Avec un appui financier de 65 millions de dollars US, l’USAID, à travers le projet Mali Justice Project, vient de permettre à notre pays de se doter d’un important Rapport de synthèse sur l’état des juridictions au Mali. Un Rapport de 130 pages qui a été conjointement réalisé par la Direction Nationale de l’Administration Judiciaire et l’USAID. La présentation du document a eu lieu hier, jeudi 6 avril, à l’Hôtel Salam, sous l’égide conjointe du Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Me Ismaël Konaté, et de l’Ambassadeur des Etats-Unis au Mali, Paul Folmsbee. C’est en présence des Présidents de la Cour suprême, NouhoumTapily ; de la Cour constitutionnelle, Mme Manassa Dagnoko, et devant un parterre de Magistrats, Procureurs et de tout le monde du secteur de la Justice.
Dans la résolution de la crise qui secoue le Mali depuis 2012, la justice est un maillon essentiel. Pour permettre à ce corps de remplir correctement son rôle, un travail d’évaluation de ses capacités s’imposait. C’est ce travail qui a été effectué conjointement par la Direction Nationale de l’Administration Judiciaire (DNAJ) et le projet Mali Justice Project de l’USAID.
Pour la réalisation de cette enquête qui a concerné onze (11) juridictions, il s’agissait de faire l’état des lieux précis des principales juridictions du pays ; diagnostiquer des métiers en juridictions pour déterminer lesquels devaient, en priorité, bénéficier d’appui de projet pour initialiser et conduire le changement en partenariat avec les agents et pour l’amélioration du service rendu aux justiciables, etc.
Ce programme «d’urgence», selon Jean Lavoie de Mali Justice Project, va permettre de renforcer le secteur de la Justice et promouvoir celle-ci sur toute l’étendue du territoire national. «Elle met le doigt sur les insuffisances des juridictions et préconise les solutions à apporter pour leur bon fonctionnement» a-t-il dit.
A sa suite, Abel Diarra, Directeur national de l’Administration judiciaire, dira que ce document est un «manifeste» pour l’institution judiciaire. «C’est un signe d’alerte par les informations qu’il contient», a-t-il souligné.
Ce Rapport fait partie de l’initiative globale «pour la bonne gouvernance de la sécurité», signée entre le Ministère des Affaires Etrangères et l’Ambassade des Etats-Unis, le 5 décembre 2015.
En signant cette initiative d’un montant de 65 millions de dollars US, les Etats-Unis, selon l’Ambassadeur Paul Folmsbee, témoignent de l’importance à la sécurité des Maliens et à l’intégrité de leur grand pays. C’est aussi une façon pour les USA «d’apporter ainsi une contribution aux défis et aux menaces qui pèsent encore sur le Mali».
Sur le plan judiciaire, cette initiative soutiendra, selon Paul Folmsbee, le Ministère de la Justice, dans la mise en œuvre du programme d’urgence pour le renforcement du système judiciaire adopté en 2016. «Elle mise sur le renforcement des institutions qui pilotent le secteur de la sécurité dont la justice. Il s’agit, donc, de forger des systèmes sécuritaires performants, capables d’assurer la sécurité des citoyens». A l’adresse des Magistrats, il dira que la démocratie malienne a besoin d’une Justice «efficace, impartiale et sereine».
Le Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Me Ismaël Konaté, a remercié les partenaires qui ont contribué à la réalisation de ce document et l’engagement des Etats-Unis, sans cesse renouvelé, par la présence de Son Excellence Paul Folmsbee dont le soutien en faveur de la reforme de la Justice est constant. Ce Rapport, selon le Ministre, en établissant un état des lieux clair et objectif des conditions matérielles, organisationnelles, des procédures mises en œuvre et de l’environnement dans lequel travaillent les gens de Justice «nous donne matière à réflexion sur non seulement l’existant, mais aussi sur le possible et surtout le souhaitable pour les juridictions du pays».
«C’est la mise en perspective des difficultés et les recommandations en vue de prendre des actions cohérentes, efficaces et efficientes qui donneront à ce travail son sens et son originalité» conclura Me Ismaël Konaté.
Mohamed Dagnoko : LE COMBAT