Au Mali, pendant l’hivernage, le paludisme est la maladie qui fait plus de victimes que n’importe quelle autre maladie. Ce ravage est dû au non-respect des mesures de lutte contre le paludisme préconisées par les agents de santé. Cette recrudescence du paludisme est surtout causée par la prolifération des moustiques en cette période hivernale. Pour des spécialistes, il faut davantage de sensibilisation, et de salubrité pour lutter contre cette maladie.
Dormir sous les moustiquaires imprégnées, éviter les eaux stagnantes, pulvériser les domiciles, porter des habits qui couvrent tout le corps pendant la nuit et en cas de voyage dans un lieu endémique, se faire prescrire un médicament de prophylaxie, telles sont les consignes pour éviter le paludisme.
Effectivement, la saison des pluies est la période où l’on assiste à une recrudescence des cas de paludisme notamment chez les enfants de 0 à 5 ans et les femmes enceintes. Le paludisme, autrement appelé « Malaria », est une maladie provoquée par l’anophèle. Elle s’installe dans les globules rouges et déstabilise le bon fonctionnement du corps, rendant ainsi la victime de plus en plus faible si des mesures ne sont pas prises. Selon l’OMS, le paludisme tue un enfant de moins de 5ans chaque 2 minutes dans le monde; 500 millions de personnes sont atteintes du paludisme et plus de 3500 de personnes meurent par jour.
Au Mali, c’est pendant cette période d’hivernage qu’on assiste à la propagation du paludisme, faisant plusieurs victimes. Cet adage qui dit « après la pluie vient le beau temps » ne correspond pas aux réalités du Mali. Après la pluie, on se retrouve dans l’humidité, les eaux usées, la stagnation des eaux de toilette dans les rues. La chance serait même de ne pas se faire renverser dans l’eau sale par un conducteur trop pressé.
Ainsi, selon les statistiques sanitaires du Mali, en 2020, ce sont plus de 2,6 millions de personnes qui ont été victimes de la maladie, dont 843 961 cas graves et 1 708 décès. Cette situation est due au manque d’hygiène, d’assainissement, etc. Puisque le moustique porteur du parasite (plasmodium) du paludisme est un moustique femelle, qui vit dans les eaux sales, pendant l’hivernage, il vit dans les flaques d’eau et les eaux usées. Ce problème d’assainissement donne un abri à ce parasite pour mieux pondre ses œufs, et c’est ce qui entraîne la prolifération des moustiques.
Des dépenses extraordinaires pour les chefs de famille
Bien vrai qu’ils ne sont pas directement menacés par cette maladie, les chefs de famille sont également victimes. Dans une seule famille, deux à trois personnes peuvent contracter la maladie et les charges sont à la solde du chef de famille. En cette période très difficile où les chefs de famille ont du mal à joindre les deux bouts, cette maladie risque de faire des ravages, surtout quand on sait qu’ils ne sont pas aussi nombreux à avoir une assurance maladie couvrant toute la famille.
Bourama Sanogo nous a expliqué sa situation: « je suis un mécanicien qui travaille au bord de la route. C’est avec cet argent que je nourris ma famille. Quand un de mes enfants tombe malade, je ne dors plus, car ce sont des dépenses. Quand tu pars à l’hôpital pour les soins, tu payes la consultation, les ordonnances et même les injections sont payantes. Si on doit vous faire 4 injections, les infirmiers qui sont là-bas vous prennent 1000 FCFA à chaque injection. Moi, combien je gagne par moto pour avoir une telle somme?», s’est-il interrogé.
Il n’est pas le seul dans ce cas de figure. Certains chefs de famille préconisent les médicaments thérapeutiques qui coûtent moins cher et qui selon eux sont plus efficaces que les produits pharmaceutiques.
Le paludisme, l’affaire de tous
À ce stade, les mesures individuelles ne suffisent plus, il faut réellement des mesures collectives. Le paludisme reste une maladie dangereuse qui fait plus de victimes. Faut-il rappeler que le paludisme est un problème de santé publique ? De ce fait, il faudra respecter les mesures de prévention. Il s’agit de dormir sous les moustiquaires, adopter les moustiquaires pour toute la famille, assainir les concessions et les alentours des maisons. Il faut vraiment tout faire pour éliminer les eaux stagnantes pour diminuer le nombre de cas de cette maladie. Comme le dit un proverbe, « mieux vaut prévenir que guérir ».
Kadia DOUMBIA LE COMBAT