lundi 14 octobre 2024
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Forum de Kidal sans le gouvernement malien : L’expression d’une méfiance réciproque entre Bamako et les rebelles

Longtemps attendu et annoncé à grands renforts de publicité, c’est finalement,  le 29 mars 2016, que s’est ouvert le Forum sur la paix et la réconciliation à Kidal.

Coup de théâtre ! Ce grand rendez-vous de la paix qui devrait réunir tous les signataires de l’accord de paix d’Alger signé en juin 2015, n’a pas vu la participation du gouvernement malien ni celle des groupes armés pro-Bamako réunis au sein du Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA). Pour quelles raisons ? Difficile d’y répondre, tant il subsiste beaucoup de zones d’ombres.
La participation de représentants du gouvernement à ce forum censé amorcer le retour de l’administration dans cette région du Nord du Mali sous contrôle des groupes rebelles et du groupe terroriste Ansar Eddine était subordonnée à la présence de soldats maliens comme garantie.
Cependant, alors que le gouvernement malien qui a pourtant financé l’organisation de ladite rencontre, accuse les rebelles de n’avoir pas respecté leurs engagements, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) dit regretter l’absence de Bamako qu’il invite à revoir sa position en se joignant aux autres parties prenantes pour la réussite du forum.
En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est que ce nouveau couac est l’expression de la méfiance qui existe entre Bamako et les rebelles qui, on le sait, n’ont jusque-là pas renoncé à leur projet sécessionniste. Pour preuve, à deux semaines de l’ouverture dudit forum, certains responsables de la CMA s’étaient dit opposés à toute arrivée d’officiels maliens à Kidal qu’ils contrôlent de main de maître. Si fait qu’en l’absence du gouvernement, tous les diplomates présents à Bamako ont décidé de boycotter cette réunion qui, faut-il le rappeler, avait pourtant suscité beaucoup d’espoirs. Plutôt qu’un forum, il s’agit là d’un aparté entre ex-rebelles. A quoi sert alors une telle rencontre ? Qui, en l’absence de Bamako, présidera les travaux de ce forum ? A qui s’imposeront les conclusions de ce forum ? Sera-t-il possible d’organiser le prochain forum d’avril avec la participation de tous les protagonistes ? On se perd en conjectures, tant l’horizon est sombre.
Trop de zones d’ombres
À l’allure où vont les choses, il faut craindre un blocage. De fait, on a l’impression que la paix au Mali ressemble plus à un mirage qu’à une réalité. Car, plus on s’en approche, plus elle s’éloigne, ce qui ne présente aucune perspective heureuse.

C’est à se demander si certains acteurs, au nom de leurs intérêts personnels, ne préfèrent pas le Mali dans cette situation de ni guerre ni paix favorable à toutes sortes de trafics et de contrebandes. Et par ses frasques et pantalonnades multiples, la CMA donne l’impression de jouer le jeu des ennemis de la paix, comme le tristement célèbre Iyad Ag Ghali et Amadou Kouffa qui avaient ouvertement menacé de perturber la tenue du forum de Kidal.

Pour ces deux djihadistes qui ne veulent pas d’une paix au Mali, sans eux, c’est vraiment un pari réussi étant donné que le forum est à la peine avec l’absence du gouvernement malien et alliés. Et à l’allure où vont les choses, il faut craindre un blocage dans la mise en œuvre même de l’accord de paix d’Alger avec le risque d’une reprise des hostilités dans les jours à venir, surtout que le Gatia connu pour être proche de Bamako, est déjà présent à Kidal.

Toute chose qui pourrait renforcer les capacités de nuisance des  djihadistes qui n’ont pas encore dit leur dernier mot. En témoignent les récentes attaques terroristes perpétrées contre les Hôtels Radisson et Nord-Sud.
Jean Pierre James
LE COMBAT

Rédaction

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