En entamant le lundi dernier leur grève de 7 jours, malgré le code de bonne conduite imposé par ces temps-ci par le département de l’Administration territoriale, pour raison du sommet Afrique-France que Bamako abrite, les magistrats, affiliés au Syndicat Autonome de la Magistrature, viennent de lancer un véritable défi au Ministre Mohamed Ag Erlaf. A moins d’une trêve de deux jours coïncidant au sommet, à observer dans ce mot d’ordre de grève, l’Histoire aura retenu que tout n’aura pas été rose pour le Gouvernement dans son organisation de la rencontre Afrique-France.
Cette rencontre, le Gouvernement se la voulait propre et exempte de toute critique ; car, c’est elle qui va servir de déclic pour le retour de notre pays sur la scène internationale après la longue crise qu’il est en train de subir depuis 2012. C’est justement dans cet ordre d’idées que des consignes ont été très fermes de la part des plus hautes autorités du pays pour une réussite totale de ce grand événement. Tous les défis devaient être ainsi relevés, surtout celui sécuritaire sur lequel le Mali est très attendu en raison de sa situation précaire caractérisée par des attaques terroristes incessantes dans ses parties septentrionale et centrale. A ce niveau, tout semble, en effet, être fin prêt comme si les autorités de notre pays ou, du moins, les organisateurs du sommet avaient scellé un quelconque compromis avec les groupes terroristes qui sévissaient. Pour preuve, on assiste, depuis un certain temps, à une relative accalmie dans les attaques; toute chose qui réduit la psychose chez les hôtes entre-temps habitués à entendre parler, pratiquement chaque semaine, d’embuscades, d’explosions de mines anti-personnel, de tirs de roquettes et d’obus, etc. au Mali.
Sur le plan social, dame chance a souri au Gouvernement qui a évité de justesse le déferlement des populations dans les rues suite à l’affaire dite de signature d’un présumé accord de réadmission des Maliens de l’Europe. Par le bais d’un accord arraché au forceps à Paris, le Consul par intérim, Mamadou Djimé Diallo, venait de sauver les meubles ici à Bamako où le feu naissant de cette affaire a failli s’allumer.
C’est ainsi que tout allait bien dans les préparatifs à telle enseigne que, chemin faisant, le Gouvernement a sous-estimé la bravoure des Magistrats pour se montrer négligeant dans les négociations qu’il avait entamé avec eux suite à leur préavis de grève du 23 décembre 2016. Et lorsque le Ministre de l’Administration territoriale demandait aux partis politiques de faire profil bas dans tout ce qui est protestation pendant cette période charnière du sommet, il ignorait, peut-être, que les conciliateurs n’avaient pas pu parvenir à un rapprochement des points de vue entre le Gouvernement et le SAM. N’ayant donc pas pris le soin de joindre des syndicats professionnels à sa rencontre tenue avec les partis politiques sur le sommet, le Ministre Mohamed Ag Erlaf n’aura pas eu le temps de regretter cette légèreté. Il est mis devant les faits accomplis par rapport au lancement de cette grève de 7 jours. Même si ce mouvement n’affecte en rien directement le sommet, il aura eu le mérite de signifier au Gouvernement qu’il se doit de composer avec toutes les autres couches sociales et administratives nationales que de se limiter aux politiques. En tout cas, Abdoullah Coulibaly, le Président du Comité d’organisation du sommet et le Ministre Mohamed Ag Erlaf auraient mieux à gagner sans cette grève qu’avec elle. Ce, dans la mesure où elle aura entaché l’atmosphère du sommet Afrique-France de Bamako d’un couac aussi léger soit-il.
Katito WADADA : LE COMBAT