Après une divergence de point de vue entre les membres de la Majorité présidentielle sur la méthodologie à adopter pour soutenir le Président de la République, il nous a été donné de constater que certains barons ont quitté déjà le navire et d’autres ont suspendu leur participation au prochain gouvernement. Pour ne rien arranger, c’est une vidéo, à la limite pornographique, du fils du chef de l’Etat qui circule sur les réseaux sociaux. Ces signes n’annoncent-ils pas le déclin du régime ? IBK pourra-t-il sauver la face en minimisant les dégâts ?
Voyant un vent violent souffler en direction du régime, le Bateau de la Majorité se vide avant le quai final, tandis que celui du M5 RFP commence à faire le plein au point de refuser certains à son bord. Cette confusion et ce sauve qui peut au sein de la majorité, aujourd’hui hétéroclite, s’explique par le choc des intérêts de ses membres. D’un côté, il y a ceux qui veulent préserver leurs acquis et qui sont prêts à toutes les compromissions pour y parvenir, comme les leaders de la convergence des forces républicaines, CFR et de l’autre côté les blasés du régime qui cherchent à revenir et à se faire une place au soleil, mais qui doutent aujourd’hui de la capacité du chef de l’Etat à redresser la barre presque cassée. A ce niveau, Il y a tous les caciques du régime en l’occurrence, Bocari Tréta, Tiémoko Sangaré, Soumeylou Boubèye Maiga, Thiéman Hubert Coulibaly, Mamadou Diarassouba, Baber Gano, pour ne citer que ceux-ci.
Si le premier groupe est composé des gens qui ne peuvent se prévaloir d’aucune légitimité, le second par contre est constitué par ceux qui constituent le noyau qui pourrait sauver le régime du naufrage, mais n’ayant aucune garantie d’être réhabilité ils jouent à la politique de l’Autriche en faisant semblant de soutenir, alors qu’ils sont de cœur avec les manifestants. C’est malheureusement dans cet imbroglio indescriptible que le régime est embourbé.
A la cacophonie au sein de la Majorité vient s’ajouter une mal gouvernance gravissime, avec comme conséquences, la corruption, la délinquance financière, l’insécurité généralisée, le manque d’infrastructures routières, sanitaires, éducatives, la misère grandissante, le manque d’emplois pour les jeunes, touchant les fondements mêmes du Mali. C’est fort de ce constat qui ne souffre d’aucune contestation que le Mouvement du 5 juin Rassemblement des Forces Patriotiques, dans un sursaut patriotique, a demandé au Président de la République de démissionner et avec lui tout son régime. Faisant de la résistance et s’enfermant dans sa tour d’ivoire, IBK semble mépriser le Mouvement. S’il ne donne pas une suite favorable aux neuf points de revendication contenus dans un mémorandum élaboré par le M5 RFP, il court le risque de voir la contestation s’accentuée et si une seule goutte de sang tombe se serait la fin du régime.
Youssouf Sissoko