C’est une chose qu’il faut voir de ses yeux pour le croire. A savoir le vol d’un reste d’ « Omo » acheté à 25 francs CFA. Et, en plus, au cours d’une funérailles !
Le mardi 6 septembre dernier, très tôt le matin, la famille ‘‘F’’ reçoit une mauvaise nouvelle : un parent, venu de la 4e Région, meurt ici à Bamako et la famille en question est sollicitée pour abriter les funérailles. La réponse est oui, bien sûr. Donc, les préparatifs se mettent aussitôt en place : location de chaises, bâches et mises en place diverses. L’enterrement est prévu pour 16 heures et le monde se met en place lentement, par petits groupes, mais drastiquement. La famille, la parenté, le voisinage de la famille ‘‘F’’, etc.… marquent leur présence. Mais d’autres aussi, qui ne font d’aucune de ses catégories, se mêlent au public. Certains sont là uniquement pour brouter le riz de midi avec la viande (une fois la bouffe terminée, ils disparaissent sans laisser de traces).
C’est justement à la fin du repas que la scène à couper le souffle se produit. Les « invités » ont mangé en petits groupes de quatre personnes pour la plupart. Il était juste dans le groupe d’à côté. Votre serviteur avait envoyé un sachet en poudre de 25 francs CFA. A la fin du repas, le reste du savon en poudre ou l’Omo fut déposé sur une chaise vide et un gosse appelé pour le remettre aux laveuses d’assiettes. L’homme de 30-35 ans, maigre et casquette vissée sur son front, tendit la main vers le minuscule sachet et mis du temps avant d’en mettre dans ses mains pas encore lavées. Il prit du temps, ce faisant, afin de ne réveiller aucun soupçon. Il plia ensuite le petit sachet soigneusement pour le glisser dans la poche droite de son pantalon « jean ».
Il se lava ensuite les mains, convaincu que personne n’avait vu son manège. Mais, il avait entendu lorsqu’un gosse avait été hélé pour venir récupérer le reste d’Omo et le ramener. Le petit avait dit qu’il allait revenir tout de suite chercher le paquet entamé. Donc, notre voleur savait que le temps lui était compté. Il finit donc vite de se laver les mains et pris le récipient d’eau sale pour aller verser son contenu dans le fossé d’à côté. Il en profita pour filer en douce.
La question est ici : quel est le mobile qui pousse un adulte à subtiliser le reste d’un petit sachet de savon déjà utilisé ? Est-ce la maladie mentale (la cleptomanie) ? Ou est-ce la triste situation d’un homme intéressé par l’hygiène et la propreté ? A un tel point qu’il vole du savon par pauvreté ? Dans ce dernier cas, ce serait vraiment triste et grave. Alors, les autorités et la société sont interpellés face au double phénomène de chômage des jeunes et de pauvreté.
Le Fouineur