Le Mali est confronté à un phénomène de corruption de plus en plus galopant. Plus que les régimes précédents, le pouvoir d’IBK a davantage renforcé cette véritable menace pour la stabilité et la sécurité de la société malienne. L’affaire de loi portant sur l’enrichissement illicite au Mali est révélatrice.
«La corruption est un mal insidieux dont les effets sont aussi multiples que délétères. Elle sape la démocratie et l’État de Droit, entraîne la violation des Droits de l’Homme, fausse le jeu des marchés, nuit à la qualité de la vie et crée un terrain propice à la criminalité organisée, au terrorisme et à d’autres phénomènes qui menacent l’Humanité… Ce sont les pauvres qui en pâtissent le plus, car, là où elle sévit, les ressources qui devraient être consacrées au développement sont détournées, les Gouvernements ont moins de moyens pour assurer les services de base, l’inégalité et l’injustice gagnent et les investisseurs et donateurs étrangers se découragent. La corruption est l’une des causes des mauvais résultats économiques, c’est aussi un obstacle de taille au développement et à l’atténuation de la pauvreté».
Ainsi s’exprimait le Ghanéen Koffi A. ANNAN, ancien Secrétaire Général de l’Organisation des Nations-Unies, lors de l’adoption, le 31 octobre 2003, suivant la Résolution 58/4 de l’Assemblée Générale des Nations-Unies, de la Convention de l’ONU contre la corruption.
Selon un juriste malien en service au pôle économique de Bamako, cette affirmation de Monsieur Koffi ANNAN permet de comprendre que la corruption constitue une véritable menace pour la stabilité et la sécurité de nos sociétés, en sapant les institutions et les valeurs démocratiques, les valeurs éthiques et la justice et en compromettant le développement durable et l’Etat de Droit. Aussi, la corruption constitue ainsi le terreau favorable qui nourrit toutes les autres formes de criminalité, notamment le banditisme organisé et la délinquance économique et financière comme le blanchiment d’argent sale et le terrorisme.
Cependant, le constat qui s’impose c’est qu’au Mali le phénomène se banalise et s’amplifie, si bien que les atteintes aux biens publics et aux avoirs des particuliers sont devenues presque normales au sein de la société malienne. Et certains cadres de la République se vantent d’avoir construit de nombreuses maisons à coûts des dizaines ou des centaines de millions de nos francs, d’avoir envoyé leurs enfants faire leurs études à l’étranger dans les plus prestigieuses universités du monde. Alors même qu’ils n’ont pas gagné à la loterie ni hérité d’une grosse fortune et que le cumul de leurs salaires durant tout leur temps de travail ne leur permet point d’effectuer le millième de ces réalisations.
Ici, il faut faire l’allusion aux cas de détournements. C’est pourquoi le traitement de faveur ou encore l’épargne de certaines autorités a été accordé l’attention de plus d’un observateur lors de l’élaboration de la loi portant l’enrichissement illicite au niveau de l’Assemblée Nationale. À ce niveau, la Représentation nationale a soustrait la déclaration des Biens des Députés de ladite loi. Toute chose qui a indigné le Syndicat des travailleurs de l’Administration d’État qui a eu à décréter une grève avant d’avoir sa révision au risque d’une autre illimitée. C’est dire que le Régime affiche clairement son incompétence à y faire face ou, du moins, il protège et soutient ses cadres dans le domaine de la corruption.
Ainsi, le Chef de file de l’opposition, Président du parti URD, Soumaïla Cissé, lors de la 8e conférence nationale de son parti, n’a pas mâché ses mots. Selon lui, «pour réussir ensemble demain, votre mobilisation plus que généreuse et solidaire vise à proposer à notre pays plus qu’une alternative, plus qu’une alternance, un véritable projet de gouvernance. Oui, un projet de bonne gouvernance, un solide et réaliste programme de développement et un pacte national de solidaritéì sociale et de justice égalitaire. Oui, notre pays a besoin d’une vision claire et affirmée pour plus d’équité et de justice sociale ». Et, par la même occasion, il dénonce le phénomène de corruption qui est, selon lui, endémique. Il a condamné la dernière reculade du Gouvernement dans l’application de la loi sur la lutte contre la corruption. Selon Soumaïla Cissé, cela illustre incontestablement le manque de volonté politique du Régime actuel d’éradiquer ce fléau qui gangrène notre économie et pour lequel les plus pauvres payent un très lourd tribut.
La mauvaise, voire désastreuse gouvernance, est criarde. Le phénomène est à la base du chômage et l’exode des jeunes. Les familles sont, à cet effet, jetées dans l’angoisse totale.
La nécessité d’une pression de la société civile
Il est essentiel que les différentes organisations de la société civile du pays s’emploient efficacement contre le fléau. Car, il règne à ce niveau une faible mobilisation de la société civile (manque de pressions, de plaidoyers tant pour l’amélioration des textes, des conditions de vie et de travail des acteurs que pour la fin de l’impunité).
Par ailleurs, la justice joue et doit jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre la corruption. Sans elle, cette lutte est vaine. Cependant, pour bien la mener, elle a besoin de moyens et du soutien de la société civile ; toutes choses dont la faiblesse entrave son activité.
De toutes les façons, aucune société ne peut se développer, se construire, tant que règne en son sein la corruption.
Oumar Diakité : LE COMBAT