Certains leaders des groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali en 2015, à Alger, sont cités dans un accablant Rapport de l’ONU. Ils y sont accusés d’avoir contribué activement à des attaques et d’être impliqués dans des affaires de trafic de migrants et de drogue. Le Rapport a été publié par le journal français LE MONDE. Les données ont été rassemblées par le groupe d’Experts indépendants de l’ONU.
Dans le document qui date du mercredi 8 août dernier, les Experts indépendants de l’Organisation des Nations Unies (ONU) révèlent la participation d’Alkassoum Ag Abdoulaye, le Chef d’état-major de la Coalition du Peuple pour l’Azawad (CPA), dans la double attaque terroriste qui a visé le camp militaire de Soumpi, dans la Région de Tombouctou, les 24 octobre 2017 et 27 janvier 2018. Près de 19 militaires ont été tués lors de ces deux attaques revendiquées par le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM). Et, toujours selon les Experts, le rôle d’Alkassoum Ag Abdoulaye ne s’arrête pas là : il aurait aussi «contribué à coordonner les mouvements de Katiba dans la Région de Mopti».
Dans le même Rapport, d’autres membres des groupes armés signataires de l’Accord d’Alger sont également mis en cause dont le Maire de Talataye, dans la Région de Gao. Sur le site qui a rapporté l’information, on peut lire que, selon le Rapport: «Salah Ag Ahmed a été présenté au panel par plusieurs sources indépendantes comme membre proéminent du HCUA, proche d’Iyad Ag Ghali et comme Agent de liaison entre les groupes djihadistes Ansar Eddine et l’EIGS».
Concernant la migration, Le Rapport révèle que Mahamadou Ag Rhissa, membre du HCUA, « contrôle le passage des migrants à Talhandak» et il aurait « détenu des femmes et facilité leur exploitation sexuelle, les libérant seulement après le paiement d’une somme allant de 150.000 à 175.000 francs CFA».
Un Homme associé au Groupe d’autodéfense touareg Imgad et Alliés (GATIA) est aussi pointé du doigt accusateur de l’ONU. Baye Coulibaly est cité comme étant l’un des principaux passeurs de migrants dans la Région de Gao. Il serait celui qui «dirige un business de transport opérant entre Gao et Tamanrasset, en Algérie, et fournit de faux documents de transport maliens pour faciliter la traversée vers l’Algérie aux migrants non maliens. Il est aussi soupçonné de détenir des migrants rejetés d’Algérie, qui sont ensuite recrutés par le GATIA dans le but d’être intégrés au processus DDR de Gao», souligne le Rapport.
Des membres du GATIA sont aussi dénoncés comme étant impliqués dans la sécurisation de convois de plusieurs tonnes de cannabis dans le Nord du Mali.
Le Rapport devrait être transmis au Conseil de Sécurité des Nations-Unies dans le but de faire prendre des sanctions contre ces acteurs. Et c’est la première fois que l’ONU, à travers son groupe d’Experts indépendants sur le Mali, dénonce, avec des noms à l’appui, l’implication des membres des groupes armés signataires de l’Accord d’Alger.
Adama A. Haïdara