boubacar Kéïta, un grand succès, pourrons-nous dire. Telle était, comme nous le croyons, l’objectif auquel il s’était lourdement accroché. Pendant de nombreux mois, en tant qu’Autorité morale, Dicko s’était tenu aux côtés du mouvement contestataire M-5 pour les appuyer dans leur combat ou devrons-nous dire le contraire ; ce sont eux qui ont été les béquilles sur lesquelles il s’est agrippé pour arriver à ses fins. Renverser le président IBK, tout en espérant reprendre du service sous son influence. Tout compte fait, il est revenu sur la scène politique comptant bien sûr sur son aura pour réussir cette nouvelle lutte et la rendre implacable à coup sûr. Arrivera-t-il à le faire ? C’est une hypothèse qui serait aujourd’hui sur la table, une hypothèse absolument envisageable pour les deux parties afin de trouver ensemble une issue. Une hypothèse que personne de nos jours ne saurait mettre de côté. Mais l’Imam de Badalabougou, très influent, captivera-t-il encore les Maliens ? C’est la question que de nombreux observateurs se posent pour l’heure. Après tout, droit dans ses bottes, le chef spirituel après surtout son manifeste en début février 2021, reste imperturbable. À notre avis, avec toute l’estime que l’imam porte à son pays, le Mali, il ne va pas rester sans réagir en se comportant en spectateur. « …nous voulons préserver notre pays. Le M-5 n’est, ni l’ennemi de l’armée, ni l’ennemi de la diaspora, encore moins du peuple malien. Nous souhaitons que chacun vive dans l’aisance qu’il mérite…l’art de la guerre ne rime pas avec la politique. La politique appartient aux hommes politiques et la guerre appartient à l’armée » avait laissé entendre l’ancien ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Mohamed Aly Bathily, membre du M-5, au Palais de la Culture le 21 février dernier lors d’un meeting. Préserver le pays, c’est aussi la volonté de l’Imam de Badalabougou, en tout cas c’est ce qu’il a laissé entendre dans son manifeste. D’autant plus qu’il disait haut et fort, dans ce texte, qu’il faut sauver le Mali et que les gouvernants d’aujourd’hui, c’est-à-dire les autorités de la transition, auraient pris un chemin qui ne lui plait absolument pas. Sortir de la mosquée de Badalabougou pour tenter de sauver le Mali de la situation aussi grave qu’il vit, selon l’imam Dicko. Mais, une remarque de taille, dans son sillage, le M-5 a emboité le pas à travers ce meeting que nous avons précité dans ce papier. Hélas, des luttes sont parallèles et on est loin d’une alliance, mais plutôt une contestation commune et à distance. De là, l’on ose dire qu’un possible remariage entre Mahmoud Dicko, le très influent Imam de Badalabougou et le M5 serait en gestation. Mariage ou pas, le temps nous le dira.
Moriba DIAWARA LE COMBAT