En à peine 72 heures, l’opération de « com » mise sur pied par le Ministère de la Sécurité a fait une moisson qu’elle n’avait jamais faite jusque là. Moins que la moisson c’est le temps mis pour le faire qui interpelle plus d’un.
«Je suis sûr que les forces de sécurité savent où se cachent tous ceux qui, à longueur de journée, sèment le deuil dans nos familles». Il est difficile de mettre en doute cette déclaration catégorique d’un citoyen de la Commune V qui, devant les kiosques à journaux, ne s’explique pas les « prouesses » des forces de défense en seulement deux jours.
Suite aux nombreuses attaques à Bamako et à l’assassinat de l’Imam Yattabaré, poignardé à mort pour des raisons encore non élucidées, les populations avec, en première ligne le Haut Conseil Islamique dont était membre le défunt, ont pris les taureaux par les cornes pour exiger des résultats au Ministère en charge de la Sécurité. Et, comme toujours, quand les Religieux se mettent debout, c’est toute la République qui tremble de tout son corps. Sans tarder, sur instruction, le Ministre a sorti la grosse artillerie pour « traquer » les bandits là où ils se trouvent. Dans la nuit du 28 janvier, dans une opération de communication savamment orchestrée, l’on a pu voir sur les réseaux sociaux, le Ministre Général au milieu de la troupe donnant des instructions avant le début de la patrouille.
Le timing dérangeant
Et comme si les Hommes du Ministre avaient été visités par la félicitée, ils réaliseront une «prouesse» jamais égalée jusque là. Descente dans des bars à Banconi, à Dravéla, interpellations au bord du fleuve Niger en face du CICB, des tenues militaires, des doses chanvre indien ont été saisies et à la disposition du 2eArrondissement, peut-on lire dans le compte-rendu de la police nationale. Le même communiqué informe sur la saisie de 22 armes à feu de fabrication artisanale, plus de 300 munitions au Quartier Mali, en Commune V. Dans la même Commune, il a été saisi, à Bacodjicoroni, 20 canons, 6 fusils de chasse, 11 pistolets, 24 chargeurs et plusieurs matériels de fabrication d’armes artisanales. Une descente de la Garde nationale à Missira, dans la rue des Angevins, a aussi permis la saisie de deux pistolets automatiques, des munitions, des stupéfiants, des motos et une trentaine d’interpellations.
Ainsi, en moins de 72 heures, plus de 50 armes à feu ont été saisies à Bamako et environ et des centaines de personnes interpellées. C’est à se demander ce que la police et les services de sécurité faisaient avant qu’intervienne la série de crimes à Bamako ? Une chose est sûre, la rapidité avec laquelle les opérations ont été menées et les résultats qui s’en sont suivis témoignent que les forces de sécurité avaient des pistes bien avant les drames. À supposer qu’elles ne les savaient pas, qu’est-ce qui pouvait bien les empêcher de mettre en œuvre les moyens utilisés pour réaliser ces résultats afin de sécuriser les populations ? N’est-ce pas cela leur raison d’être ?
Oui c’est vrai, le Mali est devenu ce pays où chacun est prié de faire ce pour quoi il est nommé ou élu.
Mohamed Sangoulé DAGNOKO : LE COMBAT