Bientôt un mois depuis que le secteur de la santé observe une grève illimitée. Une grève aux conséquences fâcheuses. La Ministre en charge de ce secteur a été d’ailleurs remerciée lors du dernier remaniement ministériel. C’est au lendemain de ce remaniement que la puissante centrale syndicale, l’UNTM, en collaboration avec la CSTM, a animé, à son siège, une grande conférence, pour se prononcer sur la question.
La santé va mal au Mali. Et, pour cause, les acteurs du secteur observent, depuis bientôt un mois, une grève illimitée. Les négociations entamées avec les autorités n’ont jusqu’à présent pas porté de fruits. C’est face à cette situation de bras de fer entre les deux parties aux positions figées que les deux principales centrales syndicales du pays, l’UNTM et la CSTM, ont décidé d’agir en synergie pour trouver une solution. Le Secrétaire Général de l’UNTM, Yacouba Katilé rappellera, lors de cette conférence, que la crise n’est pas spontanée. «Il faut se souvenir que la grève de la santé n’est pas un phénomène spontanée. Dès la fin du 12e congrès du syndicat national de la santé et des affaires sociales, des doléances ont été formulées. C’était en 2012 ». Il a dénoncé l’attitude des Ministres des départements concernés qui, malgré un chronogramme d’exécution détaillé et la mise en place d’une commission de suivi à l’issue de la conciliation, «ne répondaient pas aux sollicitations écrites du Bureau national du syndicat de la santé, mais également ils refusaient toute audience à ses Responsables», a fustigé Yacouba Katilé. Des actes contraires, selon lui, à l’esprit démocratique. «De 2012 à 2017, les mêmes doléances sont restées sans réponse et, ce, malgré des grèves interrompues par les syndicalistes suite aux bons offices d’éléments de la société civile».
La nature illimitée de cette grève s’explique, selon le Secrétaire Général de l’UNTM, suite au constat fait que les autorités n’ont pas la volonté de solutionner le problème, que leurs priorités sont ailleurs et face au démantèlement lent, mais progressif, des capacités techniques et professionnelles dans les centres de santé. «Malgré la persistance de la grève, les autorités ont misé sur la fatigue et le découragement des syndicalistes au lieu de privilégier le dialogue», s’est-il plaint.
Grève légitime et légale
A en croire Yacouba Katilé, aucune législation au monde ne saurait déceler en cette grève des irrégularités. D’où sa légitimité et sa légalité. S’il y a irrégularité, ce serait plutôt du côté des autorités nationales qui, au lieu des contre-vérités, doivent, selon lui, déposer leur égo et se mettre au service du Peuple. «Les syndicats de la santé ont agi dans leurs droits. Nous les en félicitons. L’Etat doit en faire de même».
«Si l’UNTM n’avait pas réagit jusqu’ici, c’est par respect aux droits et libertés des travailleurs de la santé de les laisser agir tant qu’ils auront encore des ressources et de l’espoir », a dit son Secrétaire Général. L’UNTM entend prendre le relais si, au bout de l’effort du syndicat de la santé, ils signent un procès-verbal de non conciliation.
En ce moment, Yacouba Katilé espère de tout cœur que les pouvoirs publics prêteront une oreille attentive sinon ça va être «extrêmement dangereux». Le nouveau Premier Ministre, Abdoulaye Idrissa Maïga, et son Ministre de la Santé, le Professeur Samba Sow en sont avertis.
Mohamed Dagnoko : LE COMBAT