La société marocaine Ozone est en train d’abattre un travail de titan dans la capitale malienne. Un tour au niveau des décharges de Lafiabougou et de Médina-Coura permet de s’en rendre compte. Mais, force est d’admettre que ces efforts déployés sur le terrain par nos amis marocains restent insuffisants.
Jouxtant le cimetière de Lafiabougou, la décharge du même quartier fait beaucoup jaser. Bien qu’entourée par un mûr, la montagne d’immondices est perceptibles à plusieurs centaines de mètres à la ronde. Il se situe aussi à un jet de pierre des concessions et des boutiques. En plus de l’odeur nauséabonde, c’est aussi la fumée qui s’en dégage qui pose le plus de problèmes aux riverains. « Il y a des jours où on s’enferme à double tours à l’intérieur des maisons avoisinantes pour échapper à la fumée des déchets qui envahit notre secteur», affirme AK, un Habitant du secteur abritant la décharge. Le plus inquiétant, c’est que cette fumée empêche aujourd’hui mêmes les agents d’Ozone de procéder à l’évacuation des déchets. « A cause du feu qui couve sous les ordures, il est pratiquement impossible pour nous d’évacuer les ordures. Le risque pour les agents et les matériels de travail est trop grand », nous confie Koné, un agent d’Ozone-Mali. A ses dires, l’option choisie est d’attendre jusqu’à la fin de la saison des pluies pour être sûr que le feu est complètement éteint pour procéder à l’enlèvement de cette montagne d’ordures.
En attendant, le travail se déroule hors des murs. Ici, c’est un défilé incessant des charretiers, pour déverser les ordures collectées dans les ménages. A chaque arrivée de charrette c’est une course poursuite qui s’engage entre les femmes, jeunes et souvent les enfants qui recueillent dans ces ordures de quoi revendre. La quantité d’ordures déversée par jour est telle que si rien n’est fait, elle envahirait le goudron en quelques jours. C’est justement là que le travail d’Ozone est à saluer. Les camions de la société marocaine, à longueur de journée, évacuent les déchets déposés là par les charretiers. Au fur et à mesure que les ordures sont déposées, elles sont enlevées pour éviter que le goudron soit envahi et la circulation empêchée. Ce travail de titan est aussi abattu à la décharge de Médina-Coura. Il y a peu, l’on pouvait constater de loin une montagne d’ordures. Elle a désormais disparu. Ici, la présence des agents d’Ozone en grand nombre témoigne du volume du travail. Située dans une zone sensible, il fallait vite faire disparaître ce tas d’immondices.
Salaire de misère pour les agents
Les équipes d’Ozone travaillent 24 heures sur 24 pour évacuer les ordures. « Nous avons trois équipes qui se relaient pour pouvoir suivre le rythme de dépôt des ordures. Les ordures quittent plusieurs communes pour atterrir ici. Donc, si nous ne sommes pas réactifs, nous serons dépassés », nous dit un autre agent d’Ozone-Mali.
L’ensemble des ordures enlevées sont déversées à Badalabougou sur la colline de l’université. Le hic, c’est que ce dépotoir est entouré d’écoles, de facultés et de concessions. Le problème, au lieu d’être résolu définitivement, se trouve alors déplacé de Lafiabougou et Médina-Coura vers Badalabougou ; car, l’odeur et les fumées que dégagent ces ordures causent des désagréments ici aussi. Et, pourtant, l’Etat malien a investit beaucoup d’argent pour construire la décharge de Noumoubougou.
Pour cet agent d’Ozone, la route de Noumoubougou, très sablonneuse, enfonce les véhicules conduits par des jeunes pour la plus part inexpérimentés. Ce qui justifierait, selon lui, qu’ils se rabattent sur Badalabougou en attendant qu’une solution appropriée soit trouvée pour la route de Noumoubougou.
Ces agents qui travaillent d’arrache- pied pour rendre Bamako propre et l’air respirable, se plaignent de leurs conditions de travail. «On ne nous paye qu’à 45.250 francs CFA par mois. Nous sommes exposés et il nous arrive de tomber très souvent malade. Peu importe, si vous présentez un certificat médical on déduira de votre salaire les jours d’absence», se plaint cet autre agent ayant requis l’anonymat.
Donc, en ne motivant pas suffisamment les agents, il y a fort à parier que les travaux n’atteindront pas les résultats escomptés.
Mohamed Dagnoko : LE COMBAT