Pour célébrer son demi-siècle sur la terre, le Directeur de la Sécurité d’État, le Général Moussa Diawara, n’a pas lésiné sur les moyens. Ce ne sont pas les nombreux internautes maliens qui se sont délectés des vidéos de cette fête censée être intime qui diront le contraire.
50 ans. Un bel âge. Un demi-siècle de vie sur terre. Ça se fête. Et c’est normal. Personne n’en voudrait à son prochain de fêter son jour d’anniversaire. D’ailleurs, ça se fait à longueur de journée sans que personne ne trouve à redire. En plus, ce sont des moments de partage et de bénédictions. Sur les réseaux sociaux, les dates anniversaires sont célébrées par les ami (e)s à travers des posts accompagnés de nombreuses bénédictions. Mais, pourquoi le dernier anniversaire en date, fait-il couler beaucoup d’encre et de salives ?
Il s’agit là, de l’anniversaire du Directeur de la Sécurité d’État, le Général Moussa Diawara. Très tôt dans la matinée du dimanche 10 mars, comme une trainée de poudre, une vidéo, dans laquelle l’on voit le Général, en t-shirt, pantalon léger, nu-pied, entouré des membres de sa famille se diriger vers ce qui ressemble à un garage. Là, un véhicule tout neuf est stationné: c’est un cadeau d’anniversaire que lui offre un membre de sa famille ! Rien d’anormal. Dans la même vidéo, qui ressemble fort à un montage de bout à bout d’une série de petites séquences de vidéos, l’on voit une bâche sur laquelle est marquée «Happy birthday» accompagné de la photo du Général en costar et cravate nœud papillon. Un peu plus loin, une jeune fille se filmant avec l’Artiste congolais, FallyIpupa (Dicap la merveille). Ce dernier, selon les commentaires qui accompagnaient la vidéo, était l’Invité spécial pour célébrer l’anniversaire de notre Général. Plus que la dimension de la fête qui est à l’image des avoirs du Général, c’est le fait d’avoir fait déplacer un Artiste international pour fêter un anniversaire qui a hérissé plus d’un. «Dans un pays pauvre comme le Mali, un pays en guerre, où chaque jour nos frères et parents militaires tombent sur-le-champ de l’honneur, voir un citoyen, qui plus est un militaire, fêter de la sorte, c’est tout simplement scandaleux», dit un Internaute qui joint à son post l’image d’un frère qu’il a perdu lors de la dernière explosion de mine à Douentza.
Assis en groupe au tour de l’éternelle théière fumant des Maliens, ces jeunes de Bacodjicoroni défilent les images et informations sur les écrans de leurs Smartphones. La causerie tourne autour de la fête-anniversaire du Général. Dans le groupe, seul Oumar trouve que personne ne devrait critiquer cette fête. «Il a son argent, il organise la fête de ses moyens. Je n’y vois personnellement pas de problèmes», argua-t-il face à la virulence de ses amis de grin qui pensent, quant à eux, que la «décence» aurait voulu qu’un militaire ne célèbre pas un anniversaire avec autant de faste, dans, en l’occurrence, un pays en «guerre». Pour Aly, un autre membre du grin, «… si nous sommes ce lundi assis à faire du thé, c’est parce que les enseignants sont en grève. On leur dit qu’il n’y a pas d’argent. Et, au même moment, on voit des Fonctionnaires de l’État se permettre de telles choses, c’est inacceptable», cracha-t-il.
Dans ces deux jours, les réseaux sociaux et les grins de Bamako ne bruissent que de ce sujet. Un sujet dont on aurait bien pu faire l’économie surtout au moment où le Président de la République et le Chef du Gouvernement sont sur tous les fronts pour trouver des solutions à la crise que traverse le pays.
Mohamed Sangoulé DAGNOKO : LE COMBAT