Ce droit de réponse est rédigé à la suite d’une émission sur la chaîne de radio française Europe 1 le samedi 26 janvier à 8 heures 15 minutes. Il s’agit d’un éditorial du journaliste Vincent Hervouet, éditorial intitulé « Le Mali et l’impuissance politique de la France ». L’auteur commence par y relater la dégradation sécuritaire que connaît notre pays ces dernières années : l’attaque de Banamba, le camion des forains qui sautent sur une mine, « l’état islamique (qui) gagne du terrain »…
A la suite du ce rappel et à la question d’un collègue présent sur le plateau : « A qui la faute ? » il y répond : « Les Français grincent des dents en désignant Ibrahim Boubacar Keïta, IBK, le président malien. »
A ce dernier est reproché une série d’insuffisances : refus d’appliquer l’Accord issu du processus d’Alger avec l’espoir de se faire réélire en 2018, détournement de l’aide destinée à « financer la reconstruction du Nord », sa (prétendue) roublardise, sa corruption. Les mots sont des moins choisis : «Avec son regard de myope, sa fausse humilité et son air bonasse, Ibk est un politicien roué On l’écoute faire des phrases, un vrai démagogue. (…) »
Le collègue intervient pour lui faire comprendre qu’ »Emmanuel Macron aurait tenté de le dissuader de se représenter. » La remarque inspire à l’éditorialiste la réponse suivante : « IBK ne s’appelle pas François Hollande. Il répond qu’il fera la volonté d’Allah. Il est parfait, IBK. Il nous tient en otage. Nous sommes piégés au Sahel. Comme les Américains en Afghanistan. Impossible d’abandonner le terrain, de lâcher un allié qu’on tient à bout de bras et qui nous déteste. Un régime qui est élu et corrompu. On a gagné une guerre, mais on a perdu la paix pendant que l’autre perdait son temps. »
Voilà qui n’est pas sans susciter l’indignation d’un citoyen, Issa Traoré, qui nous a adressé ce droit de réponse. L’émission est disponible sur la toile en suivant le lien www.europe1.emissions/vincent–hervouet-vous-parle-international-le-mali-et-l’impuissance-politique-de-la-france-3556580. Nous vous livrons, ci-dessous, la réaction de M. Issa Traoré.
J’ai écouté, tout comme beaucoup de Maliens, les propos du journaliste français, M. Vincent HERVOUET d’ EUROPE 1, dans son éditorial d’hier, qui s’en est pris violemment au Président de la République, Son Excellence Monsieur IBRAHIM BOUBACAR KEÏTA et, par ricochet, à l’ensemble du peuple malien.
Certains esprits faibles et d’autres pour des raisons politiciennes peuvent et vont se réjouir de cette vendetta. Mais qu’ils sachent que c’est le Mali dans son ensemble qui est attaqué dans sa chair à travers ses propos insultants.
Il affirme que « le Président de la République IBK piétine l’accord de paix depuis trois ans, car selon lui, IBK compte sur les électeurs du Sud pour se faire réélire en juillet prochain, lesquels électeurs n’ont que du mépris et la haine envers ceux du Nord (les Touaregs) ». Quelle insolence?
M. le journaliste, ce propos est un amalgame honteux et prouve à suffisance votre méconnaissance de la situation du Mali dans son ensemble. Car il n’y a pas que des Touaregs au Nord et les Bambaras au Sud et les Touaregs ne sont pas majoritaires non plus au Nord. La grande majorité des Maliens du Nord n’aspire qu’à la paix et au vivre ensemble qui sont notre ADN.
Vous essayez de nous discréditer, comme l’ont tenté de faire, vos dirigeants d’alors (SARKOZY-JUPPÉ), qui sont à la base de la situation qui prévaut au Mali pour avoir déstabilisé la Libye et conclu un deal avec les combattants de la Légion libyenne (originaires du Mali), afin qu’ils ils refusent de combattre pour KADDAFI, en contre partie, ils les aideraient à s’installer au Nord du Mali. Un plan machiavélique dont le seul dessein était la partition de notre Pays.
Comme par hasard, vos accusations ridicules coïncident avec la visite incompréhensible de la CMA à l’ONU (avec la bénédiction de l’ambassadeur de France à l’ONU), et la déclaration de ladite institution (vous évoquiez dans votre émission), qui menace le Président IBK de sanctions si l’accord de paix n’est pas appliqué d’ici deux mois.
Dites nous, M. VINCENT, pourquoi lors de l’opération « Serval », votre Pays a empêché l’armée malienne de pénétrer à KIDAL, après la libération de GAO ET TOMBOUCTOU? Pourquoi en 2014, l’armée malienne qui avait repris KIDAL (suite à la visite de l’ancien premier ministre MARA) a-t-elle été d’en sortir? Qu’en est-il du général GAMOU(Gatia) qui est rentré deux fois à KIDAL mais en a été chassé par la France? Pourquoi les combattants des groupes armés signataires de l’accord de paix ne sont-ils pas cantonnés pour permettre à l’armée malienne de mieux pacifier le Nord?
Ce faisceau d’indices nous renforce dans notre conviction dès le début que notre Pays est victime d’un complot de la Communauté internationale avec à sa tête la France.
Vous évoquiez également un pouvoir élu mais corrompu, dites nous, M. le prétendu journaliste, depuis Valéry Giscard jusqu’à François HOLLANDE, quel pouvoir en France n’a-t-il pas été éclaboussé par des scandales de corruptions de tout genre? Tous!
Pour vous rafraîchir un peu la mémoire, pouvez-vous nous nous en dire un peu plus sur le BOKASSA-GATE (l’affaire des diamants, impliquant les anciens présidents centrafricain et français : BOKASSA ET VALÉRY GISCARD), que pensez-vous du KARACHI GATE (Pakistan), les rétro commissions empochés (plusieurs millions d’euros) par votre ancien premier ministre ÉDOUARD BALLADUR dans la vente des frégates au PAKISTAN.
Sans compter le financement illicite de la campagne électorale de Nicolas SARKOZY par le colonel KADDAFI (qui fut assassiné pour qu’il ne divulgue pas cette information) etc. Et je peux continuer à énumérer autant de scandales de corruptions en France ( ce qui ne justifie pas mon soutien à la corruption au Mali). C’est pour dire que tous les maux qui gangrènent notre Pays aujourd’hui ont pour origine la France.
Donc de grâce, le peuple malien n’a pas besoin de vos leçons de morale, il vous demande en revanche, de respecter son Président comme vous respectez le vôtre, et aussi de poser ces quelques questions citées ci-dessus à votre Président MACRON afin qu’il puisse apporter des réponses sincères. Vous devez balayer d’abord devant votre porte, avant de vous occuper de celle du voisin.
Pour terminer, il ne s’agit pas de défendre la personne d’IBK (le Mali dépasse sa personne) mais le Mali qui est votre cible à travers le Président de la République. C’est pourquoi, à travers ma modeste personne, je lance un appel pressant à l’ensemble du peuple malien, tout bord confondu, de ne pas céder face à cette sirène de la division, orchestrée par les médias français dont le seul but est de créer des tensions au Sud afin qu’ils puissent arriver à leurs fins au Nord (diviser le Mali).
Restons unis pour la défense de notre patrie, car le Mali est et restera notre patrimoine commun.
Traoré Issa
France