Lorsque, le 3 septembre dernier, Koulouba opérait certains changements au niveau de l’appareil de l’Etat, avec le passage du Ministre Abdoulaye Idrissa Maïga au portefeuille de la défense, il ignorait que des secousses pouvaient se faire ressentir dans les rangs des groupes rebelles du nord. Ceux-là à qui le retour aux affaires quelques jours plus tôt de Soumeylou Boubèye Maïga est resté aux travers de la gorge, doivent voir leurs inquiétudes grandir d’un cran quand on sait que ni l’ancien Ministre de l’Administration territoriale, ni le nouveau Secrétaire Général de la Présidence de la République ne jouissent d’une bonne réputation auprès de la rébellion touarègue.
Il n’y a donc pas que le Ministère de la Sécurité et de la Protection civile à être affecté par ce léger réaménagement, ce, de par les nouvelles mesures prises à ce niveau ; notamment, en ce qui concerne le renforcement de la sécurité par une opération militaire d’envergure que l’on crie sous tous les toits. La nomination successive de ces deux Maïga semble avoir fait des aigris du côté de la CMA. Nous en voulons pour preuve le passé de ces deux hommes, qui n’a pas forcément fait l’affaire des rebelles. Le remplaçant du Ministre Tiéman Hubert Coulibaly, étant un ancien Directeur de Campagnes du Président IBK lors de la présidentielle de 2013 tandis que Soumeylou Boubèye Maïga, “Le Tigre”, lui se trouve être l’ancien patron des services de renseignements de 1993 à 2000, il y a de quoi se demander si ces deux hommes faciliteront la difficile mise en œuvre de l’accord de paix.
Issus tous deux de l’ethnie songhaï et tous encore originaires de Gao, Abdoulaye Idrissa Maïga et Soumeylou Boubèye Maïga comptent bon nombre de détracteurs parmi les rebelles indépendantistes du nord Mali qui composent aujourd’hui la CMA. Certains verraient en ce réaménagement opéré par le Chef de l’Etat une volonté manifeste de chercher à saboter l’application de l’accord de paix. On se rappelle que le Ministre Abdoulaye Idrissa Maïga avait été notamment accusé de s’être montré complaisant envers les jeunes de Gao qui s’étaient soulevés en juillet dernier contre les autorités intérimaires prévues par l’accord de paix. Devant être mises en place dans les collectivités territoriales des cinq Régions du nord de notre pays, ces structures chargées d’administrer le septentrion malien constituaient une revendication clé des groupes armés et rebelles lors des négociations d’Alger.
Parmi les jeunes manifestants qui ont protesté en juillet dernier à Gao, beaucoup avaient soutenu, il y a un peu plus de trois ans, les terroristes du MUJAO qui recrutaient dans les communautés noires maliennes, principalement Songhaïs et Peulhs, avant d’être dispersés de cette zone par l’opération française Serval. A Gao, ils se sont toujours montrés hostiles à toute implantation de mouvements armés à dominante touarègue.
Soumeylou Boubèye Maïga, lui non plus, ne doit pas avoir bonne image aux yeux des séparatistes. Nul n’ignore, en effet, qu’il a toujours été soupçonné d’avoir participé à la création des milices “Ganda Koy”, l’embryon du GATIA d’aujourd’hui, mises en place pour contrer la rébellion touarègue dans les années 1990 sous le Régime d’Alpha Oumar Konaré. Ses attaches avec le pouvoir algérien qui n’a jamais fait mystère de son attachement à l’intégrité territoriale du Mali doivent, par ailleurs, raviver les doutes à la CMA par rapport à sa volonté de véritablement mettre en œuvre les points de l’accord favorables aux rebelles. Que de grincements de dents !
Katito WADADA : LE COMBAT