Les 72 heures de grèves décrétées par la plus grande centrale syndicale du Mali a mis le pays à genou. La réussite du mouvement d’humeur a pris de cours, même le «hérisson» de Premier Ministre qui avait réussi, jusqu’ici, à amoindrir sinon à saboter les grèves et mouvements précédents.
De Kayes à Mopti, il ne se trouve aucune Région, où existent encore de vraies Représentations de l’Etat qui n’ait ressenti l’effet de la grève de 72 heures décrétée par l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM). Au premier jour de la grève, entouré de ses Lieutenants dans les enceintes de la Bourse du Travail, Yacouba Katilé, Secrétaire Général de l’ UNTM, estimait que la suivie du mot d’ordre de grève était estimée entre 95 et 100%, selon les endroits. Le sourire en coins des lèvres, il semblait narguer le palais présidentiel qui se trouvait à portée de vue. «J’espère que lors des prochaines négociations on nous prendra au sérieux», disait-il comme pour signifier que cette grève était le résultat de l’arrogance à l’extrême des Gouvernants. Si la réussite de la grève a permis à Katilé et compagnie de montrer à l’Exécutif leur force de nuisance, il a permis aussi d’asseoir la légitimité de celui qui était jusque-là contesté par un certain nombre de Syndicalistes. Les mêmes qui ont d’ailleurs tenté de boycotter la grève. Mais le résultat est là: Katilé est sorti vainqueur du bras de fer qui l’a opposé au Régime et à ses détracteurs.
Echec personnel du PM ?
Béchir Ben Yahmed, le père fondateur de l’hebdomadaire international Jeune Afrique, dans un de ses éditos, disait que la réalité du Pouvoir au Mali est détenue par le Premier Ministre. Ici aussi, personne ne pourra soutenir le contraire. Et, pour cause, la saignée au sein du parti présidentiel, le RPM pourquoi ne pas le nommer, se fait au profit du parti du Premier Ministre. Et, pourtant, un certain Moussa Mara, Chef de Gouvernement, avant Soumeylou Boubèye Maïga, avait été limogé pour ses «intentions» de servir son parti avant la patrie et le parti présidentiel. Il doit rire sous cape en entendant Soumeylou Boubèye Maïga dire, lors du dernier congrès de son parti, en présence de Bocary Tréta, Président du RPM que le «chien ne mord pas le hérisson».
Si tant est que la réalité du Pouvoir c’est lui, Soumeylou Boubèye Maïga, c’est alors contre lui qu’a gagné Katilé. On le sait, depuis son arrivée à la Primature, l’actuel PM est fréquemment monté en première ligne contre les mouvements de contestations et de grèves. Et, à chaque fois, par sa stratégie naturelle de «diviser pour régner» qu’il sait savamment mettre en œuvre, il a réussi à saboter les mouvements et, à défaut, les mater. Les dernières marches de l’opposition en sont une preuve encore récente. Un peu plus loin, les militants de l’ADEMA se souviendront que l’injonction faite aux partis politiques par le PM pour qu’ils choisissent leur camps avant la présidentielle a précité le clash entre les Dirigeants de la ruche et la base, au moment où des réunions se multipliaient pour trouver une solution consensuelle.
Cette fois-ci, la mayonnaise n’a pas pris. Les gesticulations et les nombreux communiqués pondus à la va vite pour se désolidariser du mouvement de grève n’ont pas porté fruits. Faut-il croire que la stratégie du «diviser pour régner» est arrivée à bout de souffle et avec elle son plus grand fan ? En tout cas, à cet âge, on ne se refait plus. Si la fameuse stratégie a eu quelques chose d’éclatant sous nos cieux, l’UNTM et son Secrétaire Général viennent de prescrire son remède à tous ceux qui en ont besoin: l’unité, la conviction et la volonté!
Mohamed Sangoulé DAGNOKO : LE COMBAT