jeudi 28 mars 2024
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IFM Hégire de Tombouctou : 104 Elèves-maitres renvoyés «injustement»

Le Mali a un manque criard  d’enseignants biens formés. Et c’est ce moment que choisi la Direction de l’Institut de Formation des Maîtres (IFM) Hégire de Tombouctou pour se débarrasser «injustement» des  jeunes qui aspirent assurer la relève. Même si les élèves-maitres ne seraient pas eux aussi sans reproches.

Le métier d’Enseignant, on le sait, n’attire plus sous nos cieux.  Les conditions précaires des Enseignants sont passées par là. Mais, malgré cet état de fait, il y a des jeunes qui veulent embrasser ce métier noble.  L’on a pu constater depuis quelques années, l’engouement des jeunes diplômés se présenter aux différents concours pour intégrer les Instituts de Formation des Maîtres (IFM).  De Kayes à Tombouctou, en passant par Tominian, les IFM ne désemplissent plus. Et, cela est de bonne guerre et salutaire dans un pays où ceux qui exercent le métier d’Enseignant le font plus par nécessité que par amour du métier. Mais voilà qu’il se trouve des personnes pour briser cet élan. Ils sont 104 a avoir été renvoyés cette année à l’IFM Hégire de Tombouctou. Selon les élèves- maîtres renvoyés,  ils auraient été piégés par leur Direction. Car, selon eux, c’est leur seule moyenne du premier trimestre qui a été divisée par deux. A moins d’avoir 20 de moyenne, toutes les moyennes divisées sont en dessous de 10, la moyenne requise pour passer en classe supérieure. N’ayant pas ces dix de moyennes après division, ils ont été exclus. La moyenne a été divisée par deux, parce qu’il y a eu au cours de l’année scolaire deux trimestres. Mais, le hic, c’est que ces élèves-maîtres n’ont pas composé pour le deuxième trimestre à cause d’un bras de fer qui les opposait à la Direction. Selon ces élèves, l’école faisait face à un manque de table banc qu’il fallait régler avant le jour des examens. La Direction avait pris l’engagement de le faire, à leurs dires. Mais, il se trouve que le jour-j, il n’y avait pas de table-banc et on voulait les «obliger» à faire les examens, chose qu’ils ont refusé. «Le Directeur, Mohamed Cissé, nous avait promis que nous aurons des bancs, mais, à la dernière minute, on voulait nous dispatcher dans des écoles. Ce qui n’était pas prévu, c’est pourquoi nous aussi avons refusé », disent-ils en cœur. C’est ce bras de fer qui finira par leur coûter leur exclusion aujourd’hui. Leurs différentes démarches au niveau de l’Académie et du Ministère se sont, selon eux, avérées veines tant chacun rejette la faute sur l’autre.

Le Directeur que nous avons tenté de joindre pour recouper l’information s’est défaussé. Tout compte fait, on a réussi à discuter avec une source sur place bien au fait de cette crise. Selon cette source qui, en tant qu’humanitaire, milite pour la cause des faibles, trouve pour une fois que les élèves ont été assez loin dans leur bras de fer. Selon elle, les interventions du grand Imam de Tombouctou et de nombreux parents d’élèves devaient faire fléchir les élèves pour participer à des examens qui sont nationaux. Dans un examen qui se tient en même temps sur toute l’étendue du territoire national, il est difficile de traiter des cas individuels et c’est ce qu’ils ont essayé de faire comprendre en vain aux élèves-maitres. «Ça ne coûtait rien aux élèves-maitres d’aller composer dans d’autres écoles, l’essentiel étant de participer aux examens», dit-elle. Cette décision de diviser les moyennes des élèves-maîtres par deux pourrait s’apparenter à un règlement de compte. Car, selon notre source, le comportement «violent » du comité AEEM de l’école a fait qu’ils étaient tenus à l’œil.

Aujourd’hui, il ne s’agit pas pour les élèves-maitres que nous avons rencontré de situer les responsabilités ni de chercher des coupables. Tout ce qu’ils veulent c’est de pouvoir réintégrer l’école et continuer leur formation pour servir un pays qui a fortement besoin d’Enseignants compétents. Dans un pays où des fonctionnaires radiés sont réintégrés par la suite, il ne devrait pas être impossible pour le Ministère de l’Education et l’Administration scolaire de trouver des voies et moyens pour récupérer ces 104 futurs Enseignants dont le Mali a fortement besoin. Il s’agira surtout de mettre la communication au devant de tout ; car, le fait que le Directeur de l’établissement ait refusé de nous répondre témoigne de l’absence de communication entre lui et ses élèves. Quand on comprendra pour les uns que la communication n’est pas une faiblesse et pour les autres que le compromis n’est pas de la lâcheté on aura fait un grand pas vers la résolution de cette crise. Qui, il faut le dire, est encore possible si la bonne volonté est là. Affaire à suivre !

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