Après une quinzaine d’années d’études dans des conditions rudes et dures, plus de 5000 sortants des instituts de formation des maîtres (IFM), sont aujourd’hui avec leurs Diplômes dans les rues et sans abris. Le Gouvernement, en oubliant leur intégration, veut jeter ces jeunes formés, mains et pieds scellés, expériences en plus, dans le fleuve Niger.
Apprendre aujourd’hui au Mali dans les instituts et grandes écoles nécessite de la persévérance et surtout de la patience. Après tous ces sacrifices, rester sans travail en voyant son Diplôme poussiéreux par l’indifférence de son propre État est le tréfonds du désespoir. Voilà la situation actuelle de plus de 5000 sortants des IFM indignés qui errent avec leurs têtes bien remplies entre les grins et les chantiers de construction de maisons. Le 23 mars dernier, ils avaient prévu une marche pacifique avec comme revendication, la raison de la lenteur du lancement officiel de leur concours d’entrée à la Fonction publique. Mais, cette manifestation a été annulée par Madame la Gouverneur du District de Bamako. Depuis, les autorités maliennes restent inertes et n’ont encore daigné réserver aucune suite favorable à leurs doléances. Pourtant, ce sont des jeunes qui sont prêts à servir le pays.
De ce fait, l’on se demande ce que préconise le Gouvernement pour l’avenir de ces jeunes formés pour éduquer les jeunes générations ? Quelle tristesse! Ils sont à la fois désespérés et inconsolables, mais surtout désabusés face à cette marginalisation du Gouvernement à leur égard. L’IFM est un organe sensible de l’éducation et doit être traité à la hauteur afin que la nation puisse bénéficier fraîchement de leur formation. Mais il y a lieu de se demander si telle est la volonté de nos actuelles autorités nationales. Selon le Président du Collectif des sortants de ladite structure, Issa Dembélé : «Ils sont 5000 sortants des Instituts de Formation des Maitres (IFM) du Mali dont 2000 de Bamako à se voir humiliés et délaissés par les autorités depuis quelques années ». Une situation cruelle contre ces jeunes cadres formés spécialement pour dispenser des cours à leurs sœurs et frères des cycles de la fondamentale, une base solide pour tout étudiant.
Quelles sont les conséquences de cette indifférence ?
En menaçant leur carrière, les IFM sont désormais transformés en des machines de fabrication de chômeurs. Une situation qui multiplie le taux de chômage et empire automatiquement la cherté de la vie tout en aggravant le phénomène de banditisme ou pis encore, inciter les jeunes à l’immigration. De Kangaba à Bougouni puis de Kati à Bamako, etc. , les IFmistes se sentent actuellement oubliés et offensés dans leurs chaires et dans leurs âmes. Par conséquent, ils veulent sortir par d’autres portes si l’État ne prête pas attention à leurs appels.
Que veulent-ils?
L’objectif de toute formation est de servir sa chère patrie, à orienter, contribuer et construire son pays. C’est ça l’esprit civique des sortants des instituts de formation des maîtres. Mais au lieu de rester devant les théières nuit et jour, ils veulent être actifs dans la vie sociétale, surtout qu’il y a carence d’enseignants dans notre pays. Après différentes démarches au cours desquelles ils ont adressé au Ministre de la Jeunesse et de la Construction Citoyenne, au Ministre de l’Éducation Nationale des demandes d’explication sur la lenteur du processus, ils attendent toujours avec impatience. Aucune voix, de quelque autorité que ce soit, ne s’est fait entendre pour, au moins, partager moralement ou solidairement les peines de ces pauvres jeunes.
Étonnant pays, ce Maliba!
Seydou Konaté : LE COMBAT